Z comme Zemmour. “Jusqu’au bout, Nicolas Sarkozy tentera pourtant de conjurer la malédiction Giscard. Jusqu’au bout, il songera qu’ils n’ont rien à voir : pas la même allure, pas le même nom. Jusqu’au bout, il se dira que sa campagne est autrement plus combative que ne fut celle de son illustre prédécesseur confiné dans ses hautaines certitudes.
Pourtant, lui aussi jouera son va-tout un brin désespéré sur le débat télévisé de l’entre-deux-tours. Sarkozy est même allé jusqu’à reprendre un des slogans de la campagne de Giscard : une France forte. Pour finir comme il avait commencé, sous les auspices giscardiennes de la jeunesse, les deux seuls quinquagénaires de l’histoire de la Ve République à l’Élysée. Giscard descendait les Champs-Élysée à pied quand Sarkozy faisait la fête au Fouquet’s. Photographié en famille, Sarkozy a même fait un enfant à l’Élysée. On appelait l’un VGE, l’autre Sarko : l’ère des sigles, des abréviations, des contractions à l’américaine, désacralisation du monarque républicain. Mais aucun des deux hommes n’a compris que les Américains, eux, avaient Dieu au-dessus de leur tête, alors que nous, Français, n’avons de sacré que notre République.
Giscard se rêvait en Kennedy, Sarkozy a promis à Cécilia puis à Carla qu’elle serait sa Jackie. Giscard prenait des bains dans une piscine avec Gerald Ford, Sarkozy mangeait des hot dogs avec George Bush. Giscard s’est rabiboché avec l’Amérique après les grandes ruptures gaulliennes. Sarkozy a réintégré l’OTAN. Giscard a préparé la monnaie européenne, Sarkozy a tout fait pour la sauver. Ils ont tous deux commencé par une relance budgétaire et fini par la rigueur. Tous deux ouvrirent leur mandat au centre-gauche et l’achevèrent à droite. C’est Giscard qui, le premier, parla d’identité nationale, proposa la loi du retour aux immigrés après leur avoir permis le regroupement familial. Et c’est son ministre Alain Peyrefitte qui tenta de concilier sécurité et libertés. Ils ont tous deux rendu inutiles leur premier ministre, ils ont tous deux été incapables de s’en défaire : Raymond Barre ou François Fillon. Giscard a nommé les premières femmes ministres de la Ve République. Sarkozy y a ajouté la diversité. Sarkozy, plus encore que Giscard, a fait de son gouvernement un testing…”
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