Harlem Désir ne savait pas s’y prendre. Il a été recasé, comme tous les médiocres de gauche, dans le magma européen. Avec son collègue Moscovici, ils bénéficient ainsi d’une rente confortable, loin de la démocratie et des partis.
Désormais au PS, c’est Jean Christophe Cambadélis qui pilote le navire. Et l’animal politique n’a pas été placé là par hasard, réactivant dès qu’il le peut les bons vieux clivages, l’antique dialectique du « parti de demain » contre celui de la réaction. Les manipulations associatives des années 80 – SOS Racisme, manifeste contre le Front national etc. – ne sont pas bien loin pour ce technicien du langage.
Alors quand Sarkozy se surprend à balbutier un timide « abrogeons la loi Taubira », le baron de Solferino accourt, telle une hyène affamée suivi par sa meute docile, persuadé d’avoir trouvé la proie égarée. Pourtant, même s’il s’empresse de mordre, l’ancien lieutenant de Dominique Strauss-Kahn est perdu, dans un nouveau monde qu’il ne comprend guère.
Il se trompe quand il déclare que « l’ensemble de la droite est sans boussole » sur France 2. Car au-delà des visées électoralistes des uns et des autres, la droite est bel et bien perdue, mais pas faute de boussole. En fait, elle n’en a jamais eu autant. Et l’une d’entre elles indique un nouveau cap, un Sens Commun qui va à l’opposé de celui que la gauche nous fixe depuis longtemps.
En réalité, les Français de Sens Commun, courtisés par Sarkozy, ne veulent plus de l’ordre immoral et des égalités fallacieuses. Le temps des mensonges est terminé.
Petite boussole, mais boussole dangereuse, qui oblige un ancien Président de la République, un ancien ministre et un parlementaire à s’exposer sur des sujets que la droite fuit depuis toujours. La France deviendrait-elle conservatrice ? La gauche perdrait-elle petit à petit son emprise sur les esprits ?
Qu’à cela ne tienne, face à la menace mal identifiée, Cambadélis préfère ressortir les crocs. « Comme pour la question de l’immigration », les propos de Nicolas Sarkozy sur le mariage gay sont une « capitulation républicaine » proclame-t-il à qui veut bien l’entendre.
Arme de moralisation massive. En deux lignes, vous êtes accusés et condamnés, comme dans le bon temps.
Par la « capitulation républicaine », Sarkozy est instantanément revêtu des habits d’un Daladier se compromettant à Munich. En évoquant l’immigration, le Premier Secrétaire épaissit encore le trait. Il réactive les complexes moraux de la droite. Les « casse-toi », le charter et le kärcher ne sont pas loin. Dès lors, qui s’opposera ? Qui prendra le risque de passer pour l’infréquentable ? Qui soutiendra un homme qui demande la fin de l’équivalence homosexuels-hétérosexuels ?
Seulement, ce que Jean-Christophe Cambadélis ne comprend pas, c’est que dimanche dernier, la salle de l’Equinoxe n’était pas en Bavière. Et l’assistance n’était pas fascisante. Et nous étions d’ailleurs bien loin des années 30. En réalité, les Français de Sens Commun, courtisés par Sarkozy, ne veulent plus de l’ordre immoral et des égalités fallacieuses. Le temps des mensonges est terminé. Comme l’éléphant socialiste l’avouait le 15 septembre dernier au quotidien espagnol El País, « Toutes les gauches européennes ont perdu le combat culturel ». Y compris le Parti Socialiste français.
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