Entretien sans langue de bois avec Barbara Mazières, candidate Front national aux dernières cantonales :
Vous faites partie des personnes qui viennent de la Manif pour tous et qui se sont engagées en politique. Pourquoi avoir choisi le FN ?
D’abord, parce que c’est le parti qui a été le plus clair sur la loi Taubira. A ma connaissance, aucun autre parti en position de gagner les élections n’a déclaré, en bloc, qu’il était favorable à l’abrogation de cette loi. Mais aussi parce que, comme électrice de droite, j’en ai assez des renoncements et des trahisons. Je fais partie de ceux qui ont espéré un changement lors de l’élection de Nicolas Sarkozy en 2007. L’ouverture à gauche et l’aplatissement devant le politiquement correct m’ont écoeurée. Enfin, le sujet de la famille, aussi important soit-il, n’est pas le seul sujet d’un projet politique. Or, comme maintenant la majorité des Français, je suis inquiète pour ma patrie et pour la civilisation européenne et le FN est le seul parti à avoir porté la défense de l’identité, de l’enracinement et de la souveraineté nationale depuis des décennies.
Considérez-vous que l’UMP et le PS, ce soit la même chose ?
Non. Je suis d’abord anti-socialiste et ce que je reproche à l’ex-UMP, c’est justement son asservissement au socialisme. Il y a des gens très bien à l’UMP. Des personnes attachées à la France, aux libertés et aux valeurs traditionnelles. J’en connais. Ce que je ne comprends pas, c’est comment ils peuvent cohabiter avec une Kosciusko-Morizet ou un Juppé.
Vous n’êtes donc pas sur la ligne “ni droite, ni gauche” ?
Vous savez, je crois qu’il y a beaucoup de fantasmes sur cette prétendue ligne “ni droite, ni gauche”. Quand on entend ce genre de slogan – assez maladroit, à mon avis – dans la bouche d’un cadre du FN, dans l’écrasante majorité des cas, cela signifie: ni UMP, ni PS. Et cela ne revient pas à mettre ces deux partis sur le même plan. Cela revient à refuser le PS pour son idéologie collectiviste, anti-familiale et immigrationniste, et à refuser l’UMP qui a toujours refusé de s’opposer au socialisme quand elle était au pouvoir.
Mais l’on pourrait vous rétorquer que le FN fait le jeu de la gauche et a un programme de gauche…
Sur le fait que le FN fait le jeu de la gauche, c’est un argument tout simplement idiot – et c’est le dernier qui reste aux dirigeants de l’UMP. Ce n’est pas le FN qui a fait l’ouverture à gauche, c’est Nicolas Sarkozy. Ce n’est pas le FN qui a refusé de revenir sur le PaCS, c’est Jacques Chirac. Ce n’est pas le FN qui a déplafonné l’ISF, c’est Alain Juppé. Quant au programme, on nous ressort en permanence la retraite à 60 ans et l’embauche de fonctionnaires. Mais vous pouvez aller regarder sur le site officiel du Front, ce n’est pas, que je sache, dans le programme. Au demeurant, je trouve assez amusant que les dirigeants actuels des “Républicains” qui ont signé Schengen, qui ont violé le référendum sur le Traité constitutionnel européen, qui ont fait l’inepte Grenelle de l’environnement, qui ont augmenté la dette publique et les impôts, qui ont fait entrer plus d’immigrés que Lionel Jospin, viennent nous donner des leçons de droite…
Mais vous ne pouvez pas nier que beaucoup au FN ne comprennent pas grand-chose à l’entreprise…
Là aussi, il faut distinguer. Contrairement à l’UMP (et au PS, soit dit en passant…), le FN n’est effectivement pas aux ordres du MEDEF ou des multinationales du CAC 40, dont la plupart ne sont plus françaises. Mais il défend au moins autant que l’UMP les PME. Il est vrai que beaucoup de cadres du FN n’ont jamais travaillé en entreprise, mais c’est, hélas, le cas de tous les partis. Et, personnellement, ayant longtemps travaillé dans le secteur bancaire et dans des PME, je connais assez bien la réalité économique concrète et la vie des chefs d’entreprise. Je n’ai pas de leçon d’entreprise à recevoir de gens qui ne connaissent de l’économie que le rapport Attali et les conseils d’administration des grandes sociétés !
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