Retour à la réalité !

« On ne lâche rien » ! Voici le fameux slogan répété à l’envi par les acteurs des divers mouvements composant l’opposition au mariage pour tous (quand ils ne s’écharpent pas sur la propriété des manifestations…). On finirait presque par croire au choix de la méthode Coué. Enfin, il paraît que quelque chose s’est levé…

Malheureusement, la réalité est bien différente. Les faits sont têtus. Non content d’avoir légalisé le mariage pour tous, d’avoir humilié à plusieurs reprises les opposants à ce projet et d’avoir violenté ceux qui osaient manifester, le Gouvernement socialiste puni désormais financièrement les familles qui ont défilé en rabotant le quotient familial. Pire, il accélère sur des projets connexes confirmant son sentiment de toute puissance : mise au pas des auto-entrepreneurs, projet de loi sur le logement punitif pour les propriétaires, vote des étrangers. La liste est non exhaustive.

Il eût été raisonnable que – après sa victoire parlementaire sur le mariage gay – Hollande choisisse la voie de l’apaisement face à la colère d’une partie des Français. Que nenni ! Fort de son succès, il choisi de démontrer un peu plus l’autoritarisme du socialisme. Et il aurait tort de s’en priver face à la médiocrité de ses adversaires.

Primo, nous avons perdu la guerre culturelle en désertant les médias, l’école, le tissu associatif et le monde artistique. Ainsi désormais, les médias font l’apologie du mariage gay, de la culture de mort et du multiculturalisme. L’école apprend aux garçons qu’ils peuvent être des filles (et inversement), que les rois de France étaient des pervers dégénérés, que la chrétienté a fait plus de mort que toutes les dictatures de l’histoire réunies ou que Rimbaud était homosexuel avant d’être poète. Les associations moralisent notre vie quotidienne nous interpelant sur le racisme, l’antisémitisme, l’homophobie, l’islamophobie, le sexisme… et j’en passe ! La culture nous vend régulièrement des « chefs d’œuvre » dans lesquels au choix deux hommes se sodomisent, la culture de Papouasie est vantée comme un modèle du genre, le Père André viole des enfants, Lénine est un héros qu’il convient d’honorer.

Secundo, nous nous autoalimentons. Nous écrivons ou nous parlons pour un lectorat déjà averti qui prêche à son tour des convaincus. La conquête de nouveaux esprits reste limitée et les idées anticonformistes circulent en vase clos. Le faible accès de nos idées aux médias de masse n’est pas pour atténuer ce phénomène. Et tel le mythe de la caverne, beaucoup de ceux qui se retrouvent confrontés à ces idées préfèrent les taire, pire les combattre.

Découlant de ce premier constat, le retour à la raison est nécessaire. Un million de personnes pacifiques dans les rues lors des manifestations contre le mariage gay, c’est un succès, pas une révolution. Car un million de manifestants, c’est soixante quatre millions de Français restés chez eux. Se gargariser d’avoir mis la France dans la rue s’avère un peu exagéré !

Tertio, nous tenons à notre petit confort et la ridicule appellation de « printemps français » y fait tristement échos. Car les printemps arabes avaient une autre gueule ! En Tunisie, en Egypte ou en Lybie, une partie de la population s’est mobilisée des jours durant. Les armes ont parlé. Le sang a coulé. En France, les opposants au mariage gay se sont contentés de manifestations ballons roses, propres sur elles, le dimanche de surcroît. Personne n’a été en mesure d’occuper plus d’une heure une place de Paris. Là encore, le retour à la réalité est cruel. Très peu d’entre nous souhaitent prendre le risque de terminer en garde à vue, de perdre son emploi ou son toit, voire de tomber sous les balles des hordes de Valls. Hollande l’a bien compris. Nous n’étions pas bien dangereux. Tout juste des « zoulous », comme l’avait lancé Claude Bartolone.

Quarto, nous alimentons la bête. Autrement dit, nous passons notre vie à payer – sans forcément le vouloir – pour nos adversaires. Nous sommes tous assujettis à l’impôt (à commencer par la TVA) qui sert à alimenter un État dont le sens de l’intérêt général reste désespérément invisible. Ces impôts servent aussi à subventionner grassement tout le tissu associatif majoritairement malsain et déshumanisant qui encadre notre quotidien. Parallèlement, nous consommons produits et services fournis par des entreprises bien souvent investies dans les causes que nous combattons.

Face à cette opposition minoritaire, faible et désorganisée, l’État-providence s’appuie sur une majorité apathique et bedonnante. Et pour s’assurer de son soutien, il la biberonne avec amour en mesurant la force de la maxime « du pain et des jeux », arme bien plus efficace que la répression pour maintenir l’ordre et contenter le plus grand nombre. Comment éviter la gronde des chômeurs sinon en versant allocations et subsides. Comment se prémunir contre l’explosion des banlieues sinon en les arrosant de subventions. Comment parer aux blocages catégoriels de certaines professions (fonctionnaires, agriculteurs, routiers, etc.) sinon en cédant à leurs revendications financières (sans préjuger ici de la pertinence de leurs demandes). Le pain partagé, l’État distribue ou fait distribuer jusqu’à plus soif des jeux – matches de foot ou émissions de télé réalité en tête – pour achever de dociliser cette majorité.

Certains crieront à la vacuité de cet argument opposant que le pain vient à manquer, que l’État est ruiné et que la révolte gronde. Mais ce n’est qu’une cruelle illusion. Car si le pain fait défaut pour certains, l’État continue d’y pourvoir tant bien que mal. Or qui irait cracher dans la main de celui qui vous nourrit ? L’histoire récente nous ramène une fois de plus à la réalité. Les Grecs ont enduré d’innombrables sacrifices pour sortir leur pays de la crise. Ont-ils pris le chemin de la révolution ? Point du tout. Ils se sont contentés de manifester, parfois bruyamment, bien conscient que si l’État avait raboté les allocations, il ne les avait pas totalement supprimées ! En France, l’État n’est pas ruiné et son grand soir budgétaire attendra. Il dispose encore de marges considérables pour maintenir son train de vie : nouvelles taxes, suppression de niches, voire spoliation de l’épargne à la sauce chypriote. Quant à ceux qui douteraient du sérieux de ces mesures, qu’ils se remémorent toutes les lois perverses que ce pays accepte au nom de l’égalité. Or, par définition, nous sommes tous (ou presque) le riche de quelqu’un. Il restera donc toujours de nouveaux clampins à faire cracher au bassinet, au nom de l’égalité !

Evidemment, cet écrit me vaudra d’être accusé de lâcheté, de défaitisme, de capitulation… si j’échappe aux insultes. On m’opposera les poncifs habituels de l’armée des invisibles prête à déferler, de l’homme (ou du parti) providentiel capable de tout transformer ou encore du pouvoir actuel en voie de délitement. Je n’y crois pas car je m’attache aux faits et non à des fantasmes délirants. Enfin, pour ceux qui doutent encore de la pertinence de ce propos, trois nombres peuvent encore les faire réfléchir. 1 million de manifestants ont défilé contre le mariage gay. 20 000 inscrits ont voté à la primaire parisienne. 8 400 ont fait barrage à NKM favorable au mariage gay. Le grand soir, avez-vous dit ?

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32 Comments

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  • # , 19 juin 2013 @ 10 h 18 min

    Allez monhugo c’est parti, cherche bien, il reste quelques phottes dans cet article !

  • Néo , 19 juin 2013 @ 10 h 26 min

    Tout à fait d’accord. Et on peut ajouter une chose : 7 ou 8 élections législatives partielles ont eu lieu.
    A-t-on entendu que La Manif pour tous, ou un collectif affilié (le C.F.M. ?), avait exigé, obtenu puis médiatisé, les positions de chacun des candidats sur l’abrogation de la loi Taubira, l’extension de la P.M.A., la G.P.A., l’euthanasie ?
    Non. Rien.
    Or qui fait les lois ? Les députés.
    Même si un député ne change pas grand chose, refuser de s’engager dans les petites batailles ne présage rien de bon pour les grosses.

    D’une part parce que certaines décisions sont prises sur le fil du rasoir (la loi Taubira au Sénat, e. g., l’extension de la P.M.A. à l’Assemblée le sera sans doute aussi), d’autre part parce que cela force les candidats à la députation à prendre position sur ces sujets, les empêchant, par exemple, d’évoluer plus négativement encore au fil de l’eau quant à leurs positions. Cela montre notre présence, rappelle l’importance de ces sujets pour une partie, hélas encore trop faible, de l’électorat. Si un candidat U.M.P. voit se monter contre lui une campagne négative parce qu’il n’est pas assez solide sur ces questions voire est à gauche, cela fera réfléchir les personnes chargées des investitures.
    Cela permet aussi, ne fût-ce que cela, de rappeler que l’électorat L.M.P.T., certes majoritairement U.M.P., ne le restera et ne se mobilisera que si l’U.M.P. tient un minimum compte de nous.

    Or, pour obtenir ces multiples résultats, ce n’est guère difficile, il suffit d’élaborer une lettre, avec des questions précises, lettre qui est rédigée pour sa majeure partie une fois pour toutes ! L.M.P.T. quoi qu’on en dise représente par sa capacité d’information et de mobilisation un poids non négligeable (alors que si moi personnellement contacte les candidats je n’aurai pas de réponse – je l’ai fait), et peut se permettre de considérer une absence de réponse comme l’expression caractérisée d’un mépris, justifiant donc une campagne négative comme si le candidat en question avait produit des réponses totalement contraires à nos attentes.

    Rien n’a été fait.
    L.M.P.T. est-elle déjà morte ?

  • Charles , 19 juin 2013 @ 10 h 31 min

    Il ne faut pas s’énerver.Il faut donner du temps au temps.

    Nous verrons bien d’ici les municipales de Mars 2014
    puis les européennes de Juin 2014.

    Si en Juin 2014 ,vous constatez que rien n’est venu et que la montagne
    a accouché d’une souris,alors il reste 3 options principales:

    1.Se recroqueviller/replier sur des zones d’occupations légales (ZOL)
    ou tous les résidents sont des personnes d’origine légale(POL).
    Ceci par opposition aux zones ZOC pour zone d’occupation clandestine ,
    tenues par des POC personnes d’origines clandestines.

    Se repli identitaire vaut dans d’autres domaines,y compris religieux
    en évitant le gloubiglouba gonciliaire de V2.

    2.S’expatrier ailleurs ou le principe de souveraineté nationale
    est un tant soit peu mieux respecté que en fronce,
    et ou il existe également des ZOL,plus faciles a gérer que chez nous.
    ce qui n’empéche pas de conserver le lien avec les proches restés en fronce.

    3.Choisir et construire une solution intermédiaire entre 1 et 2,
    en particulier du point de vue professionnel qui consiste a travailler avec l’étranger.
    Internet offre de nombreuses possibilités ,sachant qu’il est stupide et naif
    de croire que l’on puisse gagner normalement sa vie en fronce.

    Il reste a animer des activités de résistance culturelle dans tous les domaines
    et a etre présent soit sur les marchés soit en organisant différentes manifestions
    privées chez les uns et chez les autres.

    Tout va se jouer dans les 12 prochains mois.
    Les resultats de dimanche dernier sont quand meme des résultats encourageants.

  • Cerf , 19 juin 2013 @ 10 h 32 min

    Pauvre type !

  • berrhy , 19 juin 2013 @ 10 h 51 min

    Pourquoi publier ce genre d’article ?
    C’est de l’auto dénigrement, du masochisme.
    Il est facile d’être un révolutionnaire derrière son écran d’ordinateur. Quand au constat il est connu depuis des dizaines d’années.
    Ce n’est pas d’aujourd’hui que l’idéologie gaucho-libertaire à investi l’éducation, les médias, la justice, le monde artistique…

  • BJ , 19 juin 2013 @ 10 h 58 min

    Ce n’est pas le Grand Soir et cela va certainement mieux pour vous en le disant.
    Mais maintenant, on fait quoi ? On rentre gentiment chez soi et on capitule?

    Votre analyse est pertinente, beaucoup s’accorderont là-dessus. Le reproche que je vous fais, c’est de nous dire que le bateau coule – merci, nous sommes au courant – et de regarder le bateau couler avec complaisance, comme si votre raison d’exister tenait dans l’analyse de ce naufrage.

    Ces manifestations m’ont sorties de ma léthargie et de ma solitude de convictions, figurez-vous. C’est insuffisant, mais c’est un début, que l’on peut saluer sans se faire d’illusions pour autant. Certes, il y a des couacs. Certes, nombreuses sont les incertitudes avec la MPT, le Printemps français etc. Il n’empêche : ils ont fait du bon boulot.

    Vous critiquez, mais vous ne proposez rien et vous vous dédouanez par une pirouette rhétorique dans le dernier paragraphe.

    Les faits sont là et ils sont durs. C’est vrai. Vous choisissez le défaitisme, la lâcheté et la capitulation au nom du réalisme. C’est votre droit. Ce sont les voies de la facilité et n’ont jamais conduit à la victoire.

    “A vaincre sans péril, on triomphe sans gloire”. Les guerres sont toujours sanglantes et toujours risquées. L’issue est toujours incertaine.

    Nous avons perdu sur tous les plans depuis 50 ans. La reconquête prendra beaucoup de temps. Elle ne se fera pas sans persévérance, ni sacrifice, si elle se fait.

    Y êtes-vous seulement prêt, vous, au sacrifice ? De mon côté, j’ai peur, et j’ai honte de ma peur, je l’avoue. A défaut d’avoir du courage, je reconnais ma lâcheté.

    Nous sommes tous solidairement responsables de notre avenir, vous y compris. Un regard contempteur sur ceux qui se démènent tant bien que mal ne vous affranchit pas de votre part de responsabilité.

  • Goupille , 19 juin 2013 @ 11 h 06 min

    Lues quelques premières lignes et quelques dernières, en attente de mieux, parce que pas le temps asteure…

    Un commentaire, désagréables : n’extrapolez pas de la France d’après les comportements électoraux des Parisiens intra-muros.
    Les foules qui défilaient à Paris venaient de province, de Versailles pour la région parisienne.

    Nous défilions devant des immeubles vides : nous en avions croisé les derniers habitants qui partaient en WE, les autres étant déjà partis la veille.

    L’électorat UMP parisien ? Pfff… Nous n’aurons pas la cruauté de les qualifier.

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