par Pascaline Leroy
Les Françaises et les Français veulent-ils façonner des carrières ou souhaitent-ils encourager des destins ? Possèdent-ils encore la plus infime confiance dans cette langue de bois politicienne ou désirent-ils , au contraire, entendre un exemple, une émanation voire un simple effort de franchise dans des déclarations de plus en plus stéréotypées de responsables qui n’ont de responsables que le titre ? Désirent-ils à ce point continuer à être considérés comme des êtres puérils et seulement destinés à l’obéissance en autorisant certains à dénier à un responsable politique le droit de s’exprimer ? Monsieur WAUQUIEZ, loin d’être en colère, devrait être un homme plein d’espoir après la publicité subie, à défaut d’être consentie, de ses propos. Bien sûr, le procédé est condamnable. Etre invité à une conférence sans avoir autorisé l’enregistrement de son intervention et sa reproduction à des fins publiques ne relève pas, à tout le moins, de l’élégance. Mais des étudiants présents ont signifié leur désapprobation et le directeur de l’école, conscient sans doute de la crise de confiance provoquée par cet incident, a manifesté ses regrets sur le procédé. Reste que l’une des questions fondamentales soulevées dans cette affaire se trouve peut-être dans l’avenir sérieux et crédible des conférences et des colloques en France. Au vu de la polémique soulevée, les futurs conférenciers peuvent en effet nourrir de légitimes inquiétudes sur le contenu de leurs propos. Devront-ils rester dans le périmétre convenu et scolaire d’un sujet ou pourront-ils, les chemins de la réflexion aidant, emprunter des métaphores et des exemples pour illustrer leurs exposés et répondre ainsi aux questions du public ? Considéreront-ils ce dernier comme une somme d’ adultes doués de réflexion et donc responsables et respectueux de la liberté d ‘expression ou devront-ils s’habituer à certains comportements de spectateurs et d’ auditeurs oublieux des plus élémentaires règles d’un Etat de droit mais experts dans le cadre d’ un Etat policier ? De même, si certaines personnalités utilisent leur liberté d’expression et d’opinion, comme le veulent les traditions de délibération et de participation, héritages du patrimoine européen, seront-ils soumis à l’opprobre de nombre de parlementaires voire aux commentaires simplistes de complotisme ou de « fausses informations » dont est affublé Monsieur Wauquiez actuellement. Si diffamation il y a , il existe un code pénal. L’exclusion comme le lynchage ne sont guère des méthodes d’un pays qui proclame urbi et orbi la Déclaration des droits de l’homme. S’il est à craindre que la Révolution française ne soit pas encore terminée pour certains, l’avenir de Monsieur Wauquiez sera ainsi un précieux indicateur pour mesurer l’avenir de la liberté de penser.
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