Un billet d’Isabel Orpy
Notre société si compassionnelle est sans pitié pour la maigritude !
Jamais, l’on parle des drames de la maigre, la véritable maigre avec quinze kilos de moins que la norme en vigueur.
Tout d’abord, évoquons le regard des autres…
Pour peu qu’elle ne soit pas bronzée, la maigre subit des oeillades au mieux apitoyés, souvent gênés, sous-entendant anorexie ou autre maladie grave… voire contagieuse.
Et quand on découvre qu’elle est spontanément maigre : nulle compassion !
La maigre est une sacrée veinarde qui peut tout bouffer sans prendre un gramme.
Ce qui est hélas son drame !
Sans formes, elle est donc sans attrait pour la gente masculine.
Et la maigre se retrouve sans copine, sans mec, dédiée à des jobs où on ne la voit pas car elle fait peur et qu’elle est en plus mal habillée.
Et oui !
Si nombre de marques déclinent tailles et modèles pour enrobées ou très enrobées, à condition de cumuler son handicap avec très petite, la maigre ne peut choisir sa garde robe qu’au rayon enfants….
Si elle est maigre est riche, elle peut s’offrir les joies du sur mesure.
Cependant, considérons une maigre banale, ni minuscule ni milliardaire, il lui faut soit s’affubler d’immenses sacs taille 36, soit enrichir le retoucheur de son quartier, donc s’appauvrir plus encore… car elle se ruine déjà en bouffe.
Désormais, aimons les maigres, protégons-les, comme tous les maltraités de notre société tels les garra rufas.
Ne vouons plus les maigres à la solitude et à la pauvreté !
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