Le Zemmour du vendredi. Laurent Bazin : “On pensait en avoir terminé avec la réforme pénale et la fameuse contrainte pénale censée se substituer à certaines peines de prison, ça a été voté en tout cas à l’Assemblée, mais c’était compter sans le Sénat qui a mis clairement la barre à gauche.”
Éric Zemmour : “Le Sénat était naguère appelé la chambre haute, une assemblée de sages, des notables confortablement assis dans leurs larges fauteuils rouges, un brin conservateurs et provinciaux mais raisonnables et modérés. Ce temps-là est révolu. La majorité sénatoriale a débordé Christiane Taubira sur sa gauche à la grande joie secrète de cette dernière. La contrainte pénale, donc, était une possibilité offerte au juge, elle devient obligatoire, même pour les récidivistes, en tout cas pour les délits qui touchent aux biens. Pour le hold-up d’une banque ou d’un bijoutier, on ne risquera plus la prison. C’est le côté anticapitaliste de nos sénateurs de gauche : la propriété, c’est le vol, voler les voleurs n’est pas un vol. La droite au pouvoir reprochait aux juges d’être trop laxistes et voulait les insérer dans un corset de peines automatiques comme les peines plancher. La gauche, elle, soupçonne les juges d’être trop sévères et veut les contraindre au laxisme. Tous les malfrats, trafiquants, voleurs pourront revenir plastronner dans leurs quartiers, arborant fièrement leurs bracelets électroniques à la cheville qui ne les empêchera ni de menacer de représailles leurs victimes ni de continuer leurs trafics. Plus belle la vie grâce au Sénat !”
Laurent Bazin : “Je précise : sans doute que le vol à main armée, puisqu’il est à main armée, lui sera toujours passible de prison.”
Éric Zemmour : “Absolument.”
Laurent Bazin : “Qui est l’artisan de ce retournement ?”
Éric Zemmour : “Le rapporteur de la Commission des lois, Jean-Pierre Michel, qui fut un des fondateurs du Syndicat de la Magistrature, et notre magistrat devenu sénateur est resté fidèle à l’idéologie de sa jeunesse, qui expliquait dans les années 70 que les délinquants étaient les victimes d’une société bourgeoise et répressive. Ce syndicat tient aussi le ministère de la Justice depuis que Christiane Taubira s’est installée place Vendôme. Cela crée des liens et des complicités… Il y a quelques jours devant l’Assemblée nationale, Christiane Taubira avait affirmé que sa peine de probation ne concernerait que les délits passibles de peines de moins de cinq ans de prison. Ah, les députés ont obéi à la ministre. Et puis, ils ont ajouté discrètement que cette limite ne concernerait que les délits commis avant le 1er janvier 2017. Colossale finesse ! A partir de 2017, la contrainte pénale pourra être appliquée à tous les délits, qu’ils soient passibles de cinq ans d’emprisonnement… ou plus ! Ah, c’est que Maman Taubira veille sur tous ses enfants, même ceux qu’ont fait de groooosses bêtises. Elle les met à l’abris de la méchante police qui les arrête et des méchants magistrats qui veulent les mettre en prison car elle sait qu’ils sont gentils mais que c’est la prison qui les rend mauvais. C’est en prison qu’ils font de mauvaises rencontres, deviennent grand mafieux ou djihadistes. Elle supprimera donc aussi les peines plancher et les tribunaux correctionnels pour mineurs. Elle interdira même aux méchants policiers et aux méchants magistrats de mettre sous écoute les gentils délinquants mis sous probation. Oh, elle va vider les prisons avec une rare efficacité, elle va pousser les victimes à se faire justice elles-même, de plus en plus souvent, de plus en plus violemment. Alors, elle viendra à la télévision et elle dira : ‘Je vous l’avais bien dit, que la société française est violente et raciste’. Et bien merci Maman Taubira !”
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