Monsieur le Président,
Au moment où je viens de présider pour la 1154e fois un mariage créateur d’une famille, votre projet d’union maritale entre deux personnes de même sexe semble vouloir se concrétiser et m’inquiète, comme nombre de compatriotes qui, loin d’être ringards, sont attachés au vrai progrès. Permettez-moi de vous dire qu’une telle décision appuyée par une minorité constituerait, si elle se confirmait, une erreur et une faute.
Erreur parce que depuis toujours la famille normale est le socle de la société, socle sur lequel se forge la personnalité de chaque être dans un cadre d’affection et d’équilibre pour les époux comme pour les enfants et cela quels que soient les embuches et échecs.
Faute parce que cette atteinte à la loi naturelle ouvrirait la voie à toutes sortes de dérives. Sans m’autoriser à porter un jugement sur les choix des personnes, il est évident qu’aujourd’hui le principe d’égalité n’est pas mis en cause puisque d’autres possibilités sont ouvertes dans des modalités différentes et respectueuses des libertés et des orientations.
Je ne crois pas que votre quinquennat ait besoin de s’alourdir d’un tel problème. Les difficultés du pays, les inquiétudes du monde et ses angoisses sont telles qu’il paraît superflu d’ajouter encore le trouble là où menace déjà la tempête.
Notre pays a besoin de sérénité et de certitude ; vouloir lui imposer un choc sociétal, c’est prendre un risque d’instabilité. Si, avec le gouvernement vous considérez l’enjeu profond de ces projets sur le mariage et l’adoption, vous conviendrez qu’en l’état, ni la solidarité, ni la justice, ne sont franchement menacées. Il apparaît au minimum qu’il est capital de proposer un référendum à nos concitoyens pour qu’ils puissent se prononcer en pleine démocratie car la meilleure représentation parlementaire ne pourra jamais décider des aspirations les plus intimes de la personne.
Avec ce sujet du mariage et de la famille, nous sommes loin des préoccupations les plus légitimes des Français ; celles-ci sont pourtant importantes et immédiates sur le plan social, économique et financier et doivent compter au nombre des priorités. Sur ce sujet surtout, nous sommes au coeur d’une conception de la société ébranlée par des projets qui, je le crains, loin de la rendre « plus humaine, plus sûre, plus dynamique et plus harmonieuse » selon vos propos, la rendront plus fragile et plus perturbée.
Pour toutes ces raisons, j’ai l’honneur de vous demander le retrait de ce projet.
Je vous remercie à l’avance de l’attention que vous voudrez bien porter à l’avis d’un Maire de France qui s’exprime là personnellement et je vous prie de croire, Monsieur le Président, en l’assurance de ma haute considération.
Bernard Mantienne
Maire de Verrières-le-Buisson (Essonne), ancien Sénateur
> Cette lettre publiée dans Le mot du maire d’octobre est consultable ici.
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