Avortement : la réalité mise à nue

Le contexte actuel de révision des législations sur l’IVG, en Espagne et en France, a remis la question de l’avortement au cœur des débats publics.

Les médias aimeraient faire de ce débat un débat partisan, limité à des options philosophiques ou politiques divergentes. Nombreux sont ceux qui, parmi les politiques de droite comme de gauche, considèrent que ce débat est clos, éludant par là même toute réflexion sur les enjeux et conséquences de cette pratique.

Réflexion de santé publique que tout homme honnête se devrait pourtant d’affronter, avec le recul des quarante années de pratique et d’évolutions menées en faveur de sa libéralisation.

Le discours institutionnel a considérablement changé dans sa forme et son contenu, mettant à nu les intentions réelles des anciens partisans de la loi Veil.

Car d’une loi d’exception, on est passé à une loi de généralisation. Alors que la loi Veil prévoyait d’affecter 90 % du budget à la prévention de l’IVG et 10% à sa mise en œuvre, c’est en réalité 90% du budget qui a été affecté à l’IVG et 10% à sa prévention.Ce qui fait de la loi Veil la plus grande escroquerie jamais constatée dans l’histoire des lois.

Car où sont aujourd’hui les structures d’aide promises par Madame Veil pour prévenir l’IVG ? Où sont les structures d’hébergement, les équipes dédiées à l’accompagnement des femmes désirant, malgré les difficultés, mener leur grossesse à terme ? Elles n’ont jamais été mises en place.

Cela nous amène à un constat, qui conduit à un désaveu cinglant : la loi Veil n’a jamais été appliquée.

Cela suffirait d’emblée à discréditer la parole publique, et même à confondre ceux qui se disent les héritiers naturels de cette loi.

“Où sont aujourd’hui les structures d’aide promises par Madame Veil pour prévenir l’IVG ? Où sont les structures d’hébergement, les équipes dédiées à l’accompagnement des femmes désirant, malgré les difficultés, mener leur grossesse à terme ? Elles n’ont jamais été mises en place.”

Aujourd’hui, la loi, sous la pression des lobbies comme le Planning familial, qui déploie un militantisme à visage découvert, essaie de changer la nature même de la pratique de l’IVG.

Un nouveau langage a été créé pour rendre la réalité indolore, ce même langage que relaie aujourd’hui le gouvernement. Ainsi l’IVG est exclusivement présentée sous un jour positif, comme un droit, une liberté, un choix, et un service en faveur des femmes. Ainsi, les mots “embryons” ou “fœtus” sont évincés du langage. Ils en sont même absents. Les explications de procédure sont allusives, maquillées par un jargon économe en détails. Cela a l’air si facile ! Si dénué de risque !

Cependant le langage officiel s’arrête, obligatoirement, à la porte des centres d’orthogénie. C’est là que la femme découvre, le plus souvent sans y avoir été préparée, ce qui l’attend.

Et les blessures sont d’autant plus profondes qu’elles auront été systématiquement niées.

Cette technique de camouflage est d’une redoutable efficacité, en particulier parce qu’elle modifie, par un travail de sape continu, la perception commune sur la valeur de la vie humaine.

Ainsi on a pu entendre récemment dans un grand média une journaliste affirmer «  qu’il n’ y a pas de vie in utero », ce qui est la plus grosse aberration entendue depuis des dizaines d’années.

Mais cela donne une idée de l’état de désinformation et d’ignorance dans laquelle se trouvent certains de nos concitoyens.

Cette manipulation qui s’exerce aujourd’hui à tous les niveaux de la vie politique, finira bien, on l’espère, par revenir comme un boomerang sur les élites dites « éclairées » pour les forcer à voir cette réalité qu’ils refusent.

> Sabine Faivre est enseignante et psychologue. Elle est l’auteur de La vérité sur l’avortement aujourd’hui, Téqui (2006), 10,3 euros.

Du même auteur :
> De la réversibilité des lois : le nouveau sens de l’histoire

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52 Comments

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  • C.B. , 22 janvier 2014 @ 14 h 55 min

    “Les hommes d’arme batailleront, Dieu donnera la victoire”
    Je suis pour que l’état, qui se mêle de tout régenter, se hâte de se substituer aux organisations caritatives religieuses qui apportent aide et soutien aux femmes vivant une grossesse non désirée … comme cela était prévu par la loi Veil.
    Priorité à ces femmes pour
    -un hébergement d’urgence
    -une allocation au moins équivalente au RSA
    -une priorité d’embauche pour un emploi aidé.

  • sentinelle , 22 janvier 2014 @ 15 h 06 min

    @Foxbat,

    Entièrement d’accord avec vôtre analyse, mais DIEU, nous a prévenu de ce temps ou plus rien ne compte, à part cette misérable “liberté” individuelle…

    2 Timothée 4 v 3;4 dit ceci :
    (3)Car il viendra un temps où les hommes ne supporteront pas la saine doctrine; mais, ayant la démangeaison d’entendre des choses agréables,
    ils se donneront une foule de docteurs selon leurs propres désires,
    (4)détourneront l’oreille de la vérité, et se tourneront vers les fables.

  • C.B. , 22 janvier 2014 @ 15 h 08 min

    Je ne comprends pas comment on peut admettre l’avortement et ne pas admettre également le néonaticide, et l’infanticide, bref le droit à se débarrasser efficacement de tout gêneur.
    Pourquoi a-t-on supprimé la peine de mort en France, si c’est pour dépénaliser tant de meurtres d’innocents sans défense?

  • Gisèle , 22 janvier 2014 @ 15 h 35 min

    Et moi cela me dérange d’être complice de ces meurtres par cotisation à la sécu interposée !

  • Gisèle , 22 janvier 2014 @ 15 h 37 min

    je répondais à @cap2006 mais d’autres se sont incrustés ente nous .

  • monhugo , 22 janvier 2014 @ 17 h 01 min

    Messieurs (et aussi quelques dames – plus curieux..), petite mise au point.
    Que pense l’opinion publique du sujet ? Outre le fait patent que ce nouveau “débat” sociétal est un énième écran de fumée, une énième tentative de distraire des réalités économiques, politiques et sociales qui fâchent….
    Elle pense, l’opinion publique (sondages), que le principe-même de la dépénalisation de l’avortement ne sera JAMAIS remis en cause en France. Elle le pense, le souhaite et s’exprime en ce sens.
    Mais si on ne peut même pas envisager un retour à poursuites pour les médecins “avorteurs”, et moins encore pour les femmes ayant recours à l’avortement (si on reprend, à reculons, l’évolution jurisprudentielle en la matière, avant 1975), les “toilettages” successifs méritent eux réflexion.
    Celui en cours (supprimer la notion de “détresse”, alourdir l’arsenal répressif pour les opposants “prosélytes”) banalisant à l’extrême un geste qui n’a RIEN d’anodin en fait une forme de contraception. Ce qui ne peut être toléré. Simone Veil, à qui l’ON (la Belkacem) fait dire beaucoup de choses, a toujours affirmé lors des débats (très houleux) de l’époque au Parlement que l’IVG (encadrée) était “l’ultime recours”.
    Article 1er de la loi “Veil” – texte originel de 1975 :
    ” La loi garantit le respect de tout être humain dès le commencement de la vie. Il ne saurait être porté atteinte à ce principe qu’en cas de nécessité et selon les conditions définies par la présente loi.”
    Clair, non ?
    On imagine que l’amendement supprimant la condition de détresse, quand adopté définitivement avec le reste du texte (sur l’égalité hommes/femmes – fourre-tout, où l’idéologie et la bêtise crasse prétendent souvent faire la loi), fera l’objet d’une saisine du Conseil constitutionnel par l’opposition – à suivre.

  • bilboquet , 22 janvier 2014 @ 18 h 19 min

    “Que personne ne vienne dire que ce n’est pas du tout la même chose, parce que tout le monde sait bien que c’est exactement la même chose”. Eh bien moi je viens vous dire que ce n’est absolument pas la même chose pauvre psycho-rigide que vous êtes !!! Fourniret, Guy Georges, Pierre Bodein, tous des psychopathes dégénérés qui ont été condamnés à perpet’ pour MEURTRES !!!! Mais une femme qui va avorter le fait dans le même état d’esprit qu’une femme qui va accoucher … c’est trop difficile pour vous à COMPRENDRE ???? Misérable catho intégriste.

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