« Je suis le chemin, la vérité et la vie » disait le Christ. Entre la plus grande fête chrétienne et l’élection la plus importante pour la France, il n’est pas interdit de se livrer à une réflexion sur les relations entre la politique et les religions. L’actualité nous y invite à plus d’un titre. François Fillon s’est autorisé à se dire chrétien et à assister à une messe de Pâques dans une église copte en témoignage de solidarité à l’égard des victimes de deux attentats islamistes contre les chrétiens d’Egypte. Cette liberté de parole et ce geste symbolique n’ont pas manqué de faire réagir les ayatollahs de la laïcité. Dans notre France déconstruite, le sectarisme qui se dit laïque vise toujours davantage le christianisme que les autres religions puisqu’il s’agit avant tout pour lui de pourchasser toute trace d’une identité qui le révulse de manière de plus en plus pathologique. Le processus qui consiste à appuyer la haine de soi sur la discrimination positive conduit d’ailleurs à mieux traiter l’islam comme « religion des colonisés » que le christianisme. La crèche à la mairie de Béziers est condamnable. Fêter la fin du ramadan à la mairie de Paris est l’expression d’une laïcité d’ouverture, de compensation et surtout d’ »autrisme » militant parfaitement inepte. Patrick Buisson, qui peut aussi dire des bêtises, a vu paradoxalement dans Mélenchon, « bouffeur de curés à l’ancienne », et adversaire de l’enseignement libre, le candidat le plus chrétien. Certes, l’Eglise catholique a une dimension plus sociale que libérale, mais si elle proclame la supériorité du spirituel sur le matériel, de la charité sur l’individualisme, elle se conforme bien au message politique essentiel du Christ : « Mon Royaume n’est pas de ce monde ». Elle inspire la politique, la sanctifie parfois, mais ne l’absorbe pas. Il y a une « doctrine sociale de l’Eglise », mais il n’y a pas d’Etat catholique, absolument parlant, si on excepte le Vatican… et encore. Quant aux protestantismes, Max Weber a montré à quel point leur éthique libérale-conservatrice a joué un grand rôle dans le développement du capitalisme. En revanche, ce qui distingue Mélenchon est aux antipodes de la pensée chrétienne, sauf lorsque certaines des idées évangéliques deviennent folles et lui font confondre la charité avec le communisme et le paradis avec la société sans classes. Mélenchon est dans la tradition de la politique toute puissante, de l’Etat démiurge qui peut faire le bonheur des hommes sur la terre. Son programme dénué du moindre réalisme, son admiration absurde pour la révolution bolivarienne le montrent bien. On peut d’ailleurs trouver sur ce dernier point un rapprochement entre le prétendu christianisme du candidat d’extrême-gauche et la dérive de la théologie de la libération que Jean-Paul II avait condamnée. L’absence de spiritualité, de transcendance, comme le pouvoir sans limite accordé à l’homme appartiennent au matérialisme. Simplement, celui de Mélenchon est collectif, et implicitement totalitaire, quand celui de Macron, le social-libéral libertaire, est un matérialisme individualiste. Mélenchon se rêve en petit père des peuples et Macron pense que les jeunes devraient rêver d’être milliardaires : ces deux rêves de puissance ne sont chrétiens ni l’un ni l’autre.
Pourtant, chez Macron, il y a du christianisme subliminal. L’idée de « Marche » est au coeur du christianisme et l’inspiration qu’il simule fait de lui un prédicateur plus qu’un orateur politique. L’appel des disciples, les miraculés qui se lèvent et qui marchent, le pèlerinage, le chemin à prendre pour suivre le christ, sont des paradigmes inscrits dans la mentalité chrétienne. A certaines époques, ils ont suscité des mouvements millénaristes aussi irrationnels que voués à l’impuissance et à l’échec. L’excellent film « Forrest Gump » avait illustré ce phénomène de façon drôlatique. L’utilisation de ce thème par un manipulateur cynique est particulièrement inquiétante. Les Français devraient comprendre que Macron tente de les « faire marcher », et certains sont pourtant prêts à courir. Non seulement il n’est pas le chemin ou peut-être puisqu’il se dit philosophe est-il ce « chemin qui ne mène nulle part » à la manière de Heidegger, mais surtout, il n’est pas la vérité. Il est même un fieffé menteur ! Combien de fois soutiendra-t-il, à la manière de Cahuzac, en regardant son interlocuteur dans le blanc des yeux, un mensonge éhonté ? C’est ainsi qu’il dément, en répondant à une question de Dupont-Aignan, avoir participé au rachat d’une partie d’Alstom par Général Electric, en tant que banquier, mais c’est parce qu’il était entre temps arrivé à Bercy à la suite de Montebourg et permettait bel et bien ce que celui-ci refusait ! Alain Minc, l’un de ses parrains avec Attali et Jouyet, résume ses qualités : pour être banquier d’affaires, il faut être une « pute » ! Socialiste un jour, et plus du tout le lendemain, ni à gauche, ni à droite, mondialiste et enraciné, Macron ne serait-il pas l’Alcibiade des temps modernes ? Séducteur sans conscience, démagogue sans limite, il n’est que le reflet de ceux à qui il parle pour mieux être le vecteur d’un arrivisme effréné et d’une surestimation de soi démesurée ! Quant à la vie, chacun sait qu’il est un « progressiste sociétal » à défaut de social, qui se situera dans la lignée de ceux qui l’ont lancé comme une bouée de sauvetage, ceux qui durant cinq ans ont détricoté la politique familiale, favorisé l’avortement et instauré le mariage unisexe.
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