[dropcap]S[/dropcap]orti en 2011 en Suède, ce film de Ruben Östlund, diffusé depuis peu sur Arte, critique avec crudité la violence qui émane de la société multiculturelle. L’histoire est simple : le racket de deux jeunes suédois et de leur ami asiatique par une bande de jeunesTM. Sans scène violente, la caméra, fixe et froide, suit et dévoile peu à peu le stratagème des racketteurs, qui, petit à petit, prennent en otage les enfants, incapables de résister.
La bande encadre en permanence les jeunes suédoisComme l’indique le titre du film, les racailles jouent avec leurs victimes, les humiliant continuellement au cours des près de deux heures de film. Les agresseurs, chassant en bande, ont une technique bien rodée : sur Fdesouche, qui a cette semaine fait une forte publicité pour ce film, un commentateur compare assez justement leur mode d’action à celui de prédateurs. Ceux-ci s’attaquent en effet aux plus faibles du groupe puis les isolent, par la menace et la peur, voire même en les amadouant et en simulant des désaccords entre eux.
Cependant, le film ne se résume pas à cela. Membres de la même équipe de football, on peut aussi voir lesdits jeunes s’en prendre à un blanc dans un bus de manière à l’humilier. L’avant-dernière scène du film montre de même les habituelles bobofs s’en prendre aux parents suédois, les accusant de racisme, sous prétexte que les agresseurs seraient “doublement fragiles” car “jeunes et immigrés.”
[dropcap]O[/dropcap]n comprendra dès lors l’accueil plutôt gêné qu’a reçu le film en Suède. Ainsi les critiques, tout en reconnaissant une indéniable qualité esthétique au film, ainsi qu’un schéma narratif bien construit, craignent que le film n’alimente les “préjugés sur l’immigration” : Arte commente en effet “le choix de mettre en scène ces faits de délinquance confronte-t-il les spectateurs à leurs préjugés sur l’immigration ou contribue-t-il au contraire à les renforcer ?”
Une interview du réalisateur est d’ailleurs éclairante sur la haute opinion que les journalistes en général ont d’eux-mêmes :
FdC: Play n’offre pas de clef facile, de réponse toute faite, c’est le genre de film qui peut être mal interprété. Avez-vous été confronté à des réactions inattendues suite à la projection ?
RO: La plupart des journalistes m’ont dit qu’ils avaient compris le film mais qu’ils avaient peur que ce ne soit pas le cas de tout le monde. Je n’y crois pas vraiment. Pour moi, un journaliste n’est pas forcément plus intelligent que tout le monde. Si une partie du public s’est effectivement sentie provoquée, pour moi c’est surtout parce qu’on déteste ce qui n’est pas équilibré. Personne n’aime être témoin de l’injustice, par exemple. Et tant qu’on montrera des images d’injustices entre noirs et blancs ces images seront fatalement provocantes.
Le film est disponible gratuitement sur ARTE jusque lundi prochain.
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