Depuis 1945, il n’est guère de mandature qui n’ait connu une réforme des retraites et en faire la chronique nécessiterait un épais ouvrage, dans lequel chaque chapitre serait autant de fosses communes dont on exhumerait les illusions d’une époque et les mensonges des politiques d’alors.
Plus près de nous, Nicolas Sarkozy a fait sa réforme des retraites. Sitôt votée, il affirma qu’une autre devrait suivre, après les élections de 2012. Candidat à la présidence, François Hollande avait annoncé que, lui aussi, ferait une réforme. Celle-ci serait naturellement « juste » afin de corriger les « inégalités ».
Élu depuis un an, François Hollande vient d’annoncer « sa » réforme. Il parait que la France aurait besoin de trouver sept milliards avant 2020. Avec cette somme, le budget général des retraites serait rééquilibré et tout irait bien dans le meilleur des mondes mondialisé.
Attentif aux apparences de communication, François Hollande a promis que l’âge légal de départ à la retraite ne bougerait pas. En revanche, le nombre nécessaire d’annuités de cotisation, lui, augmentera, oh, juste de quelques trimestres… Les amateurs de tartuferie apprécieront.
En ce qui concerne les recettes nécessaires à l’équilibre du régime général, François Hollande n’a pas encore tranché. Devant tant de mesures impopulaires, on ne sait que choisir… Ne pas revaloriser les retraites durant quelques années ? Ponctionner encore davantage les travailleurs actifs ? Prélever les entreprises ?
“La réforme Hollande et la réforme Sarkozy sont comme autant de châteaux de sable face à la marée montante de la mondialisation.”
Il est cependant un choix que François Hollande a déjà fait. Celui de ne pas toucher aux inégalités entre le privé et le public, au bénéfice de ce dernier, et d’épargner les régimes spéciaux de la SNCF ou d’EDF, vestiges d’une époque où les locomotives étaient à vapeur et les trains à l’heure.
Voilà où nous en sommes de cette réforme annoncée et il est gravé dans le marbre républicain qu’elle ne réglera rien.
Mais, au fond, les discussions – le bruit médiatique – autour de cette énième réforme n’ont aucun intérêt. La réforme Hollande et la réforme Sarkozy sont comme autant de châteaux de sable face à la marée montante de la mondialisation. Ce sont des jeux à usage des citoyens qui, en république, sont des électeurs…
Comment peut-on demander à des Français de travailler plusieurs trimestres de plus dans sa vie quand il y a dans ce pays plus de cinq millions de vrais chômeurs ? Comment peut-on préparer les retraites d’après 2020 quand chaque mois des fermes disparaissent, des usines sont délocalisées, les emplois existant encore vampirisés par une fiscalité parasitaire, c’est-à-dire tuant à petit feu la structure qui la nourrit ?
Les réformes que l’on nous propose sont des aménagements de la politique mondialiste voulue par ceux qui nous dirigent. C’est de la morphine sociale. La France s’appauvrit. Elle se tiers-mondise. Déjà des banquiers comme ceux de Goldman Sachs affirment que le salaire minimum est trop élevé chez nous. Certains politiques conseillent à nos jeunes gens d’émigrer pour aller gagner leur vie dans d’autres pays.
Après un demi-siècle de Ve république, voilà où en est la France. Qui peut croire qu’une réforme de plus faite par un président de plus pourrait y changer quelque chose ?
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