L’immigration ! Il en a parlé ! Quel courage ! Macron enfourche son nouveau vélo tout neuf pour la seconde partie du quinquennat, celle qui permettra sa réélection face au candidat du Rassemblement National, puisque les Républicains sont dans les choux, et il parle de l’immigration ! Alors, on hésite entre le regret de le voir céder à la lepenénisation des esprits, comme le fait l’aile gauche de Lrem avec Sonia Krimi, et l’admiration pour une prise de conscience tardive mais lucide qui ne peut que séduire un électorat conservateur déjà tenté pour le macronisme aux municipales. En fait, le regret est superflu car Macron en parle, mais il va demeurer sur la ligne qui est la sienne : dans la mondialisation inéluctable, l’expansion démographique africaine exercera une pression sur le continent européen, et sur le plan économique, ce sera une bonne affaire en raison de l’afflux de main d’oeuvre et de la tendance à la stagnation des salaires que cela entraîne. Quant à l’admiration pour l’éclair de clairvoyance, elle ressemble à la joie des croyants entendant un athée citer le nom de Dieu, sans rien changer à son comportement ni à ses convictions profondes. Simplement, à partir du moment où on considère la politique comme un marché, il faut éviter de se contenter d’une clientèle, par définition minoritaire. Macron a conscience d’être le candidat de la bourgeoisie urbaine plus progressiste aujourd’hui qu’hier, qui réclame de la compétence économique, même illusoire, et exige le confort écologique, mais il se dit avec raison qu’une élection présidentielle avec deux candidats en lice au second tour laissera un jour toutes ses chances à celui des « périphériques », lorsque le Front dit « républicain » aura cessé d’agiter les fantômes des heures sombres dont pas un électeur ne se souvient. Il faut donc penser aux classes populaires, celles qui sont rétives à l’immigration parce qu’elles en subissent les conséquences, notamment en termes d’insécurité, alors que les beaux quartiers les ignorent. Ne soyons pas seulement le parti des élites intelligentes, tournons-nous vers les pauvres en esprit, ceux qui écoutent volontiers les sirènes populistes parce qu’ils vivent au quotidien les difficultés que nos électeurs actuels ignorent. Soyons charitables pensons à eux, au moins le temps d’être réélus.
Autrement dit M. Macron pratique l’aumône verbale dans un discours de dame patronnesse. Un peu comme Sarkozy faisant son ouverture à gauche avec le succès que l’on sait. La même démarche, mais en sens inverse pour mettre en avant la lutte pour la sécurité publique et contre l’immigration illégale à travers la fraude au droit d’asile alors que la violence s’accroît partout tandis qu’elle règne déjà dans de nombreux quartiers perdus de la République. Comment croire un seul instant à cette fable alors que sur le plan européen, le Président français est l’allié de ceux qui ouvrent leurs frontières aux débarquements d’illégaux, en Espagne, depuis le retour des socialistes pouvoir et maintenant en Italie, après le changement de coalition parlementaire qui a mis momentanément Salvini dans l’opposition. Cocteau disait qu’en amour, il n’y avait que des preuves d’amour. C’est pareil en politique : les mots ne suffisent pas.
L’immigration illégale doit être stoppée en amont, par le rétablissement d’un Etat maître de l’ensemble du territoire en Libye comme en Syrie, par le traitement des demandes d’asile dans nos ambassades et nos consulats. Une fois parvenus en France, les demandeurs, pour la plupart, ne repartiront pas, et seront aidés pour rester. Mais c’est l’immigration légale qui doit être endiguée, notamment celle qui est le fruit du regroupement familial. On imagine mal un thuriféraire de l’Europe remettre en cause ce principe suicidaire qui encourage l’incrustation de communautés imperméables culturellement. De même, on ne pense pas que le président issu d’un courant mondialiste du PS, celui d’Attali et consorts, mondialistes avant tout, et contempteurs des vieilles nations et de leur identité, remette en cause le droit du sol, c’est-à-dire la fabrication de Français de papier, non pas seulement indifférents au sort du pays où ils sont installés, mais parfois même hostiles. Pas davantage on ne doit espérer de déchéance de la nationalité pour ceux qui peuplent les prisons alors que leur casier montre amplement que leur « nationalité » française ne les a jamais conduits à obéir aux lois de la République.
Allons plus loin : le Président veut écouter les Français qui ne vivent pas comme ses électeurs dans les beaux quartiers ? Qu’il leur donne la parole à travers un référendum sur l’immigration et qu’il mette en oeuvre le choix de la majorité des Français. Ce serait nouveau, et à voir l’acharnement des amis de M. Macron pour empêcher les Britanniques de voir leur choix se réaliser, on a déjà une idée de la réponse. » Tout flatteur vit aux dépens de celui qui l’écoute. Cette leçon vaut un second quinquennat, sans doute… »