Un billet d’Isabel Orpy
« À voir marcher quelqu’un, on connaît ses pensées », disait l’illustre Pétrone.
Regards, posture du corps, mouvements des mains… tout permet d’accéder à la face caché d’un individu, de l’évaluer, de le comprendre ou d’anticiper certaines de ses réactions. En bref, de l’espionner à son insu.
Du fait qu’on ne les contrôle pas, peu ou mal, les gestes transmettent nombre d’informations… Parfois, ils tiennent même un tout autre discours que nous.
Langage non-verbal inconscient, la gestuelle se décrypte fort bien. Elle exprime ce que l’on ressent, dévoile la personnalité et peut même, cette perfide, trahir ce que l’on dissimule…
La face cachée du visage
De par son extraordinaire diversité d’expression et ses possibilités d’évolution, le visage occupe une fonction prépondérante. Il reflète notre intériorité. À travers les rides d’expression, le visage conserve l’empreinte des émotions. Joie, peur, colère… se manifestant par des froncements du front, du nez, plissements des yeux, des sourires, des moues…
Se gratter le front, le menton, la joue… est signe d’impatience, d’exaspération ou d’envie d’enfin passer à autre chose.
Parfois, se gratter n’est pas synonyme que d’érythème et peut aussi traduire un certain malaise. Il peut aussi s’agir d’un geste signifiant que la personne veut taire quelque chose ou ne peut l’exprimer.
Donc si une personne, un flic ou votre boss, vous interrogeant, se gratte la tête, c’est qu’elle aussi cherche la réponse. Cependant, si elle se frotte le menton, elle la détient déjà mais, n’en étant pas certaine, recherche votre aval. Enfin, si elle passe la main dans son cou, probablement, détient-elle la réponse mais craint votre réaction. Profitez-en !
Des regards loquaces
Le regard est ce qui est le plus expressif dans un visage. Lors d’un échange, il a aussi une fonction de reconnaissance de l’autre.
C’est aussi une excellente source d’informations quant au processus de pensée, révélant souvent un effort de mémoire. Lorsqu’on interroge quelqu’un en étant face à lui, cela permet trois clés d’accès. Un regard orienté vers le haut évoque des images déjà vues. Le regard de face, les yeux mi-clos : votre interlocuteur entend des sons connus, cherche une voix. Vers le bas, il éprouve des sensations, des émotions, fait appel à ses souvenirs. En bref, il ou elle est ailleurs…
Des mains bavardes
Le mouvement des mains informe quant à l’authenticité ou la spontanéité du discours. Un individu dont les mains demeurent figées maîtrise ses réponses.
Des mains s’éloignant du corps témoignent souvent de la véracité du discours. A contrario, des mains proches ou au contact du corps signifient que l’interlocuteur est gêné voire qu’il ment. Donc, quand vous mentez, écartez bien les bras.
Certains gestes traduisent le besoin de se rassurer, de se sentir bien, de se détendre : lisser une mèche de cheveux, se frotter les mains, toucher ses lèvres, ses oreilles ou son nez, etc.
Des postures explicites
Les postures entre deux personnes en disent aussi très long. En effet, elles reflètent le sentiment que vous avez de vous-même ou votre disponibilité vis-à-vis de l’autre. Le corps exprime la façon dont on se situe par rapport à l’autre et comment il doit se situer par rapport à vous.
Une personne contractée montre une attitude de soumission, plutôt vers l’arrière, il s’agit d’une attitude de fuite et de crainte. Quant au mouvement lorsqu’il se porte vers l’avant, les bras et les jambes non croisées, détendu, il traduit une attitude de partage et d’ouverture.
La position face-à-face révèle une communication directe où l’on se regarde dans les yeux, cherchant l’échange, voulant persuader.
Lors d’une conversation neutre, les personnes se placent souvent en angle.
Une posture assise de trois quarts reflète la confiance, l’ouverture. Elle permet d’instaurer une certaine décontraction, de mettre à l’aise son interlocuteur.
La position de trois-quarts est une position de compromis, empêchant toute confrontation agressive, ainsi que toute sollicitation trop directe des pensées de l’autre. Cependant, lorsque votre interlocuteur revient à un face-à-face, c’est pour recadrer la discussion.
Des pieds éloquents
Pieds et jambes forment la partie du corps humain la plus sincère. Observez l’adversaire… Lors d’un moment de pression intense, il arrive qu’il se dandine, tape du pied, saute d’un pied sur l’autre, etc.
Lors d’un entretien, le fait de croiser les jambes signifie protection ou résistance, en plus, ce serait mauvais pour la circulation.
Et nous laisserons la conclusion à Jacques Lacan : « Je parle avec mon corps et ceci sans le savoir. Je dis donc toujours plus que je n’en sais ».
Si vous ne voulez pas qu’on en sache davantage sur vous, surtout, ne bougez plus !
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