Draguer les homos

Tribune libre de Robert Ménard*

À l’occasion de la dernière Journée mondiale des donneurs de sang, Marisol Touraine, ministre de la Santé, l’a proclamé haut et fort : les homosexuels hommes devraient bientôt être autorisés à donner leur sang. Jusqu’à présent, ils en étaient exclus en raison d’un risque considéré comme accru de contamination par le virus du SIDA. Et chacun de se féliciter de cette « avancée », de ce « progrès ». Comme si, vous l’avez compris, cette interdiction n’avait été édictée que pour montrer du doigt les homosexuels, preuve supplémentaire des discriminations à leur égard, de l’homophobie régnante. « Il existe au moins 25 000 donneurs masculins exclus à cause leur orientation sexuelle » dénonce le collectif d’associations gay « 25 000 donneurs ». Avant d’ajouter, martial : « Nous exigeons notre réintégration immédiate dans le circuit transfusionnel ! » Ils sont en passe de gagner.

J’en reste bouche bée. Comme si l’Établissement français du sang (l’organisme public chargé de la collecte et du stockage du sang) n’avait en tête que de s’en prendre à ces malheureux homosexuels. En 2010, le nombre de cas de découverte de séropositivité VIH a été, explique l’Établissement, de 6 pour 100 000 pour les hétérosexuels. Et de 758 pour 100 000 chez les homosexuels masculins… CQFD. Le risque d’exposition au VIH est donc 200 fois plus élevé lors d’une relation sexuelle entre hommes que lors d’une relation hétérosexuelle ou d’une relation sexuelle entre femmes. Discrimination, vous dis-je ! Même si elle ne concerne, vous l’avez compris, que les hommes homosexuels et non les lesbiennes… Ne nous arrêtons pas à ce genre de détail.

“La gauche et ses amis ont décidé de dissoudre le réel.”

L’Institut de veille sanitaire a modélisé le risque que constituerait l’ouverture du don de sang aux hommes ayant un seul partenaire sexuel masculin dans les douze derniers mois. Le risque résiduel de contamination transfusionnelle par le VIH pourrait être multiplié par quatre. Ce qui n’empêche pas Marisol Touraine d’expliquer que « le critère de l’orientation sexuelle n’est pas en soi un risque ». Le candidat François Hollande avait d’ailleurs annoncé « des décisions concrètes » pour mettre fin de cette « discrimination ». Décidément.

À quoi bon réfuter, tenter de convaincre, faire appel à la raison ? Toute tentative d’argumentation n’est que preuve de votre homophobie ! On en est confondu : pour faire plaisir à une minorité – forte de relais chez les politiques et dans les médias, certes – on est prêt, au sens propre, à nier l’évidence. Vous souvenez-vous de cette phrase de Bertolt Brecht : « Puisque le peuple vote contre le gouvernement, il faut dissoudre le peuple » ?

Aujourd’hui, la gauche et ses amis vont plus loin. Ils ont décidé de dissoudre le réel lui-même. Qu’importe le prix à payer.

*Robert Ménard est journaliste et fondateur de l’association Reporters sans frontières. Il anime trois rendez-vous quotidiens du lundi au vendredi, à 7h33 et à 8h03 sur Sud Radio et à 17h45 sur I-télé.

> Son blog : robertmenard.fr

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13 Comments

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  • Isidore , 20 juin 2012 @ 11 h 52 min

    Mais comment reconnaitre des homosexuels comme tels ? Ca se voit ou faut-il le deviner ? Sauf s’ils
    se déclarent eux-mêmes,s’ils préviennent.
    En l’absence de n’importe laquelle de ces conditions,on peut supposer que l’interdit n’ a jamais eu force de loi,n’étant pas contrôlable.Alors si certains ont déjà voulu le faire,rien ne les a vraiment empèché(s)(par amour de l’humanité ou pour filer leur chtouille.Autre hypothèse: la communauté ou ses meneurs tiennent,en faisant reconnaitre chacun de ses membres militants comme tel,à démontrer leur pouvoir politique ?
    De toute façon,il n’y aura jamais d’obligation vérifiable de déclaration d’homosexualité,donc ils continueront à faire ce qu’ils veulent,à se déclarer par provocation ou à ne rien dire…..

  • JOB , 20 juin 2012 @ 20 h 15 min

    bizard bizard MR FABIUS se tait pourtant il en connais un morceau au sujet du sang Rappelez vous

  • Million Mireille , 20 juin 2012 @ 23 h 35 min

    Et non quand on a un grave accident circulation (mon cas) en vous emmène à l’hopital (pour 9 mois) dans le coma puis traumatisme cranien on ne vous demande pas votre avis (besoin rurgent de transfusions), à l’époque on prenait aussi dans les prisons, ensuite il a fallu faire un tas d’examens pour savoir si je n’étais pas contaminée. Dans mon cas et beaucoup d’autres votre réflexion “être adulte ou pas ” n’existe plus

  • Gomez Aguilar , 21 juin 2012 @ 3 h 22 min

    Bon, j’ai eu quelques réponses, merci!
    Mais il en ressort que l’un dans l’autre (sans jeu de mots), apparemment intervient une certaine part de “à la grâce de Dieu” dans la sécurisation du sang collecté… Pas très rassurant…

  • bdecastille , 21 juin 2012 @ 13 h 20 min

    Le diagnostic biologique ne peut se faire que plusieurs semaines après la contamination. Et pendant les premiers jours, le malade est hautement contagieux.

  • hector galb. , 21 juin 2012 @ 18 h 41 min

    Marisol Touraine aura t-elle droit à une injection de sang contaminé si la suite de l’histoire devait se terminer en tragédie du type “affaire du sang contaminé” de Fabius. Car il est bien gentil de faire preuve d’idéologie, mais que risquent-ils ces gens qui envoie le pays dans le mur ? Rien.

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