par Bernard Montet
Quand ils sont venus chercher les “fachos”,
Nous les avons un peu aidés,
Nous détestions les “fachos”.
Quand ils sont venus chercher les “sionistes”,
Nous n’avons rien dit,
Nous n’étions pas “sionistes”.
Quand ils sont venus chercher les bouddhistes et autres païens,
Nous n’avons rien dit,
Nous n’étions pas païens.
Quand ils sont venus chercher les chrétiens,
Nous n’avons pas protesté,
Nous n’étions pas chrétiens.
Quand ils sont venus chercher les musulmans patriotes
Nous n’avons pas protesté,
Nous n’étions pas musulmans et encore moins patriotes.
Puis ils sont venus nous chercher,
Nous, les bons apôtres du métissage et du sans-frontiérisme,
Et il ne restait personne pour protester.
Ce texte “à la manière de” est une adaptation du célèbre poème du pasteur Martin Niemöller (14 janvier 1892 – 6 mars 1984). Tout d’abord favorable au régime hitlérien, cet ancien commandant des “corps francs” devenu pasteur en 1931 s’oppose dès septembre 1933 à la nazification de l’église protestante ainsi qu’aux mesures antisémites. Il crée alors la “ligue d’urgence des pasteurs” (pfarrernotbund) que rejoignent rapidement 6000 de ses collègues (plus du tiers des pasteurs allemands). Lorsque l’église protestante passe sous le contrôle des “chrétiens allemands” et devient en 1934 “l’église du Reich”, il forme “l’église confessante” avec les pasteurs dissidents. Ces actes de résistance lui valent une déportation au camp de concentration de Sachsenhausen en 1937, puis au camp de Dachau en 1941.
La situation actuelle ne manque pas de similitudes avec cette sinistre période. Montée en puissance d’une idéologie inhumaine et totalitaire: peste brune hier ( le nazisme), peste verte aujourd’hui ( l’islamisme radical). Même aveuglement volontaire des “élites”( y compris des élites religieuses, Pape en tête),même condamnation bien-pensante des lanceurs d’alerte. Même prise en otage d’un pays tout entier par des voyous fanatisés. Même soumission panurgique, hier au nom du peuple allemand, aujourd’hui au nom de l’amour universel.
Avec une différence notable, cependant: la passion nationaliste et l’idolâtrie du Chef sont remplacées par le culte du Veau d’Autre ( le “Big Other” de Jean Raspail). L’esprit revanchard et le ressentiment contre le Traité de Versailles cèdent la place à la haine de soi et au dénigrement assumé de ses propres racines . Ce n’est plus le délire raciste qui guide les foules, c’est le syndrome de Stockholm !
Autre symptôme inquiétant : la réticence constante à désigner l’ennemi islamiste radical, que l’alchimie médiatique transmute régulièrement en “kamikaze”, en “dépressif”, en “individu psychologiquement fragile”. A quand les fiches D comme “dépressif”, M comme “troubles mentaux”, P comme “psychologiquement fragile”, voire T comme “temesta” ? Sans compter l’idée géniale de certains (merci BHL !), de réclamer l’anonymat des terroristes dans les médias. Encore un peu et le coq Gaulois se transformera en autruche !
Tout cela sous le contrôle de la Sainte Inquisition du politiquement correct: politiciens aux ordres, intellectuels du système, associations communautaristes, meute médiatique, “idiots utiles” au sens léniniste du terme.
Insidieusement, s’insinue dans les esprits le fatalisme, le trouble sentiment que notre vieux pays glisse inexorablement vers le gouffre. Mais l’exemple du pasteur Niemöller et les enseignements de l’Histoire nous rappellent fort opportunément qu’un retournement de situation est toujours possible.
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