Laïcité, j’écris ton nom

Le titre suffit : pas la peine d’écrire un poème à l’instar du fameux “Liberté” de Paul Eluard pour exalter la laïcité, cette notion particulière et intangible de notre République. Il serait bon toutefois de remettre les pendules à l’heure devant autant de dégradations salissant ce mot magique qui a toujours fait le ciment de notre “vivre ensemble” et qui est envié par de nombreux républicains dans le monde, tentés par l’instauration d’une véritable coexistence des religions, des croyances et de l’athéisme.

Certains ont longtemps réfléchi, après les guerres de religion, aux moyens pour mettre en place un système satisfaisant qui garantisse à tous les citoyens la liberté de croire ou ne pas croire, de pratiquer la religion de son choix ou de n’en pratiquer aucune. En passant par l’édit de Nantes qui clarifia l’action du politique et du religieux tout en maintenant l’hégémonie de l’Église catholique, et le siècle des lumières qui introduisit la lutte contre les obscurantismes, c’est la Révolution française qui pose les premières bases de la laïcité et qui, dans sa déclaration des droits de l’homme et du citoyen, déclare : “Nul ne peut être inquiété pour ses opinions, même religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble l’ordre public…” Dorénavant, la notion de laïcité ne cessera de s’affirmer notamment à travers l’école devenue publique et obligatoire, pour échafauder enfin la fameuse loi de 1905 qui gravera dans nos consciences ce principe fondateur de notre République. Elle deviendra une loi constitutionnelle en 1945, reprise et affirmée par la constitution de notre actuelle cinquième république. On peut dire que notre république est laïque et que la laïcité est républicaine.

Malgré ce principe bien établi, nous assistons depuis quelques décennies à des remises en cause inadmissibles, principalement de la part de certains concitoyens musulmans qui, contrairement à nos catholiques ou d’autres croyants, n’ont visiblement toujours pas compris le sens et la profondeur de nos fondements républicains et historiques qui ont fait la France et les Français. Le pire n’est pas que des individus veuillent imposer leur religion, même si cela est suffisamment choquant, c’est plutôt l’apathie de nos élus républicains dans leurs convictions laïques qui est inconvenante, indécente et intolérable. Qu’une ministre, Najat Vallaud Belkacem, autorise le port du voile aux mères qui accompagnent la sortie des enfants scolarisés, cela est assez révélateur de cette faiblesse, d’autant que la situation générale sur le port du voile à l’école reste encore fragile dans certains établissements scolaires et le problème se pose également à l’université. Auquel s’ajoute de plus en plus le port de la djellaba et de la barbe pour les garçons. Non seulement la question des revendications religieuses ou communautaires n’est pas vraiment réglée dans l’enseignement, mais il s’amplifie par toutes sortes de biais : refus de visiter certains lieux cultuels ou culturels, de suivre certains cours, de chanter ou de souffler dans un instrument à vent… Des tensions existent aussi lors des cours sur l’histoire de l’évolution, le génocide arménien ou la Shoah. Plusieurs académies font aussi état d’un absentéisme non justifié le vendredi après-midi (jour de prières musulmanes) sans oublier le comportement provocateur et agressif du soi-disant “collectif contre l’islamophobie” qui soutient toutes ces dérives au nom des droits de l’homme et qui rajoute de l’huile sur le feu.

L’enseignement n’est pas seul visé par nos intégristes musulmans. C’est toute notre vie quotidienne qui subit leur prosélytisme. La majorité des habitants de nos cités, de nos villes et de nos villages, est obligée d’accepter la visibilité de toutes leurs dérives sectaires. Et surtout, ostensiblement et avec arrogance, ils nous imposent leur accoutrement d’un autre âge, d’une autre civilisation, pour bien nous signifier que, par exemple, le voile est le drapeau de l’Islam et que, ultime provocation, le burkini est le dernier chic des “Nabilla” islamisées…

La laïcité est un précepte qui a suffisamment fait ses preuves d’efficacité pour notre “vivre ensemble” pour que l’on y reste attaché. Nulle autre forme de convivialité ne nous a apporté autant de confort. Cette aptitude à la neutralité dans l’espace public fait trop partie de notre culture pour que nous puissions la laisser se dégrader aux mains d’élus plus préoccupés de clientélisme que d’appliquer nos principes républicains. Des élus qui, par lâcheté, trahissent toujours un peu plus les Français en bradant leur identité et leur culture au profit d’un multiculturalisme de bazar (souk) qui à terme, risque de provoquer de dangereuses tensions intercommunautaires et interethniques.

La liberté de conscience, l’émancipation des esprits et l’égalité des religions, sont à mettre au crédit de cette loi sur la laïcité, cet outil prodigieux qui a permis à notre pays de sortir de l’obscurantisme. La croyance est une affaire privée qui n’a rien à faire dans la sphère publique et la neutralité de l’État dans ce domaine doit être totale et absolue.

Cela n’empêchera jamais la confrontation des idées religieuses. Et la discussion sera toujours souhaitable, si elle ne nous est pas imposée ou transformée en monologue.

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34 Comments

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  • Tomasz , 20 novembre 2014 @ 13 h 26 min

    laïcité est l’enfer déjà sur terre!

  • Louis Ferdinand Freiherr von Wetzler , 20 novembre 2014 @ 14 h 15 min

    La loi française, et les conventions internationales non seulement ne disent pas que la religion est une affaire privée, mais disent le contraire. La fameuse loi de 1905 (en France) est l’objet d’un contresens absolu depuis l’affaire du foulard. On lui fait dire qu’elle désapprouverait les religions, et même qu’elle lutterait contre elles, au nom de la « raison ». Dans cet argument, la raison apparaît comme un synonyme caché de l’athéisme. Seul l’athéisme serait « raisonnable », et si on veut obéir à la raison, on devient forcément athée. Cette conception voudrait créer une hiérarchie entre l’athéisme et les autres croyances ; et elle aboutit, on le voit en France depuis une dizaine d’années, à plaider pour la transformation sournoise de l’athéisme en religion d’Etat. Cette conception de la nécessité que tout le monde croit en la même chose date des Lumières (XVIIIe siècle), où on devait défendre l’athéisme contre l’absolutisme du pouvoir royal qui obligeait tout le monde à être catholique. Ceux qui ne l’étaient pas étaient persécutés et demandaient donc la liberté de ne pas croire. C’est pour cette raison qu’ils s’appelaient « libres-penseurs ».

    Cette époque est, heureusement, révolue. Dès avant 1905, le catholicisme n’était plus la religion d’Etat, mais seules certaines religions étaient « reconnues » (catholique, protestante et mosaïque). La loi de 1905 a été passée précisément pour abolir ce qui, avec cette préférence, relevait encore du système d’Etat, une tendance lourde de l’histoire : durant la révolution française, Robespierre n’avait aboli la religion d’Etat de la monarchie que pour la remplacer par une autre, le culte de l’Etre Suprême.

    La loi de 1905 met tout le monde sur un pied d’égalité : aucune croyance n’est privilégiée – il n’ existe plus de « religions reconnues », ce qui impliquait que les autres, non reconnues, étaient illégales ou illégitimes (bien que perdure l’idée qu’il faut distinguer les religions légitimes, très curieusement celles que le Concordat de Napoléon 1er reconnaissait, et les religions illégitimes : l’islam et les sectes). Dans la pratique, par rapport aux croyances non religieuses, les religions sont favorisées – ou encadrées, comme on voudra : leurs rassemblements, messes et processions doivent avoir lieu en coordination avec les autorités civiles – d’où le Ministre des Cultes (le Ministre de l’intérieur) et le bureau de cultes, créés par la loi de 1905. Elles bénéficient aussi, en tant que religions, de certains avantages. Car par la loi de 1905 l’Etat français s’appropriait les bâtiments religieux, mais leur entretien, en tous les cas celui des quelques centaines de mille églises et chapelles chrétiennes, est à la charge de l’Etat et des communes ; l’Etat rémunère des aumôniers protestants, catholiques et juifs – et depuis 2005, musulmans aussi – pour les soldats et les prisonniers.

    Si les religions, en tous les cas celles qui avaient un capital immobilier avant la loi de 1905, reçoivent donc un cadeau de l’Etat laïque, en revanche, sur le plan de la liberté d’expression, toutes les opinions se valent ; aucune croyance n’est préférée par l’Etat et aucune ne doit être mentionnée sur les documents personnels des individus, qu’ils croient à l’astrologie, au loto ou à la réincarnation. Pour la loi, toutes les opinions ont droit de cité, avec les restrictions mentionnées plus haut, insultes, injures, diffamations.

    Au même temps, l’Église catholique est l’organisme universellement chargé d’apporter l’Évangile à l’humanité, le laïcisme que c’est la même chose que la franc-maçonnerie, c’est dernier c’est l’organisme s’efforçant de priver du Christ les âmes et les sociétés. Le danger est si grand que dans une lettre de 1892 au peuple italien, le pape Léon XIII avertissait les catholiques qu’ils devaient éviter la franc-maçonnerie, sous peine de « rester séparés de la communion chrétienne et de perdre leur âme maintenant et pour l’éternité ». Dix ans après, il déclarait : « La franc-maçonnerie est la personnification permanente de la Révolution, dont l’unique raison d’être est de faire la guerre à Dieu et à Son Église ».

    Il y a deux éléments sous-tendent le concept de Révolution, tel qu’il fut précisé dans le Magistère ecclésiastique et dans l’apologétique contre-révolutionnaire. Joseph de Maistre a bien saisi la nature de la Révolution française. Il l’a définie « Satanique dans son essence, satanique parce que rebelle à l’autorité, c’est-à-dire à Dieu » (Considérations sur la France). L’unique alternative possible, pour Maistre, est donc la Papauté : si « la Révolution est l’erreur », si elle « est satanique dans son essence », elle « ne peut donc être tuée que par la Papauté, qui est la vérité, puisqu’elle est le Christ en terre » (Du Pape). Il faut donc réunir à nouveau l’Eglise et l’Etat, le trône et l’autel, pour réédifier la cité catholique.

    La République, en poussant au pouvoir des hommes convaincus des thèses de 1789, est parvenue à tuer les nations chrétiennes, et en particulier la France. De ce fait, politiquement la France est morte et spirituellement à l’agonie, et il en faut dire autant de ses sœurs, les nations anciennement chrétiennes. Toutes ces nations renferment dans leur sein des partis puissants infectés par les idées de la Révolution, ennemis absolus de la religion. Il n’y aura plus de Français en France quand il n’y aura plus de catholiques, et il faut en dire autant des autres nations catholiques, il n’y aura plus d’Italiens en Italie, d’Espagnols en Espagne, quand il n’y aura plus de catholiques. Comme le souligne Mgr Delassus :

    « Les musulmans qui occupèrent l’Espagne ne furent pas Espagnols, à la différence des doctrinaires du dogme républicains, libres penseurs, hommes de la démocratie internationale qui, se revendiquant Français, sont bien pires, et assurément beaucoup plus dangereux que les disciples du prophète de la Mecque ».

  • pas dupe , 20 novembre 2014 @ 14 h 17 min

    “…c’est la Révolution française qui pose les premières bases de la laïcité et qui, dans sa déclaration des droits de l’homme et du citoyen, déclare : « Nul ne peut être inquiété pour ses opinions, même religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble l’ordre public… » Dorénavant, la notion de laïcité ne cessera de s’affirmer notamment à travers l’école devenue publique et obligatoire..”

    Cela ressemblerait à de l’affirmation maçonnique !

    Etes-vous récentiste, monsieur Picard ?

    Où avez-vous vu que l’école n’existait pas avant la révolution qui a supprimé tous les droits au peuple pour ensuite en distiller petit à petit, tout en donnant l’illusion qu’elle en était l’initiatrice, fort généreusement ?

    Déjà, l’école a toujours existé, autrement comment aurions-nous traces de certains écrits anciens ? Il y a bien fallu que déjà des personnes apprennent à écrire ! D’où le Récentisme actuel, négation de l’Histoire, qui consiste à nier le Moyen Âge, et considérer que 800 ans seraient fictifs !!!

    Charlemagne, le 23 mars 789 à Aix-la-Chapelle a promulgué le capitulaire “Admonitio Generalis”, un avis général, qui définissait en 82 chapitres les droits et les devoirs de tous ses sujets, qu’ils soient laïcs ou ecclésiastiques. Voilà, les premières pierres de l’enseignement obligatoire. Charlemagne s’appuyait sur les évêques pour créer des écoles sur tout son territoire, afin d’apprendre à lire, écrire, compter aux enfants. L’enseignement était gratuit.

    ” […] que les prêtres attirent vers eux non seulement les enfants de conditions servile, mais aussi les fils d’hommes libres. Nous voulons que soient fondées des écoles où les enfants puissent [apprendre à] lire.
    http://expositions.bnf.fr/carolingiens/antho/03.htm

    On sait également qu’au XVIIème, il y avait 200 titres de presse et qu’au XVIIIème il y en avait 900. (Tiré d’un livre d’Histoire) Alors. Pourquoi autant, si le peuple ne savait pas lire ? Et le peuple était en majorité, paysan, artisan, manœuvrier…

  • Goupille , 20 novembre 2014 @ 16 h 20 min

    Dans tous les domaines, il y a les ouvriers de la dernière heure… Bienvenue au club.
    Découvrir en 2014 le grignotage continu de l’islam dans nos institutions et nos mœurs dénote ce que nous appellerons une grande naïveté.

    S’obstiner à penser qu’ils respecteront un jour nos valeurs, laïcité comprise, refuser de voir qu’il s’agit d’une machine de guerre, de conquête et de soumission des territoires et des peuples, et penser qu’il s’agit d’une banale religion sont aveuglement.

    “Loi du 9 décembre 1905 concernant la séparation des Eglises et de l’Etat.
    Version consolidée au 19 mai 2011
    Le Sénat et la chambre des députés ont adopté,
    Le Président de la République promulgue la loi dont la teneur suit :

    Titre Ier : Principes.
    Article 1

    La République assure la liberté de conscience.”

    L’islam refuse la liberté de conscience : tout être, obligatoirement, né musulman doit le rester. Les “renégats” sont punis de mort, ou de mort sociale dans le meilleur des cas. Les femmes musulmanes ne peuvent pas épouser un non musulman.
    L’islam est donc totalement illégal dans ses principes.
    L’islam, secte et machine idéologique totalitaire, ne peut donc être considéré comme une des “Eglises”, qui assurent la libre adhésion de leurs fidèles, avec lesquelles la République doit traiter dans le cadre de sa loi sur la laïcité.
    C’est une secte qui doit être combattue avec la plus extrême sévérité, “au nom des droits de l’Homme”, selon salmigondis reconnu.

    Les années qui viennent vont être mouvementées.

  • Pascal , 20 novembre 2014 @ 17 h 34 min

    Eh oui, «les années qui viennent vont être mouvementées» et terribles d’autant plus que l’islam profondément inégalitaire sied à une Europe post-démocratique. Sus au christianisme qui a donné à l’idée de l’égalité cette force propulsive universelle et que la Révolution française a laïcisé en disposant que les Hommes naissent libres et égaux en droit !

  • Lorong , 21 novembre 2014 @ 6 h 23 min

    Vous ignorez donc que des athées se sont retrouvé sur des bûchers pour athéisme?

  • Lorong , 21 novembre 2014 @ 6 h 28 min

    L’Eglise a aussi toujours rejette la liberté de conscience, pour n’être adopté que sous Vatican 2 ….le concile honni.
    Il vous faudra un jour vous rentrer dans la tête que toutes les religions sont impérialistes, que les religions ne veulent pas d’hommes qui réfléchissent, elles veulent des croyants. Les religions ne veulent pas des hommes debout, elles veulent des hommes à genoux. Les religions ne veulent pas de démocratie, elle veulent des théocraties. Les religions ne veulent pas d’hommes libres, elles veulent des esclaves.

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