Les socialistes sont les nostalgiques du futur. Promoteurs inlassables d’un rêve d’avenir où l’on travaillera de moins en moins pour gagner de plus en plus et pour être accompagné de la naissance choisie par la mère ou programmée par la paire jusqu’à la mort douce, les politiciens de gauche se retrouvent avec le cauchemar d’un pays ruiné et en panne, où l’on travaille moins et gagne peu à cause du chômage, où la « République » tant vantée abandonne des pans entiers de ses territoires aux trafics, au communautarisme hostile quand ce n’est pas au terrorisme. C’est d’autant plus frustrant que l’horizon est bouché faute de moyens pour l’ouvrir. La gauche a toujours bénéficié de l’héritage solide de ses prédécesseurs ou de la conjoncture favorable pour gaspiller l’argent public. Ce fut vrai entre 1981 et 1983, puis entre 1997 et 2000. La première fois, on diminua le temps de travail, celui de la semaine comme celui de la vie, sans regarder ni la concurrence ni la démographie. La seconde, on en réduisit une fois encore la durée sans regard pour la diversité des activités et leur différence de productivité. A force de mépriser le réel et de vivre à crédit, la gauche est arrivée au terme de son parcours. Elle a pris les commandes d’un Etat endetté, systématiquement déficitaire, et qui s’endette pour payer ses fonctionnaires, sans avoir de marge pour investir. Difficile de jouer les généreux dépensiers dans ces conditions ! Mais ils ne peuvent s’empêcher de poursuivre leurs rêveries à voix haute. Tant que la remontée des taux n’étranglera pas leurs derniers fantasmes !
Mais, tout en affirmant, sans rire, leur volonté d’un pays indépendant, ils se tournent vers l’Europe sans paraître s’apercevoir que celle-ci bat sérieusement de l’aile. Ainsi, Montebourg affirme, péremptoire, qu’il ne faut pas être suiviste, supplétif, et qu’il faut mettre fin à l’austérité. Adepte comme ses concurrents du « rapport de forces », le matamore bourguignon va mettre fin au désarmement unilatéral de l’Europe, imposer à celle-ci après l’issue d’hostilités victorieuses ( contre la commission), des taxes aux frontières européennes. Bref, les solutions socialistes pour préserver l’indépendance et la puissance économique de la France passent par l’Europe ?!? D’accord avec l’Allemagne pour l’accueil des migrants, nous allons au contraire exiger d’elle qu’elle nous suive en économie, forts de notre réussite exemplaire ? Plus original, Benhamias songe plutôt à une solidarité des pays du sud. L’alliance des canards boiteux va évidemment impressionner l’Europe du Nord et lui faire comprendre que sa prospérité n’est qu’une illusion. De Rugy, lui aussi, veut plus d’Europe, notamment pour suppléer le désengagement militaire américain face à la Russie, prévisible avec Trump. Il veut une alliance militaire entre la France, l’Allemagne et la Pologne. C’est évidemment absurde quand on sait l’attachement des Allemands et des Polonais au parapluie américain. Par ailleurs, Berlin est une capitale névrosée. Les remontées de sa mémoire dirigent sa vie présente. La monnaie forte lutte contre les souvenirs de l’hyperinflation, le refus de la guerre et l’accueil des migrants sont l’expiation compulsive du nazisme. L’irréalisme de « l’écolo » qui dénonce la fausse indépendance du nucléaire appuyée sur l’uranium du Niger prétend que les énergies renouvelables prendront le relais. Mais, justement, l’Allemagne et la Pologne ont choisi le charbon, sans le moindre égard pour la cohérence des politiques européennes. Sylvia Pinel veut un droit d’asile européen, une limitation accentuée des souverainetés nationales. Se rend-elle compte de l’hostilité de la plupart des pays, et de leurs citoyens, à une telle mesure ? Vincent Peillon désire mettre les « bouchées doubles » sur l’Europe et souhaite un grand plan d’investissements de 1000 Milliards d’Euros. Les commissaires européens vont sans doute écouter avec beaucoup d’intérêt cette proposition d’un pays champion du déficit et de la dette et lui prescrire une petite diète pour s’éclaircir les idées.
Valls dont les chances de succès semblent de plus en plus compromises est condamné au réalisme du pouvoir exercé. Pour lui, l’essentiel est d’éviter la dislocation de l’Europe, aujourd’hui tiraillée par des tendances centrifuges sur de nombreux sujets. On mesure l’écart grandissant entre les institutions européennes et les peuples dans le total désintérêt de ceux-ci pour l’élection du Président d’un Parlement qui ne les représente que de manière fictive. Le fait que les socialistes et leurs satellites s’accrochent à l’illusion européenne est un bien mauvais signe pour celle-ci. Ces gens ne cultivent que les promesses d’un futur qui appartient au passé.