Impôts, taxes, malus et ponctions : une année 2020 pétulante

Chers lecteurs, chers amis, chers critiques, chers trolls, chers et chères contribuables, je découvre enfin une excellente nouvelle dans le paysage fiscal français : Gérald Darmanin, le ministre de l’Action et des Comptes publics, a bien compris que le bombardement paperassier des entreprises par les administrations pléthoriques de l’État finissait par leur être quelque peu pénible et du haut de sa munificence, il a donc entrepris de remédier à ce petit encombrement de tatillonneries.

Contrôlée sept fois en deux ans par l’URSSAF, l’Environnement, les Transports, l’inspection et la santé du travail et bien sûr le fisc, telle entreprise ou tel commerçant n’en peut plus et finissent par se plaindre auprès des autorités qui, jusqu’à présent, n’en avaient cure. Heureusement, Gérald enfile sa cape de super-héros politique et parvient, grâce à une nouvelle loi « pour un État au service d’une société de confiance » (Essoc) à enfin réduire la charge administrative de ces contrôles incessants.

Rassurez-vous cependant : par « réduire », on n’entend pas du tout rentrer dans le domaine du raisonnable où l’entreprise subirait un contrôle annuel de l’une ou l’autre entité bureaucratique dont la France s’enorgueillit des services remarquables et des résultats admirables, non. Ici, il s’agit simplement de s’assurer que, sur un an, l’entreprise ne se fait pas tabasser plus de neuf mois, ce qui lui laisse alors trois mois de cocagne où l’opulence et la joie de vivre s’y disputeront des bénéfices forcément dodus qui bénéficieront en premier lieu à l’État, via le fisc.

Bref, on l’a compris : l’ambiance va se détendre en France, et on va bien rigoler les prochains mois, c’est Gérald qui vous le dit.

Ce qui n’empêchera pas le même Gérald de tressauter d’allégresse en annonçant à tous que l’espionnage permanent et de plus en plus pervasif de ses services permet d’aller encore plus profond dans les poches des contribuables. Joie, bonheur et brigandage légal : grâce à un efficace data-mining et un habile croisement de données qui aurait fait frémir la CNIL si tout le monde ne s’en foutait pas éperdument, le fisc est parvenu cette année à récupérer 6 milliards d’euros qui viendront s’ajouter à un budget qu’on sait déjà taillé au cordeau.

Rien que savoir ces sommes d’ores et déjà mobilisées pour éduquer si finement nos enfants, réparer si minutieusement nos routes, payer si justement nos médecins dans nos hôpitaux si bien gérés, cela me fait chaud au cœur. Quel bonheur de comprendre que, derrière ces croisements de données, cet espionnage dont tout indique qu’il va continuer à s’étendre encore, se cache une volonté farouche d’aller aspirer la richesse partout où elle se trouve pour que la puissance publique puisse enfin la rediriger là où elle est importante, c’est-à-dire dans les productions télévisuelles et radiophoniques à la botte de Delphine Ernotte, dans les petits fours et autres fêtes grandioses de l’Élysée et de la myriades d’administrations jamais en reste pour un petit drink entre copains (et coquins) ou en distribution de prébendes et autres politiques sociales consternantes dont le résultat est forcément génial et jamais réellement évalué…

Mais ne soyons donc pas mauvaise-langue ! Si le petit Gérald fait ainsi de tels efforts pour aller aspirer partout l’argent où il peut en trouver, c’est que l’État a de gros besoins, toujours inassouvis et que chaque économie, chaque rabotage est un renoncement, une déchirure, une souffrance difficile à supporter, à tel point que le bilan budgétaire est maigre : l’année 2020 devrait une nouvelle fois se traduire par un petit déficit (oh, zut, comme c’est ballot) de 93 milliards d’euros.

Quant aux suppressions de poste dans la fonction publique, qui participerait normalement des efforts budgétaires consentis afin de réduire la masse salariale d’un État morbidement obèse, elle s’établira vaillamment à … 47 postes (oui oui, 47, pas 47 000).

Encore une fois, ne perdez pas de vue que ces efforts sont consentis pour que la République puisse survivre dans cette période d’austérité grandissante et alors que la rigueur budgétaire atteint des sommets jamais gravis jusqu’à présent. Il sera probablement difficile, dans ce contexte, de continuer à alimenter les petits Think-Tanks et autres minions à la solde des ministères, même si on devrait trouver une trentaine de millions d’euros quand même, ne nous leurrons pas.

Il faut le comprendre : la situation est tendue, le budget l’est aussi, les économies sont difficiles à faire, Gérald et Bruno, les Laurel & Hardy de nos finances publiques, n’ont donc pas fini de recourir à toutes les ficelles pour continuer leur petit jeu d’équilibristes rigolos en comptabilité publique.

Parallèlement et de façon plus sérieuse, pendant que ces deux clowns sinistres et coûteux persisteront à alimenter la chronique de leurs fastes et de leurs saillies imbéciles, le pays va donc très concrètement continuer de s’endetter comme jamais et ce avec d’autant plus d’aisance que le chef de l’État lui-même a jeté aux orties toute velléité de respecter, même vaguement, les traités européens, au motif que limiter le déficit à 3% du PIB serait un débat d’un autre siècle.

Et parce que ces histoires d’endettement, c’est bien mignon, mais ça ne suffira même pas à boucler le budget pourtant catastrophiquement déséquilibré, on y ajoutera bien sûr une nouvelle bordée d’augmentation de taxes, d’impôts, de ponctions et d’accises rigolotes, qui vont pleuvoir sur le contribuables dans les prochains mois avec un rythme joyeux.

Le prix des péages routiers sera ainsi augmenté de 1% à 1,5% ce qui ravira encore le petit peuple méprisable qui utilise encore sa voiture pour se déplacer. Qu’on le taxe encore ! Après tout, il pollue l’atmosphère des Seigneurs !

Le prix des billets d’avion va encore augmenter, l’écotaxe rejoignant la Taxe Chirac déjà présente en France (et en France seulement), ce qui se traduira par un accroissement de 1,5€ à 18€. Rappelons que ce mode de déplacement n’est pas fait pour les pauvres et les classes moyennes. Les classes supérieures en ont assez de voyager serrés comme des sardines à cause de la plèbe, qui, ne l’oublions pas, pollue leur atmosphère !

Concernant le prix de l’essence, rassurez-vous, le gouvernement est formel : il n’augmentera pas plus que d’habitude avec la hausse des cours du pétrole (réelle ou fantasmée, peu importe, c’est toujours une hausse). Cependant, il ne faudrait pas voir ceci comme un blanc-seing à venir polluer l’atmosphère de ceux qui décident et qui taxent : il a donc été logiquement décidé une solide hausse des malus écologiques sur les voitures pour 2020, la pollution étant un sujet particulièrement sensible auprès de nos élites qui n’entendent pas respirer les odeurs de sueur et de charbon brûlé des plèbes grouillantes sans y trouver compensation, zut à la fin.

Enfin, pour faire bonne mesure et comme il va être temps de solder 75 ans de gestion publique progressivement de plus en plus calamiteuse de la production électrique en France, le gouvernement va devoir scinder les activités de distribution et de production électrique d’EDF. Les négociations de marchand de tapis entre nos batteries d’énarques et la Commission européennes ont finalement abouti à un accord qui verra essentiellement bondir les prix de l’électricité en France dès 2020.

Entre l’écologie qui justifiera amplement l’augmentation des taxes ici et là, et l’ultra-libéralisme de la turbo-concurrence imposée par Bruxelles qui disculpera complètement (et commodément) les erreurs industrielles, commerciales et financières en chapelets des dirigeants de nos fleurons industriels, on peut garantir que l’hiver 2020 ne sera certainement ni plus chaud, ni moins cher que les précédents.

L’année prochaine s’annonce déjà pétulante. Les taxes, les malus, les ponctions et les tabassages fiscaux sont déjà dans les tuyaux et la mine réjouie de ces bouffons ministériels nous donne un excellent aperçu de ce qui attend le contribuable français.

Forcément, ça va bien se passer.

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