Mercredi sur RTL, Éric Zemmour ironise dans son rendez-vous quotidien sur ces hommes politiques de l’UMP qui “se sont eux-même décernés avec modestie le titre d’humanistes, comme si leurs contradicteurs ne l’étaient pas. La gauche les a adoubés grands républicains, comme si la gauche pouvait distinguer par une sorte de droit divin le bon grain de l’ivraie, ceux qui étaient républicains et ceux qui ne l’étaient pas. Les médias les ont encensés mais les sonnaient depuis des semaines de dénoncer l’insoutenable droitisation de la campagne de Sarkozy, sous l’influence – diabolique – de son conseiller Patrick Buisson. Les humanistes rongeaient leur frein. Le score inespéré de Sarkozy à la présidentielle a prolongé leur cure de silence contraint”, note le chroniqueur réac’.
Humanistes mais pas téméraires !
“Mais dès le soir du second tour des législatives, n’y tenant plus, les humanistes ont explosé. Raffarin a dénoncé la droitisation de l’UMP, Juppé réclamait un débat sur les valeurs de l’UMP, Baroin piétinait le cadravre encore chaud de Nadine Morano que François Fillon avait déjà tancé comme une gamine. Le sénateur Raffarin n’a pas affronté un scrutin majoritaire avec des vrais électeurs depuis des lustres. Alain Juppé s’est prudemment retiré de la bataille des législatives bordelaises où il aurait été écrasé, François Baroin a reçu sa bonne ville de Troyes comme sa part d’héritage gaullo-chiraquien, François Fillon a courageusement fui la Sarthe où le socialiste a été élu à 60%. Humanistes mais pas téméraires !” s’amuse l’éditorialiste.
Les humanistes de l’UMP à la recherche d’un électorat qui n’existe plus
Il faut dire que la querelle autour de la droitisation de la droite “est aussi vieille que l’émergence du Front national en 1983”, rappelle Éric Zemmour. “Tout le monde se souvient de la célèbre phrase : ‘Il vaut mieux perdre les élections que perdre son âme’ mais plus personne ne se souvient de son auteur, Michel Noir, déjà un humaniste. En 2002, Chirac réussit un coup de force : la fusion entre le RPR et l’UDF. Le compromis était redoutablement efficace : les idées de l’UDF et les places au RPR. L’UMP fut fondée sur le déplacement idéologique de la droite vers le centre. C’est ce déplacement que Sarkozy a violé dans les mots… mais pas dans les actes. L’UMP est toujours régie par un programme centriste mais ses électeurs sont passés à droite toute. L’électorat centriste a été avalé par le Parti socialiste, comme on le voit dans tout l’Ouest de la France. La démocratie chrétienne s’est avérée soluble dans la sociale démocratie.”
Les Français n’oublient pas…
“À l’Est du pays, le même électorat a voté Marine Le Pen et Sarkozy, plus vieux pour ce dernier, plus pauvre pour la première. Les électorats s’accordent sur l’immigration et se séparent sur l’euro” car “les retraites sarkozystes ont des économies à préserver”. “Les électeurs du FN n’ont pas entendu les appels au secours de Nadine Morano ou de Claude Guéant”, note Éric Zemmour. “Mais pourquoi l’auraient-ils fait ? Claude Guéant ne les avait-t-il pas traité de nationaux-socialistes ? Nadine Morano ne s’était-elle pas montré à la pointe du progressisme sur les questions de société ? ‘Les gens attendaient le Kärcher, ils ne l’ont pas eu’, note justement un élu de la Droite populaire, réélu, lui, Lionnel Luca. L’électorat populaire s’est massivement abstenu à ces législatives, comme désillusionné déjà, sans se demander si sa désillusion démocratique était humaniste ou ne l’était pas.”
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