Tribune libre d’Emmanuel d’Orville
L’harmonie de façade qui semblait encore régner ces derniers mois s’est progressivement détériorée avant de voler en éclats dimanche soir. En attendant la validation du scrutin, aucun des deux candidats n’a pour le moment été désigné, chacun revendiquant la victoire.
Après les querelles internes de ces derniers mois et le climat parfois délétère qui a suivi les polémiques suscitées par les propos de Jean-François Copé, la revendication de la victoire par les deux candidats hier soir, ponctuée par une escalade verbale et des accusations mutuelles de fraude, a donné une image assez déplorable de l’UMP.
Elle a révélé au grand jour les divisions et les ambitions des partisans de chacun des candidats. Valérie Pécresse, promise, en cas de victoire de François Fillon, au poste de secrétaire générale de l’UMP a affiché un sourire béat qui masque mal la confrontation.
Cette soirée électorale pleine de rebondissements a redistribué les cartes dans une élection qui donnait Jean-François Copé perdant. Elle a fait taire les sondages et affirmé le poids des militants apparemment plus à droite que prévu même si le résultat serré ne donnera pas de vraie légitimité au vainqueur. Quoi qu’il en soit, il devra redorer une image passablement écornée et rétablir l’unité au sein d’un parti où chacun a choisi son camp.
Nathalie Kosciusko-Morizet a pris ses distances vis-à-vis de Jean-François Copé. Tout comme François Baroin qui n’a pas hésité à critiquer son ancien ami : “J’ai une autre ambition pour l’UMP que petits Blancs, pendant le ramadan, restez chez vous”.
Les propos de Jean-François Copé sur le racisme anti-Blancs et son anecdote sur le pain au chocolat ont vite révélé les clivages au sein de l’UMP entre les centristes, ceux de droite avec une vision plus consensuelle du débat et les pro-Copé.
Alors évidemment, en pleine campagne, cette prise de conscience soudaine a été interprétée comme du calcul politique. Il faut dire que Jean-François Copé nous avait habitués à une rhétorique beaucoup moins polémique ces dernières années !
Ces sujets sensibles n’ont pourtant pas fait leur apparition cette année. Le simple fait de vouloir les masquer ou de les aborder à demi-mots est symptomatique d’une volonté des associations anti-racistes, des médias qui ont dénoncé une dérive droitière et d’une partie de la droite de laisser ces questions sans vraies réponses.
Au lendemain d’une élection qui a laissé le parti divisé, faisant le jeu de la gauche et du Front national, le travail de reconquête tant espéré est loin d’être acquis. Cette élection a surtout permis de rappeler aux responsables du parti que les militants sont aussi là pour décider…
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