par Olivier Cazeaux
Le passé colonial ne cesse de nous hanter. Il s’est même invité aux débats des primaires de la Droite et périodiquement, on revient à cette « honteuse » colonisation. Et la décolonisation, faut-il s’en féliciter ? Ou la regarder non sans tristesse ?
L’imagerie d’Épinal continue de nous les présenter comme des visionnaires, de grands esprits, des héros, ces Européens qui ont contribué à la décolonisation, l’acte majeur du Progrès, l’avancée capitale du XXème siècle.
Avec cinquante, soixante-dix ans de recul, n’est-il pas temps de reconsidérer cette lecture de l’histoire contemporaine ? Cela d’autant que les crises qui affligent le monde restent liées à ce bouleversement des équilibres survenu en 1945.
Rejetant sans nuance ni prudence tout l’héritage de leurs anciens, qu’ont-ils construit, ces croisés de la décolonisation ?
Prenant le mépris de leur propre identité pour une noble cause, esprits ingrats, cœurs évidés, ils ont lâché ces peuples grouillant d’une vie qu’avait rendue possible l’ère coloniale. Au nom de la liberté, ils ont donné armes, argent et pouvoir à des tyrans et les peuples soi-disant libérés n’ont plus ni l’hôpital ni l’école de cette république lointaine qui s’affirmait terre de tous les humains.
Affranchie de ses devoirs de mère, jadis impératrice, qu’a la République laissé à ses anciennes possessions ? Des territoires découpés à la règle et l’équerre se sont couverts de monstrueuses cités-bidonvilles pestilentielles entourées de friches, de déserts repoussant la vie, tandis qu’aux endroits propices à l’agriculture, d’inhumaines compagnies cosmopolites régentent tout d’une main de fer. Des cinquièmes de chef à casquette aux généraux-présidents à vie, circule l’argent volé aux pauvres, n’oubliant ni les poches des précieux médiateurs blancs, ni les comptes des politiciens qui les ont engagés.
Le beau bilan de la décolonisation…
Ainsi de conserve, vont les continents à leur sombres destins.
Ceux qui formaient nos empires débordent d’affamés qui supplient leurs oppresseurs de jadis de leur ouvrir la porte ; les malheureux se contenteront du plus humble travail. Sans instruction ni protection, ils mangeront, c’est toujours ça. Puis, oubliant leurs nations, celles de peuples libres de disposer d’eux-mêmes, comme disaient évêques et papes de toutes les religions, ils redeviendront Anglais ou Français, effaçant le progrès qui avait consisté à ne plus l’être.
Quant aux autres continents, ceux des anciens maîtres, ils ne cessent de s’autodétruire. Non contents de ruiner la nature par des pratiques insensées, ils voient leurs peuples vieillir et vieillir et s’abîmer la civilisation qui a brillé sur le monde durant des siècles et des siècles.
Arrivera vite le temps sans plus de blancs. Comme le chantaient dans une tout autre perspective, les légionnaires qui embarquaient jadis pour l’Afrique, « Adieu vieille Europe, que le diable t’emporte. »
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