Mali : Qui sont les complices des djihadistes ?

Tribune libre de Robert Ménard*

Maintenant, les choses sont claires. Au prix de la vie d’au moins 25 otages, c’est vrai. Mais dorénavant, on le sait : l’Algérie a choisi le camp de la France et de la manière forte, face aux djihadistes. Même si elle ne le clamera pas sur les toits : toujours difficile pour Alger de se retrouver aux côtés de l’ancienne puissance coloniale…

Cela n’allait pas de soi. Les militaires au pouvoir dans ce pays ont toujours entretenu des rapports pour le moins ambigus avec la mouvance islamiste. Durant la seconde guerre d’Algérie, dans les années 90. À la fin de celle-ci, quand d’anciens terroristes ont été libérés au nom de la concorde nationale. Qui, pour certains, ont rejoint immédiatement les maquis et leurs frères d’armes…

Durant ces derniers mois, il en fut de même avec les islamistes installés au Mali. À Alger, on a pesé le pour et le contre : au fond, si les terroristes avaient eu le bon goût de ne pas franchir la frontière, on aurait bien pu se satisfaire d’une sorte de statu quo

La page est tournée. L’Algérie a déclaré la guerre aux islamistes les plus radicaux. Elle a autorisé les avions français à survoler son territoire. Elle a utilisé la manière forte – et même très forte – face aux preneurs d’otages. Washington, Londres et Tokyo le lui reprochent. Ils n’auraient pas été informés. Il aurait fallu tout faire pour protéger la vie de leurs ressortissants. Le Premier ministre japonais est allé jusqu’à qualifier l’intervention des militaires algériens « d’extrêmement ignoble ». Et de conclure : « Nous ne pourrons jamais pardonner. »

Avait-on le choix ? Fallait-il laisser partir les barbus et leurs otages ? Leur garder les frontières grandes ouvertes ? Il y a là une sorte de syndrome de Stockholm à l’échelle des États ! On finira par s’en prendre avec plus de virulence à ceux qui combattent les assassins qu’aux assassins eux-mêmes…

Si l’on veut vraiment montrer du doigt les complices des terroristes, on pourrait suggérer à ces pays – et à la France également – de s’interroger sur le rôle de leurs alliés, l’Arabie Saoudite et le Qatar notamment. En voilà deux qui jouent double jeu. Qui ont offert gîte et couvert, asile et argent à bon nombre d’islamistes parmi les plus fous furieux. Qui ont fermé les yeux sur leurs agissements, sur leurs préparatifs. Mais c’est vrai, ils nous fournissent gaz et pétrole, investissent dans nos usines, achètent nos armes, reprennent nos hôtels et jusqu’à nos clubs de foot. Difficile de mordre la main qui vous nourrit…

*Robert Ménard est journaliste et fondateur de l’association Reporters sans frontières. Il est à la tête du portail Boulevard Voltaire.

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36 Comments

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  • DN , 21 janvier 2013 @ 14 h 36 min

    Ce qui m’étonne personnellement, c’est la schizophrénie des algériens d’Alger, jamais à court de qualificatifs dégradants vis à vis de l’armée française des années 60 contre le FLN, et des algériens de Paris contre la police française des années 2000.

    Curieusement, aujourd’hui, tout le monde (français de gauche compris), applaudit des deux mains le modus operandi brutal des forces spéciales algériennes dans le Sahara.
    1 semaine et 50 hommes pour essayer de ne pas blesser un fou sanguinaire à Toulouse, et des litres d’encre pour juger du pour et du contre; 48h pour éliminer 50 islamistes et 30 otages “à la russe” dans un bain de sang et la communauté franco-algérienne fait une “standing ovation”….

    “Vérité en deçà de la méditerranée, erreur au-delà”, pour paraphraser Pascal…

  • Lach-Comte , 21 janvier 2013 @ 14 h 55 min

    Sincèrement désolé de vous contredire et de vous décevoir par là même, mais avec des alliés comme les Algériens, la France a tout à craindre … Pire que les Qataris et Saoudiens réunis …

  • JSG , 21 janvier 2013 @ 16 h 27 min

    Oui, n’oublions pas que l’Algérie est devenue au fil des siècles une civilisation emprunte de l’Islam, et dont les derniers ‘occupants’ après bien d’autres, furent les français et leur culture chrétienne. Les plaies sont encore fraiches, les rancunes sur le bord des lèvres et cet accord ne sera à mon avis que passager.

  • Goupille , 21 janvier 2013 @ 16 h 54 min

    “Le Premier ministre japonais est allé jusqu’à qualifier l’intervention des militaires algériens « d’extrêmement ignoble ». Et de conclure : « Nous ne pourrons jamais pardonner. »”

    Comment l’intelligence vient aux filles… Par la découverte du FLN dans l’action.
    Dommage qu’il n’y ait pas eu quelques otages yankees dans le tas, les USA auraient peut-être cessé de fustiger la “France coloniale” et d’attiser un conflit vieux de 50 ans, qui ne cicatrisera jamais.

  • Lach-Comte , 21 janvier 2013 @ 17 h 40 min

    comment l intelligence vient aux filles…? c’te bonne blague : dès quelle est entrée, elle s en va en courant, espérant échapper au pire … pardon Goupille, je ne le referai pas, promis.

  • Jean de Sancroize , 21 janvier 2013 @ 19 h 23 min

    Qui sont les complices des djihadistes ? C’est pas moi M’sieur, la vérité.

    Ceci dit : Vive l ‘ex empire colonial français. Vive la France de l’Ancien-Régime.Vive l’Algérie Française. Il n’y a aucune repentance à faire. Mort à ceux qui falsifient l’Histoire de France.

  • Aziliz , 21 janvier 2013 @ 21 h 17 min

    Parmi les complices des djidahistes, n’oubliez-vous pas les USA, l’Europe, la France qui ont armé, entraîné, formé nombres d’islamistes fous ? Vous parlez de l’Arabie Seoudite et du Qatar qui jouent double jeu. Certes, et ce n’est pas une excuse, mais toute personne un tant soit peu lucide sur l’Islam sait que la taqqiya (le mensonge, la fourberie envers les infidèles) est d’usage chez les musulmans.
    Nos élites européennes et nord américaines vont bientôt déchanter car les peuples sont moins stupides qu’ils le pensent.
    Pour conclure, je ne peux qu’approuver Jean de Sancroize sur son dernier paragraphe dont je partage le sentiment en totalité.

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