Gonflé, le Monsieur ! Ainsi donc, à propos de de Rugy, le président ne veut pas d’une République de la délation ! Donc, transparence d’un côté mais pas de délation de l’autre. Le pouvoir installe en France une démocratie étrange qui ressemble à un miroir sans tain. Si vous êtes du bon côté, vous avez le droit de voir et de savoir tout sur les autres, et notamment vos adversaires, mais ceux-ci doivent être prudents : une information concernant le pouvoir ou un de ses membres, c’est de la délation. Pour peu, celui qui s’y livrerait rappellerait les heures sombres de l’histoire et les lettres anonymes destinées à l’occupant ! La dénonciation de faits délictueux n’est-elle pas, pourtant, un devoir qui s’imposerait à tout citoyen dans une démocratie transparente ? D’ailleurs, c’est le processus mis en place dans la proposition de loi de la députée Avia, et soutenue par la République en Marche, « de lutte contre la haine sur internet ». Elle oblige les plateformes à retirer sous 24 h les contenus haineux, sans procédure judiciaire ni intervention d’un juge. Il suffira qu’un internaute appuie sur le bouton et dénonce le coupable, bref qu’il se livre à la délation. Si la plateforme, le moteur de recherche, le fournisseur d’accès n’obtempèrent pas, le CSA pourra appliquer une sanction allant jusqu’à 4% du CA de l’entreprise. Qui aura eu le pouvoir de faire trembler jusqu’aux membres du GAFAM ? Mais le délateur, ou plutôt, il faut le parier, l’une de ces associations participant aux groupes de pression qui resserrent sans cesse la liberté d’expression dans notre pays au nom du politiquement correct et de la protection des minorités. Mme Avia avait d’ailleurs vendu la mèche dans son exposé des motifs qui contenait le mot d’ »islamophobie » qu’elle a ensuite retiré. Les prétendues « phobies » sont les mots dignes d’Orwell qui criminalisent des opinions : la critique de l’islam ou de l’homosexualité ne seraient pas des opinions, mais des délits affublés en l’occurrence d’un terme qui relève de la pathologie psychiatrique. On touche là à l’effondrement de notre Etat de droit au nom du droit des « minorités ». Combien d’hommes politiques, d’écrivains ou de journalistes se sont retrouvés devant les juges, ont été condamnés avant, des années plus tard, d’être éventuellement « blanchis » par la Cour de Cassation ? Le droit pénal ne peut reposer que sur une définition précise des infractions. En matière d’expression de la pensée, où finit l’opinion, où commence la calomnie ? Où finit la réprobation, où commence la haine ? On peut craindre que les limites soient moins fixées par la vivacité du propos, ou la faiblesse de son argumentation, que par son orientation. La haine envers les mâles hétérosexuels, les chrétiens, les blancs sera-t-elle également poursuivie ?
Une société dominée par une idéologie ne peut être une véritable démocratie. Le prétendu progressisme qui inspire la pensée unique est l’idéologie du parti qui détient l’essentiel du pouvoir en France. On doit s’inquiéter du sectarisme dont il vient de faire preuve à l’encontre d’un de ses membres, Mme Agnès Thill, exclue pour avoir dit son opposition à la PMA pour les lesbiennes ou les femmes seules. L’opinion selon laquelle il est préférable pour un enfant d’avoir un père et une mère, qui appartient au bon sens et se trouve justifiée par de nombreux psychologues, devrait être un choix de conscience personnelle, même dans un parti qui veut une réforme contraire à ce principe. C’est l’honneur d’une formation politique que d’accepter que ses membres sur de telles questions soient libres de leur vote. Le fait que LREM n’applique pas cette tolérance est inquiétant. Il rejoint sa tentative d’enterrer à l’Assemblée Nationale l’affaire Benalla heureusement poursuivie par le Sénat. C’est également à l’Assemblée qu’une Commission d’enquête sur l’extrême-droite a mené ses travaux, cette fois à l’instigation de LFI, mais sans que la majorité exige que l’extrême-gauche soit comprise dans l’enquête. Les Black-blocs sont cependant plus actifs et plus violents que les extrémistes de droite !
Cette inégalité de traitement à tous les niveaux est la marque de fabrique du régime actuel. Son obsession de la maîtrise de l’information est inscrite dans son acte de naissance. Il n’a pu parvenir au pouvoir que grâce à une manipulation de l’information qui a tué le principal obstacle sur sa route, François Fillon. Désinformation ou information précipitée par les circonstances ? Dès son arrivée à l’Elysée, le nouvel occupant s’en est pris à la désinformation en faisant voter un texte « contre la manipulation de l’information en période électorale ». La plupart des partis politiques et des syndicats de journalistes s’étaient insurgés contre cette loi jugée liberticide. C’était un premier signe que le mandat qui se déroule, de censure en censure, confirme tous les jours.
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