« L’analyse » de Christophe Barbier » ce matin est un morceau d’anthologie. Ce commentateur toujours sûr de lui-même, à force de n’exercer aucune responsabilité politique, est un phare du microcosme journalistique parisien, un phare qui éclaire toujours dans la mauvaise direction. Il a participé à l’enterrement de Fillon, à la célébration du génie macronien, au barrage contre le populisme. Depuis quelque temps, son adhésion se faisait plus critique. Cette fois, il verse dans le réquisitoire pour pointer les insuffisances du pouvoir, de la préfecture jusqu’à l’Elysée, et cela bien sûr au nom d’une clairvoyance rétroactive, jamais prise en défaut. Le Préfet de police de Paris est incompétent, le Ministre de l’Intérieur absent, et le Président skie en pensant qu’il a tout réglé avec un grand débat qui le laissera bien dépourvu quand le blizzard des gilets jaunes soufflera à nouveau. Et, avec une lucidité tardive, mais ô combien réjouissante, le devin en marche arrière s’interroge : « on se demande si le Président ne se fait pas trop confiance, à lui-même ». Cette découverte est un aveu, celui de la caste superficielle que notre pays subit : elle a été séduite par une image, celle d’un homme brillant, jeune qui allait animer le spectacle quotidien vendu par les médias, et patatras, la réalité inquiétante de la psychologie présidentielle déchire enfin le rideau. Elle n’avait pas échappé à ceux qui pensent que l’expérience et la rencontre des difficultés sont une bien meilleure école que l’ENA ou Sciences Po.
Le narcissisme d’Emmanuel Macron est un danger pour le pays. C’est lui qui lui a permis de séduire pendant la campagne. C’est encore lui qui lui a inspiré un début de mandat jupitérien qui a flatté notre vanité nationale. Mais c’est lui qui l’a empêché de percevoir l’importance de l’affaire Benalla, laquelle a durablement fissuré son image. C’est toujours lui qui lui a fait distiller des phrases méprisantes à l’encontre d’un peuple qui commençait à subir les conséquences d’une politique injuste et fiscalement insupportable. C’est ensuite lui qui l’a conduit à imaginer que sa tournée du grand débat, et sa maîtrise rhétorique allaient clore la révolte des gilets jaunes. C’est enfin lui qui a suggéré d’aller skier puisque le mouvement déclinait. Macron compte sur les « Européennes » pour consolider sa majorité. Mais, là encore, il a présumé de ses forces en voulant être le champion d’une Europe refondée sur la victoire du progressisme sur le nationalisme. Sa « Tribune » européenne a reçu une réponse, pleine de dédain, de la nouvelle patronne de la CDU allemande. Le « maître des horloges » ne sait manifestement plus quelle heure il est, et quelles cloches vont sonner à ses oreilles.
Le samedi 16 Mars restera comme la preuve du contraire de ce que les naïfs pouvaient attendre de l’élection d’Emmanuel Macron, l’arrivée de la compétence au pouvoir. Pour la transparence et l’éthique, il savaient déjà, depuis Benalla, qu’ils avaient été trompés. Le pouvoir a, en effet, atteint un sommet d’incompétence. Incapable de mettre fin à un mouvement anarchique qui se déroule depuis plus de quatre mois, il avait cru s’en défaire, d’une part par un dénigrement systématique, d’autre part par le placebo du débat national. Tout a été tenté pour salir les gilets jaunes : on a d’abord essayé de les diaboliser à droite, traités de « chemises brunes », de racistes, d’antisémites et d’homophobes, souligné leur violence et leur bêtise destructrice. La question se pose d’ailleurs de savoir jusqu’à quel point, certains débordements n’ont pas été facilités dans l’espoir d’en tirer profit auprès de l’opinion. Le dernier samedi aura balayé cette stratégie du pourrissement : un Etat accusé de lever trop d’impôts et de taxes n’est même pas capable d’assurer la protection de l’avenue la plus célèbre du pays !
La venue des « black-blocks » était annoncée, et cette annonce avait été faite par Castaner lui-même. Le dispositif policier avait été augmenté avec 5000 membres des Forces de l’Ordre mobilisés sur Paris … mais 12 compagnies de CRS étaient réservées à la protection de l’Elysée ! Le Ministre, qui est là uniquement en raison de sa proximité, et sans doute de sa servilité à l’égard du Chef de l’Etat, avait doctement répété la stratégie de ses acolytes, le Secrétaire d’Etat et le Préfet de police : faire des Champs Elysées une nasse ! Pour le coup, ça a marché. Les black-blocs se sont emparés de la vitrine de Paris et ont tout cassé. Xavier Raufer ( à 9 mn : https://www.breizh-info.com/2019/03/14/114261/debat-la-police-fait-elle-un-usage-excessif-de-la-force-video) a montré que ces militants d’extrême-gauche, venant parfois de l’étranger, étaient connus, fichés, suivis… Il était possible de les interpeller en amont. Il aurait d’ailleurs été nécessaire de les mettre hors d’état de nuire depuis des années qu’ils manifestent violemment dans notre pays, mais l’oligarchie médiatico-politique préfère reconnaître l’extrême-droite dans un drapeau picard : c’est politiquement plus correct… La dernière excuse s’appuie sur le changement des projectiles de LBD, en raison des blessures subies par les gilets jaunes. Comme s’il n’était pas facile de distinguer un casseur d’un manifestant pacifique ! Canon à eau contre manifestation interdite, et tir, y compris à balle réelle, contre un incendiaire maniant un cocktail molotov : il est temps de mettre fin au syndrome Oussekine !
Le pouvoir a voulu jouer au plus malin parce que le Président surestime ses capacités. C’est la triste conclusion pour le pays. Un général qui perd une bataille par son incurie doit évidemment être limogé ! Castaner doit démissionner immédiatement, Macron, le plus vite possible. Il faut que les Français retournent aux urnes !