Lettre à Cyrano

Mon cher Cyrano,

Bon Dieu ! Ils ne t’ont pas épargné ! Je sais bien que l’attaque en meute, à dix contre un, est une de leurs sales habitudes mais là, ils n’y sont pas allés de main morte.

Tu as eu droit à la longue litanie des signes de ta prétendue « déchéance personnelle ». Ils t’ont accusé d’être querelleur, bagarreur même parfois, de trop aimer la bonne chaire et de ne pas boire avec suffisamment de modération. Aidons-les à compléter la liste, veux-tu ? Tu aimes aussi les femmes – surtout les plus belles –, tu es un ami fidèle, un père aimant qui protège son enfant envers et contre tout, un créateur et un poète dans l’âme, un entrepreneur audacieux et – pour parfaire le tableau – tu es un homme libre. En somme, tu es un Français selon notre cœur ; c’est pour ça qu’ils te détestent et c’est pour ça que nous, tes compatriotes, nous t’aimons.

Mais le pire, sans doute, c’est qu’ils t’ont accusé de trahir ton pays. J’enrage ! Toi, Cyrano, un traître ? Toi qui as su si bien faire rimer notre belle langue ? Toi qui as si magnifiquement incarné notre histoire ? Toi qui as tant donné, sans même évoquer les impôts qu’ils te soutirent depuis tant d’années, à notre beau pays ? Je fulmine ! Il est vrai que tu aurais pu, à l’image de la meute des journalistes qui s’acharne contre toi, monnayer subsides et avantages fiscaux contre quelques mots de soutient à l’équipe en place. Mais tu n’es pas de ces hommes qu’on achète ; tu es trop libre, trop fier, trop droit pour t’abaisser à des manœuvres de larbin. Alors, quand la situation t’est devenue insupportable, tu en as tiré la seule conclusion qui s’imposait : la mort dans l’âme, tu as choisi l’exil.

L’exil. Mon Dieu ! Comment ne pas mesurer ce qu’une telle décision a dû te coûter mon vieux Cyrano ? Toi qui aime tant ce pays et qui, comme nous autres, crève de le voir chaque jour s’enfoncer un peu plus dans la fange. Quand tu as annoncé ton départ, pas un seul de ces imbéciles n’a même imaginé que le choix d’un pays cousin et, plus encore, d’un village situé à quelques encablures de nos frontières était avant tout la marque de ton amour pour cette terre qui t’a vu naître : l’exil oui, mais pas trop loin. Faut-il qu’ils se moquent de leur pays pour ne pas comprendre le déchirement, le déracinement de celui qui fait un tel choix ?

Mais le summum de l’infamie a été atteint quand ils ont voulu te déchoir de ta nationalité. La peste soit du fat qui a osé ! Qui est donc ce fâcheux qui se croit autorisé à manier de telles menaces ? Ont-ils oublié que le dernier à l’avoir fait n’était autre que le sinistre Pétain ? Ont-ils oublié qu’à l’époque, les « traites » étaient ces hommes courageux qui pensaient que l’honneur était à Londres ? Ah les rats ! Les parasites ! Ils sentent que le bateau coule et, plutôt que de cesser de ronger la coque, ils préfèrent jeter le capitaine en pâture aux requins.

Maintenant, je dois bien te l’avouer, j’ai bien cru que tu allais te laisser faire. J’ai cru, un traître instant, que tu subirais l’affront sans mot dire ; que comme un vieux lion trop fatigué, tu partirais la queue entre les jambes. Mais quel démenti ! Quel panache ! Ce dimanche matin, j’ai retrouvé mon Cyrano ; chargeant sabre au clair ; à un contre cent – que dis-je cent – ils étaient mille !

Mais aujourd’hui, tu dois te sentir bien seul mon vieux Cyrano. Je ne sais pas si cette lettre te trouvera mais je devine d’ici le vide béant qui s’est ouvert dans ton cœur, la boule qui te noue l’estomac. Aussi, même si ça ne suffira sans doute pas à te remonter le moral, il est deux ou trois petites choses que je veux te dire.

La première chose, c’est que du dois partir la tête haute. Tu n’a pas démérité ; bien au contraire. Chaque centime que tu as gagné, au cours de ces quarante-cinq longues années de carrière, tu l’as mérité. C’est nous, tes compatriotes, qui te le disons : cet argent est le tien, c’est le fruit de ton travail, de ton talent et des risques que tu as pris ; c’est la mesure exacte du bonheur que tu nous as donné pendant toutes ces années ; tu ne nous dois rien, nous sommes quittes, mille fois quittes. Ils instruisent contre toi un procès en immoralité parce que tu refuses que l’on te vole plus que tu ne l’as déjà été ? La belle affaire ! Qu’ils nous expliquent quelle sorte de moralité il y a à vouloir vivre aux dépens d’un autre homme.

Aussi, tu dois savoir que ton départ est pour nous tous une bonne chose. Oh, bien sûr, tu vas nous manquer et je sais bien que, toi parti, c’est nous qu’ils vont essayer de tondre. Mais rappelle-toi ce que je te disais plus haut : c’est gens-là sont des parasites, des sangsues qui ne vivent est prospèrent qu’en suçant notre sang. En les privant de subsistance – et Dieu sait qu’ils ont faim, les bougres ! – tu hâtes leur déclin et, à terme, tu nous auras finalement rendu un fier service. Aussi, je t’en conjure Cyrano : ne leur laisse pas une miette, nettoie tout derrière toi et tiens-toi hors de portée. Laisse donc les matons agiter leurs sébiles et vouer aux gémonies les évadés fiscaux de leur prison fiscale ; profite de la vie et ne t’inquiète pas pour nous.

Enfin, si le sort t’a désigné pour être le symbole de notre colère, saches que tu n’es pas seul. Quoiqu’ils disent et quoiqu’ils fassent, tu es et tu resteras l’un des nôtres et nous reconnaitrons en toi l’un de nos compatriotes. « Où réside la Liberté, écrivait Benjamin Franklin, là est mon pays. » Voilà notre patrie, mon cher Cyrano ! C’est de cette France là que nous – toi, moi et tant d’autres – sommes les citoyens ; cette France de 1789, une nation d’hommes libres qui goûtent fort peu les abus du pouvoir – notamment en matière fiscale. Peu importe ces bouts de papiers dont ils menacent de te priver et que tu te proposes de leur jeter au visage : tu es, je le répète, et tu resteras notre compatriote.

Allons mon vieux Cyrano, j’en ai déjà trop dit. Haut les cœurs ! Disons nous adieu, au sens que ce mot revêtait autrefois, en espérant que nous n’aurons pas à attendre jusque là pour pouvoir revivre ensemble dans le pays de nos pères. D’ici là, porte toi bien, fais donc un régime et n’oublie pas ceux qui sont restés. À ta santé !

> le blog de Georges Kaplan

Sur ce sujet, lire aussi :
> Éric Zemmour : « Gérard Depardieu n’est pas Danton, Obélix, Cyrano mais avant tout et pour toujours Jean-Claude dans Les Valseuses »
Affaire Depardieu : Copé dénonce « un matraquage fiscal »
Le socialisme, un drame pas drôle ! par Christian Vanneste
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39 Comments

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  • 0 / 10
  • marie-france , 19 décembre 2012 @ 11 h 55 min

    d’accord avec vous Dugast

  • Amarok2005 , 19 décembre 2012 @ 11 h 56 min

    je ne suis pas un fan de DEPARDIEU que je trouve vulgaire, et un peu trop cogneur (surtout quand il a bu un coup de trop ce n’est pas arrivé qu’une fois, mais bon c’est son problème, il a gagné énormément d’argent en France, mais c’est le sien, il en fit ce qu’il en veut (d’ailleurs il s’est bien protégé en plaçant bien celui-ci). c’est son choix de choisir un autre pays que le sien pour y vivre, car c’est son intérêt, il en a peut-être marre de payer trop d’impôts pour tous ces gens qui sont arrivés en France pour bénéficier de tous les avantages qu’on leur offrent, retraites, alors que l’on a pas ou peu contisés à partir de 65 ans dès que l’on arrive sur notre sol, l’AME, dont les bénéficiaires ne paient même pas les médicaments non génériques, alors que l’on oblige les Français à les prendre, faute de quoi, depuis juin dernier, ils doivent en faire l’avance, les grandes fortunes ont quitté le bateau France, (artistes, gros industriels, chanteurs), etc,etc, cela devrait faire réfléchir le gouvernement, à ce stade là, dans quelques années, surtout avec ce chômage galopant, l’on ne pourra plus payer les retraites, il n’y aura plus qu’une solution la révolution, car la faim fait sortir le loup du bois, en attendant, nos gouvernants se gavent bien, et oublient aussi de dire qu’une partie de leur fortune est à l’étranger, à commencer par notre président avec ses SCI en Angleterre, mais chut….d’ailleurs, il ne faut pas oublier que nous ne sommes pas au courant de ce qui se passe dans les ors de l’Elysée à près de 75% peut-être plus, les plus menteurs sont les médias

  • marie-france , 19 décembre 2012 @ 11 h 56 min

    d’accord avec vous François 2

  • passim , 19 décembre 2012 @ 14 h 13 min

    Bien dit, Georges.
    Bien fait, Gérard.
    La France moisie des fonctionnaires, des règlements liberticides, de l’oppression fiscale, des politiciens véreux, du grand remplacement et des escrocs donneurs de leçons, je l’ai quittée il y a douze ans, et je m’en trouve fort bien.
    Cette France moisie, je la reconnaitrai à nouveau comme la mère patrie quand les rats auront quitté le navire.

  • sylve34 , 19 décembre 2012 @ 14 h 31 min

    En effet…pourquoi lâchement faire endosser toutes les turpitudes au “Maréchal PETAIN” et ‘insulter de la sorte à travers ces ignobles mots
    , ce grand homme quii sauva la France et qui fût tant estimé…respecté… et adoré par des millions de Français…d’ailleurs bien manipulés en 40 par ceux qui continuent à la détruire
    (les mêmes déscendants….exempts de malfaisances et donneurs de leçon de morale à tout va…bien sur)
    en son temps pourquoi avait -ils justement choisi le MARECHAL PETAIN..ce grand vainqueur de Verdun…..d’abord pour sa haute réputation..pour sa grande honnêté….pour son prestige …mais ..rien que l’idée d’aller chercher un nonagénére ne vous apporte-t’il pas la preuve de leur manipulation.?…
    .ne vous en déplaise…..je venais juste de naître donc je ne l’ai pas vécu mais quand on sait lire ailleurs que chez les “grands penseurs”….qui répètent ce qu’ils ont entendu….et se renseigner ailleurs chez ceux qui ont vécu … sans à priori …on réfléchit et on se construit !…
    quant à la visite en Algérie…comment un président de la république qui se respecte lui et sa fonction ….peut il choisir l’année de l’anniversaire de la victoire de l’armée française sur la rébellion , dans ce geste, en y faisant une défaîte… en honorant un pays que nos ancêtres ont construit et que son parti idéologique a approuvé ainsi que la guerre qu’ils nommaient évènements……..et par là “CRACHER SUR LES TOMBES ” de tout ceux qui ont oeuvré 130 ansà en faire un pays…..qu’ils on mis tout juste 50 ans à détruire…..comment peut il oublier les atrocités commises envers les français et Harkis d’Algérie, leur exode dramatique et balayer cela d’un revers de main…..il est à l’image de la sociétè décadente qui préfèrent le “mal au bien”…le faux du vrai….. en quelque sorte honorer la destruction !!!!!
    pour terminer….le nombre impressionnants d’accompagnateurs , plus dans les soutes des valises de billets……..plus la symbolique….
    en cette période de crises…les vieux français apprécieront. !!!!!!!…..ils n’ont pas voulu l’ALGERIE FRAN9AISE …Ils auront trè bientôt l’ALGERIE ALGERIENNE…..(les interventions plus haut le prouvent…..)….

  • le nouveau croisé , 19 décembre 2012 @ 14 h 54 min

    Monsieur,
    Avant de critiquer, apprenez à vous exprimer en bon et vrai français !

  • le nouveau croisé , 19 décembre 2012 @ 15 h 02 min

    Je n’ai que quelques mots à écrire,
    “chapeau l’artiste” et bienvenue au club des vrais français,
    ” tu es de ma famille, tu es de mon sang !”

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