Le Zemmour du mardi. Les partisans de François Fillon étaient ces jours-ci nerveux. Ils avaient raison de l’être. La dernière semaine de campagne a détruit leur sérénité et leurs plans sur la comète. Depuis des mois, les augures étaient pourtant sans équivoque : Fillon devait gagner, Fillon avait gagné. La victoire serait large, incontestée, confortable. L’ancien Premier ministre avait accumulé sur cette base optimiste les ralliements de notables de l’UMP, y compris chez les amis de Copé, les Baroin ou Pécresse. La victoire est toujours plus séduisante quand elle est certaine. Bien sûr, aujourd’hui, ils accuseront les fraudes, le bourrage des urnes, les pressions sur l’appareil. Ils n’auront pas forcément tort, sauf que l’essentiel est ailleurs. Ils pensaient jusque là que l’avance de Fillon serait telle qu’elle absorberait les trucages divers et variés. Ils se sont trompés, ils se sont leurrés, ils se sont aveuglés, ont laissé leur champion s’enfermer dans une ligne centriste qui l’a étouffé, ont laissé Fillon rejeter la droitisation présumée de son adversaire, n’ont pas vu que l’ancien Premier ministre se faisait alors le perroquet de la gauche et des médias. Tout ce que rejettent désormais les militants de l’UMP, comme de vulgaires militants du Front national. Le virage centriste, barriste, UDF de Fillon a redonné de l’air à Copé qui n’en espérait pas tant. Le secrétaire général de l’UMP tenait l’appareil, mais savait qu’il n’était guère aimé. Son profil d’ENArque ambitieux jusqu’à l’arrogance, ne s’est pas effacé le temps d’une campagne même s’il a manifesté partout et pour tous une affection trop ostentatoire pour être honnête. Il le savait tellement qu’il s’était fait un bouclier de la tendresse que continuent de porter les militants de droite à Sarkozy.
“La force de Copé fut d’avoir affirmé une ligne politique héritée de la dernière semaine de campagne présidentielle de Sarkozy : des drapeaux tricolores et des frontières… et des pains au chocolat.”
Les militants n’étaient pas dupes. Ils voyaient bien les arrière-pensées tactiques de Copé, ils comprenaient bien que, sur l’essentiel, rien ne le différenciait vraiment de Fillon, ni n’ignoraient point que Copé était une sorte de Sarkozy au chocolat, comme Sarkozy lui-même fut un Le Pen au chocolat, murmuraient que la situation dans certaines banlieues était bien pire que ce qu’il décrivait, savaient parfaitement que Copé rejetteraient tout accord avec le Front national, ce qui risque de lui causer des soucis quand il dirigera l’UMP lors des municipales de 2014. Mais la force de Copé fut d’avoir affirmé une ligne politique héritée de la dernière semaine de campagne présidentielle de Sarkozy : des drapeaux tricolores et des frontières… et des pains au chocolat. Cette ligne a permis à Copé de revenir de nulle part et de sonner la revanche contre Fillon qui s’y croyait déjà. La revanche contre les caciques de l’UMP, contre les chéris des médias, les Le Maire, NKM, Barroin ou Bachelot, la revanche contre les Guignols de Canal + qui grimaient Copé en CRS partant pour une ratonnade, la revanche contre la plupart des éditorialistes qui l’accusaient sans fin de dérive droitière, certains allant même jusqu’à lui reprocher de trahir ses origines juives. La revanche éclatante du pain au chocolat.
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