Un seul sujet a envahi l’actualité, ce jour : des policiers sont allés chercher la fille d’un immigré clandestin dans un autocar qui transportait des élèves de l’école au sein de laquelle elle était scolarisée. Il y a dans le retentissement médiatique donné à cette banale application de la loi des enseignements terribles pour l’évolution de notre pays.
Le premier, c’est que le pays de Descartes, celui de la raison, se laisse submerger par l’émotion au point de devenir idiot. Les associations qui soutiennent, contre la loi, l’immigration illégale, de nombreux élus de gauche se disent choqués et crient au scandale. Leurs arguments sont irrecevables. Certains n’hésitent pas à déclarer l’école intouchable, à défendre sa « sanctuarisation », sans prendre conscience, pour des esprits laïques comme M. Peillon, de cette curieuse intrusion d’un vocabulaire religieux. Il est pourtant évident que l’école de la République, comme ils se plaisent à dire, est non seulement soumise sans réserve à la loi, mais doit même être un exemple sans faille de son application puisqu’elle est censée éduquer de futurs citoyens. Le problème ne vient donc pas de l’intervention de la police jugée humiliante pour cette élève aux yeux de ses camarades, mais de l’absurdité de la scolarisation d’une immigrée clandestine dont les parents sont restés en France trop longtemps et sans travail, en raison de la lenteur des procédures et des recours qui les protègent. Un autre argument consiste à élever au-dessus des lois des principes ou des valeurs qui interdiraient moralement leur application. Venant de ceux qui ont refusé cette position aux adversaires du « mariage homosexuel », c’est déjà cocasse, mais on peut approfondir la question. L’opposition au mariage unisexe était fondée sur l’anthropologie, sur des données naturelles, les sexes, qui ne dépendent en rien de la société et sur une longue tradition culturelle qui lui permettait de se réclamer de la piété d’Antigone. Ici, on a seulement cette manie de la gauche française de croire que son idéologie détient la vérité envers et contre tout. Lorsque la loi est conforme à celle-ci, rien n’a le droit de s’y opposer. Lorsque la loi la contredit, alors l’idéologie doit l’emporter. On se souvient de « la force injuste de la loi » dans la bouche de Mitterrand.
“À l’heure où la France affronte des difficultés considérables sur le plan économique et social, en matière de sécurité, où elle doute à la fois de son avenir et de la capacité de ceux qui ont la charge politique de le construire, elle découvre que les politiciens peuvent accorder plus d’importance à un fait isolé, qu’a surexposé l’émotion médiatique, qu’aux vrais problèmes du pays, au point de mobiliser l’Assemblée, de conduire des élus à réclamer la tête du Préfet, d’amener le Premier ministre à évoquer un possible Canossa, et de poussser le Défenseur des droits à se saisir de la question.”
Si la France est un pays de droit, ce qui est d’ailleurs en partie contestable, elle le doit au respect d’un principe qui est celui de la hiérarchie des normes, lequel n’est pas remis en cause ici. C’est en application d’un arrêté que l’adolescente a dû accompagner ses parents expulsés vers leurs pays d’origine après le rejet légal de leurs demandes de séjour ou d’asile. Le regroupement familial ne doit pas être à sens unique. La loi, qui encadre cette procédure, a été déclarée conforme à la constitution et aux conventions internationales. Le Kosovo ne fait pas partie de l’Union européenne, et ses ressortissants n’ont aucun droit particulier à s’installer en France. Cette province serbe majoritairement peuplée d’Albanais a acquis son indépendance grâce notamment à l’intervention française. On peut certes s’interroger sur les conséquences négatives de nos « ingérences », lorsque celles-ci ont créé une anarchie qui explique en partie l’émigration… Dans ce cas précis, on peut même comprendre que la question de l’asile puisse se poser pour les Serbes orthodoxes de ce pays et que des chrétiens aient un mouvement de solidarité envers eux. Mais rien n’autorise un politique à contester l’application de la loi nationale au nom d’une préférence « étrangère » qui devient par trop systématique.
Mesure-t-on l’absurdité de la proposition que font certains d’annuler l’expulsion et de faire revenir en France toute la famille. La jeune Kosovare, qui a bien appris sa leçon, a parlé de la « honte » de la France. Et certains de nos « responsables » seraient prêts à imposer à notre pays de la boire jusqu’à la lie. Il faudrait que celui-ci, la corde au cou, vienne dire qu’il a le tort d’appliquer les lois de la République à des étrangers qui sont venus s’installer chez lui sans lui demander son avis. Bien sûr, du même coup, il dirait à tous ceux qui veulent prendre le même chemin, que celui est grand ouvert et qu’ils sont les bienvenus. À l’heure où la France affronte des difficultés considérables sur le plan économique et social, en matière de sécurité, où elle doute à la fois de son avenir et de la capacité de ceux qui ont la charge politique de le construire, elle découvre que les politiciens peuvent accorder plus d’importance à un fait isolé, qu’a surexposé l’émotion médiatique, qu’aux vrais problèmes du pays, au point de mobiliser l’Assemblée, de conduire des élus à réclamer la tête du Préfet, d’amener le Premier ministre à évoquer un possible Canossa, et de poussser le Défenseur des droits à se saisir de la question. Combien de Français doivent se dire aujourd’hui qu’ils souhaiteraient aussi susciter un tel intérêt !
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