Cette fois, ça y est : le cycle législatif est achevé et la loi ouvrant le mariage et l’adoption aux personnes homosexuelles a bien été promulguée.
J’avoue qu’avant le 24 mars dernier, la simple idée de cette situation me mettait dans un état de colère froide et de désespoir mélancolique. Puis, j’ai compris qu’il se passait en France quelque chose de nouveau, quelque chose que j’attendais sans y croire depuis plus de 15 ans. Maintenant, j’ai confiance.
Mais je crois utile de revenir sur cette fameuse décision du Conseil constitutionnel. Non pas pour la commenter : je laisse cela aux spécialistes du droit, et parce que cela me semble tout bonnement inutile. Je préfère prendre un peu de recul pour revenir sur son contexte, je crois qu’on en apprendra bien plus.
Ainsi, le lendemain de l’adoption définitive de la loi par le Parlement, le ministre des relations avec le Parlement Alain Vidalies affirmait (1) : « On a pris toutes les précautions pour que le Conseil ne prenne aucune décision contre ce texte. » Relisons cette déclaration, lentement et avec grande attention : il n’a pas fait comme tous les autres traîne-rapières au service de ce texte, défendant la qualité de leur travail, il n’aborde jamais les chose sous cet angle. Il dit : « dormez braves gens, tout est arrangé. »
Sur le coup, cette phrase m’avait vraiment marqué, j’étais intellectuellement certain que le Conseil validerait la loi sans l’ombre d’une hésitation. J’aurais du écrire cet article plus tôt, mais hélas j’avais secrètement au cœur l’espoir que le Conseil ferait un « petit » quelque chose. Il faut voir la réalité en face : ce n’était pas de l’espérance, ce n’était que du rêve ; c’était le rêve du petit garçon qui souhaite que son école prenne feu cette nuit pour qu’il puisse échapper à la dictée de demain. C’était juste puéril.
“Les derniers opposants à cette loi qui attendait sincèrement quelque chose du Conseil doivent ouvrir les yeux sur l’état réel de la situation, avec un regard adulte : ce n’est plus ce que le Système produit de mauvais qui est problématique, c’est le Système lui-même qui est devenu le problème.”
Les derniers opposants à cette loi qui attendait sincèrement quelque chose du Conseil doivent ouvrir les yeux sur l’état réel de la situation, avec un regard adulte : ce n’est plus ce que le Système produit de mauvais qui est problématique, c’est le Système lui-même qui est devenu le problème.
Ainsi donc, il nous faut brûler nos derniers vaisseaux. Nous sommes au carrefour des possibles et l’alternative est simple : réussir une transformation efficace de la mobilisation actuelle (ce qui serait trop long à ébaucher froidement ici et maintenant) ; ou bien nous rendormir pour au moins vingt ans, jusqu’à ce que les conséquences des chimères des libéraux-libertaires puissent être constatées et étudiées in vivo.
Ceux à qui le premier terme de l’alternative semble désormais le plus sacré des devoirs doivent se préparer au travers de deux actions concrètes, qui s’influencent mutuellement :
- analyser et comprendre le succès de l’opposition à la loi Taubira, pour ensuite pouvoir construire une suite efficace parce que respectueuse de sa nature et de ses causes réelles ;
- se former, car la culture générale est le terreau indispensable des bonnes décisions : « Au fond des victoires d’Alexandre, on retrouve toujours Aristote » disait de Gaulle.
À suivre…
1. http://www.lepoint.fr/politique/mariage-homosexuel-vidalies-pas-du-tout-inquiet-d- une-censure-24-04-2013-1658532_20.php
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