Cash : l’étau se resserre

Sapristi, parfois tout ne se passe pas comme les planistes le prévoient ! Parfois, flûte, les océans ne montent pas, ou pas assez, et les cataclysmes attendus ne sont pas au rendez-vous. Parfois, zut, l’instauration de quotas, destinés à lutter contre les pénuries, entraîne une disette. Parfois, caca boudin, l’augmentation d’une taxe provoque une baisse des rentrées fiscales. Et parfois, saperlipopette, en croyant lutter contre le méchant cash qui permet d’échapper aux taxes, l’État (italien, ici) se banane et perd 1,7 milliards d’euros de TVA.

Heureusement, en France, les planistes ne se trompent jamais.

Tout se déroule comme il faut, ce qui permet à l’État de continuer sa trajectoire, sans relâche. Ainsi, en juin 2013, je notais, légèrement inquiet, l’interdiction pure et simple d’un achat de métal précieux en utilisant de l’argent liquide.

Depuis, ce sont les seuils de paiement autorisés en liquide qui ont été revus, toujours à la baisse, d’abord à 300€ pour les loyers, puis, un peu plus tard, à 1000€ pour tout le reste parce que bon, tout de même, il ne faut pas déconner … Et puis en France, qui peut se permettre d’avoir plus de 1000€ en poche ? Ce n’est pas comme si le pays n’était pas lentement mais sûrement tombé dans le tiers-monde, hein, non mais franchement …

(Au passage, notons que la tendance est assez générale et s’étend en Europe, toujours pour les mêmes motifs : les pédonazis, les terroristes et les plombiers polonais utilisant à la fois internet et l’argent liquide, il sera de bon ton de surveiller l’un et empêcher l’autre pour faire enfin disparaître ces engeances insupportables.)

Il y a quelques jours, je ne pouvais m’empêcher de noter que la lutte contre le cash ne marquait décidément aucune pause et que le gouvernement, Sapin en premier, continuait sa traque contre ces enquiquinants billets qui permettent aux professions libérales, aux artisans et aux commerçants d’adoucir un peu la giboulée de ponctions étatiques. Cette fois-là, vantant les mérites de logiciels validés par Bercy, le factotum en charge de ce qui nous reste de Finances entendait obliger ces professionnels à déclarer enfin toutes leurs transactions. On verra ce que pourra donner l’installation de cette nouvelle usine à gaz informatico-fiscale, tout en conservant à l’esprit les contre-performances assez invraisemblables de l’État en la matière.

Bien évidemment, cela ne pouvait pas suffire. La mesure et la pondération étant la marque des gens réfléchis, il n’aurait pu en être question pour le brave Michel qui a donc remis ça, cette fois-ci en étendant autant que possible l’utilisation de la carte bancaire à tous les paiements, même les plus petits. Et comme il ne faut jamais louper une occasion d’emphase, d’exagération et de grandiloquence, le Sapin des Finances a pompeusement élevé cette nouvelle opération de flicage au rang de « stratégie nationale sur les moyens de paiement », stratégie qui devrait se traduire par des objectifs affichés qui font, avec le recul, froid dans le dos : a/ simplifier la vie des Français, b/ sécuriser les transactions et c/ soutenir l’innovation en France.

Je ne reviendrai pas sur a/ , cette simplification de la vie des Français. Depuis que cette équipe de gougnafiers incompétents s’est attelée à cette tâche, le parcours administratif est devenu un enfer, le nombre de Cerfa n’a pas arrêté de grimper des sommets et les affres bureaucratiques d’enfler. Jamais simplification n’aura entraîné autant de maux de tête, de suicides et de complexité.

Le b/, la sécurisation des transactions, n’est évidemment qu’une question de point de vue. Il s’agit ici, tout le monde l’aura compris, de sécuriser leur traçabilité bien avant d’assurer une quelconque bonne fin aux deux parties en commerce, dont l’État, tant qu’il touche son pécule, n’a que faire et qui peuvent bien aller au diable (ce qui tombe bien puisqu’il s’emploie d’ailleurs à les y amener avec la simplification précédemment évoquée).

Quant à c/ , soutenir l’innovation, le nombre de start-ups arrivées dans le CAC40 grâce à l’intervention de l’État sur les 20 dernières années permet d’écarter toute velléité d’y croire naïvement. La seule innovation dont a jamais pu faire preuve Bercy, Sapin et ses sbires, c’est en matière de fiscalité ce qui ne se traduit pas franchement par un avenir florissant pour les citoyens français.

Bref, Sapin, encore une fois, assemble quelques arguments boiteux pour faire avancer la lutte étatique contre la possession de cash, les espèces étant, par nature, l’une des principales épines dans le pied des gouvernants qui tiennent absolument à savoir ce que vous faites de votre argent liquide : d’une part, cela leur permet de s’assurer qu’aucune transaction passe sous le radar fiscal, et d’autre part, tracer toutes les transactions est une excellent façon d’espionner le peuple, et de se prémunir de ses velléités de liberté.

 

Ce constat dressé, cela n’empêche cependant pas de se demander pourquoi on observe une telle accélération de la lutte contre le cash.

La première réponse, évidente, est que les caisses de l’État sont vides. Autrement dit, il est urgent pour nos collectivistes de traquer toutes les transactions pour s’assurer que le robinet d’argent des autres ne se tarisse pas, ce qui représenterait une catastrophe pour eux.

La seconde réponse est qu’a contrario, les citoyens multiplient les initiatives pour se passer des bons soins de l’État : probablement épuisés des ponctions ininterrompues, ils favorisent de plus en plus le travail au noir et les transactions « invisibles » pour s’aménager des marges de manœuvres dans l’enfer fiscal qu’il nous met en place.

Autrement dit, les gesticulations de Sapin démontrent assez bien que le marché noir répond à la folie taxatoire qui s’est emparée du pays (et qui voit, par exemple, des augmentations de taxes foncières de … 15.000%).

Or, apparemment, ni les médias, ni les politiciens ne semblent se poser une question essentielle dans ce contexte-là : puisque la fraude augmente alors que la taxation augmente, n’est-il pas temps de tester la contraposée, et vérifier que lorsque la taxation diminue, la fraude diminue, et par là même, l’acceptation de l’impôt s’accroît ? Après tout, si un individu qui n’est pas taxé est libre, et si un individu à qui l’on prend tout est assurément esclave, un travailleur à qui l’on ponctionne plus de 50% de son salaire pour des prestations et des services tous les jours plus minables est-il encore réellement libre ? Ne se rapproche-t-il pas de l’esclave, ce qui diminue d’autant son consentement à la collecte autoritaire ?

Après tout, ce sont bien les partisans de l’impôt qui nous clament qu’il doit être juste et équitable. Or, sauf à considérer stupidement que le nombre de personnes foncièrement malhonnêtes augmente subitement, si la fraude augmente de façon si sensible, n’est-ce pas parce que l’impôt n’est précisément plus ni juste, ni équitable ?

Dès lors, Lorsque les politiciens luttent contre le cash, ils luttent en réalité directement pour un État qui saura tout de vous, et qui pourra, à n’importe quel moment, autoriser ou interdire que vous puissiez commercer, bref, un État totalitaire ayant droit de vie ou de mort sur vous.

Or, lutter contre les paradis, c’est s’assurer l’enfer pour tous. N’est-ce pas ?

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21 Comments

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  • bernique , 20 octobre 2015 @ 23 h 00 min

    Le “en particulier” est savoureux ! Si les oeuvres sociales (bien dégraissées de l’inutile et du scandaleux) sont acceptables, quid du reste, du non particulier, du “c’est pas cher, c’est l’État qui paie !”
    Un inspecteur des impôts le dit crûment : “si vous ne faites pas du black, vous mourez !”, sous-entendu : moi aussi puisque je n’aurais plus de clients !
    Quant à l’entrepreneur de mon village (10 employés), 4 contrôles fiscaux en 6 ans et le dernier pour un redressement de… 390€ ! Comme il me dit : “ça ne représente même pas le temps perdu de part et d’autre et le manque à gagner de lui fournir bureau, ordinateur, etc. qui serainet mieux occupés à travailler !”

  • Chris du Lac (Lacanau) , 21 octobre 2015 @ 4 h 44 min

    ce que vous (et les autres) ne comprenez pas mon cher Bernique, c’est que la France doit être encore plus généreuse, fraternelle et accueillante, en particulier avec les migrants d’Afrique noire, souvenez vous combien la France a volé dans ces pays du temps des colonies (et sans parler des massacres et tortures…!!) Oui, nous avons une dette éternelle vis a vis de ces pauvres gens qui fuient la guerre et la misère et ceux qui travaillent et vivent heureux et riches doivent payer pour cela…!!

  • peripathos , 21 octobre 2015 @ 8 h 15 min

    J’espère , pour vous , que c’est de “l’humour” Chris du

    votre blabla lacrymogène sur la dette éternelle que nous devrions à l’Afrique ( et aussi à l’Asie , l’Océanie , les Amériques …tant que l’on y est ) et sur ceux qui “fuient la guerre et la misère” .
    C’est du gros 2d degré ? Humm ?

  • ras le bol , 21 octobre 2015 @ 8 h 50 min

    Ne pas oublier qu’il y a une loi européenne votée il y a peut-être 10 ans qui impose le retrait des liquidités.
    Ils ont pour cela essayé le paiement Monéo. Les Français n’ont pas adhéré.
    Aujourd’hui vous avez le paiement avec la carte, (souvent imposé par les banques), mais sans utilisation du code. Idéal pour les fraudes. Donc effet : possibilité de voir son compte détourné à distance !!!

    Derrière il faut voir aussi la faillite de l’amérique et la volonté d’asservir l’Europe ! L’immigration forcée est un élément de leur stratégie. Faire payer, payer, payer les états. Ils sont ainsi accessibles pour les capitaux qui désirent acheter ces états…
    Rappelez-vous cette anglaise déclarer que l’Elysée devait être vendu !!! Et il y a peu vous avez peut-être vu Hollande tenant un panneau dans les mains (devant l’Elysée) sur lequel était écrit : “à vendre” !!!!
    Ils ont déjà demandé le transfert des comptes des français sur Bruxelles. Grâce au Sepa.
    Bien sûr vous aurez toujours un politique tel Le Guen venir devant le micro de Bourdin déclarer : “le peuple le veut” !
    Le peuple a voté “non” à l’Europe et on a vu ce qui fut fait de son vote !

    Combien depuis la mise en place de ce traité la France a payé ? Au détriment des Français, de son industrie, de son commerce, de sa défense, de son enseignement, de sa recherche…. !!!!

  • Boutté , 21 octobre 2015 @ 9 h 03 min

    Le curieux de l’affaire est que Bercy ne s’émeut nullement de la mode bobo de trocs en “monnaies locales” , commerce qui échappe à tout contrôle et taxe .
    Je n’éprouve de réticence à payer l’impôt que lorsque je perçois ce à quoi sert a ponction qui m’est faite . Le plus clair part en dépenses somptuaires l’Etat, en paiement de fonctionnaires à l’utilité douteuse, en versement d’aides imméritées et de subventions d’ organismes qui luttent contre mon pays, en frais de scolarité pour enseignants limitant l’instruction de mes petits-enfants à l’idéologie socialiste , d’aides préférencielles à des étrangers hors-la-loi etc pendant que le budget de Défense Nationale, régalien s’il en est, fond à vue d’oeil , ce qui nous promet un avenir aussi sombre que possible .

  • ras le bol , 21 octobre 2015 @ 9 h 28 min

    … Après réflexion… La formule s’adressait sans doute à celui qui tenait le panneau… !!!!

  • Boutté , 21 octobre 2015 @ 9 h 44 min

    En matière de déclaration d’impôts nos élus socialistes se sont suffisamment illustrés dans l’usage de faux depuis 3 ans pour susciter nos réactions de protestation . Même au sommet de l’Etat nous voyons un Président/perchoir intégré dans la préfectorale et mis illico à la retraite avec avantages d’ancienneté dans un corps où il n’a jamais servi, un autre nommé à Bruxelles en tant que détaché pour ne pas perdre les mirobolants avantages qu’il aurait mérités, un F.Hollande qui ne paie pas l’ISF alors que sa fortune personnelle en immeubles est extravagante etc . En matière d’argent publique nous sommes le peuple de loin le plus dépensier d’Europe ; nos fonctionnaires sont au moins deux fois plus nombreux que partout ailleurs , nos élus de tous niveaux aussi, tous fonctionnaires aussi ou presque qui retrouveront leur poste et retraite sans aucun retard de carrière ; tout Ministère sauf la Défense regorge de personnels et personne ne fait d’effort pour que cessent ces excès qui condamnent à la pauvreté nos enfants .
    J’ai appartenu à la fonction publique pendant 26,5 années
    et j’ai enseigné pendant deux ans .Je sais ce que je dis !

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