Prenant acte de la timidité des propositions remises par les experts de Terra Nova, le groupe de hauts fonctionnaires, de financiers, de journalistes et de syndicalistes socialistes connu sous le nom de « groupe Attila » a décidé de se muer en un authentique think tank au nom programmatique de « Tabula Rasa ». Coupant l’herbe sous les pieds de ses concurrents, le groupe a d’ores et déjà remis à l’Élysée une série de rapports dont nous avons pu nous procurer la copie.
Concernant la politique familiale, Tabula Rasa veut rompre radicalement avec les hésitations et les demi-mesures de Terra Nova : parmi ses 457 propositions, on peut retenir le projet d’inversion du quotient familial : plus le nombre d’enfants sera élevé, plus les parents paieront d’impôt. Une exemption est cependant prévue pour les personnes d’origine étrangère, pour les disciples des « religions minoritaires apparues tardivement sur le sol républicain » ou encore pour les « nouvelles formes de famille » dont les enfants ont été conçus par PMA ou GPA. Au carrefour de la politique familiale et de la lutte contre les stéréotypes sexués, le groupe propose de doubler l’impôt sur le revenu des couples dans lesquels seul le parent 1 travaille dès lors que ce parent 1 est un homme, mais de supprimer l’impôt pour les couples dans lesquels le parent 2 de sexe féminin travaille mais pas son conjoint 1 sauf si ce conjoint est aussi de sexe féminin. Les couples monoparentaux ou polyparentaux (dans la limite de sept personnes par couple) seraient également exemptés.
Concernant la défense de la laïcité, le laboratoire d’idées se déclare résolument en faveur d’une discrimination positive des religions. L’idée serait de supprimer les interdictions stigmatisantes du type niqab ou la dénomination péjorative de « sectes » afin d’aboutir à une acceptation globale de toutes les pratiques et revendications philosophico-religieuses à l’exception des pratiques chrétiennes qui seraient interdites sur l’ensemble du territoire français afin de compenser l’avantage que leur donne l’antériorité de leur présence. Il en serait de même au niveau de l’attribution de la citoyenneté qui serait automatiquement accordée à tout ressortissant étranger qui ne prendrait pas de lui-même l’initiative de la refuser tandis que les enfants nés de deux citoyens français devraient faire une demande officielle à l’âge de 18 ans et réussir une épreuve de langue étrangère au choix (arabe ou bambara) ainsi qu’un QCM intitulé « Ouverture des esprits et des frontières ».
Concernant la politique scolaire, le rapport préconise un étalement des heures d’enseignement sur sept jours ouvrables mais concentrés sur le créneau 5h30/8h30, le restant de la journée étant consacré à des activités ludiques ou informatives du type réalisation de colliers de nouilles pour les élus socialistes de la circonscription ou écriture de poèmes à la gloire d’Harlem Désir ou François Hollande. Des ateliers de rééducation sont également suggérés de manière à apprendre aux petites filles à faire pipi debout et aux garçons à se coincer le zizi entre les cuisses de manière à le faire disparaître. Les experts de Tabula Rasa songent également à généraliser de bénignes opérations chirurgicales qui rendraient à terme inutile ce genre d’ateliers. On pourrait par exemple prélever un testicule sur chaque garçon pour le greffer sur sa sœur. Pour les petites filles uniques, des expériences sont à l’étude avec des testicules de bonobos. Quoi qu’il en soit, ce nouveau cadre scolaire respectera mieux les rythmes biologiques de l’enfant et lorsque ses parents pourront venir le chercher – aux alentours de 22h30 – chacun pourra profiter d’une vie de famille plus harmonieuse.
Concernant la politique de santé, le groupe propose d’euthanasier systématiquement les personnes âgées ou les malades incapables de financer les frais de leur prise en charge. Les experts les plus progressistes songent même à euthanasier les chômeurs (de nationalité française seulement), les alcooliques, les fumeurs, les chasseurs, les partisans de la Manif pour tous, les adolescents bruyants et ceux qui jettent des détritus sur la voie publique. La frange la plus audacieuse aurait même émis l’hypothèse d’euthanasier dès la naissance les enfants dont les parents ne seraient pas en mesure de certifier qu’ils auraient clairement exprimé un désir de vivre. Géniteur et parent n’étant pas synonymes, des éducateurs des services de santé pourront dans certaines circonstances (indigence ou tendance politique inacceptable des géniteurs) assumer le rôle de parents et se prononcer sur le désir de vivre de l’enfant.
Mais que c’est beau, cette audace, cette générosité, cette modernité assumées, ce progressisme décomplexé, cet humanisme républicain. On en aurait presque la larme à l’œil… Rien à voir avec les demi-mesures de Terra Nova !
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