Partie 3 : les preuves irréfutables | Partie 2 | Partie 1
Comme il fallait s’y attendre, ces demandes indéfendables déboucheront sur des affaires pour le moins horribles. Nous parlerons d’abord de celles qui défrayèrent la chronique dans les années 80, puis de celles, plus récentes, des années 90 et 2000.
Commençons par la fameuse affaire du Coral. En 1982, après que plusieurs enfants, pensionnaires de ce « lieu de vie » (accueillant des enfants handicapés) eurent dénoncé des actes notables de violences sexuelles à une voisine, l’un de ses animateurs se rendit à la police pour effectuer un témoignage dans le même sens. Il précisa qu’un réseau impliquant de nombreuses personnalités, issues des milieux journalistique, artistique, judiciaire et politique, dont un ministre de l’époque, tournait autour du Coral, et que des photos de ces viols d’enfants étaient prises. Quelques années auparavant, un enfant avait été violé puis tué par un autre pensionnaire, qui pourtant y fut de nouveau admis par la suite…
Ces révélations déclenchèrent, comme on peut normalement s’y attendre, un emballement médiatique. Sauf que celui-ci ne prit pas la défense des victimes, mais celle des suspects. La crédibilité de ce « délateur » sera immédiatement attaquée et les photos de ces actes seront considérées comme des montages. Il y eut tout de même des condamnations pour « excitation à la débauche » de plusieurs responsables du Coral, mais celles-ci furent toutes assorties de sursis, et les personnalités haut placées furent toutes mises hors de cause.12
Rumeurs infondées ? En 1997, au moment où étaient dévoilées de nombreuses archives importantes du Préfet Prouteau, ancien proche de Mitterrand ayant notamment joué un rôle important dans l’affaire des écoutes de l’Élysée, dont certaines concernaient le Coral, un subordonné de celui-ci révéla que l’enquête concernant lesdites personnalités fut volontairement étouffée en raison de pressions judiciaires.13 De plus, certaines photos montrant des viols d’enfants découvertes au moment de cette affaire furent plus tard retrouvées sur les CD-Rom de Zandvoort (dont nous serons amenés à reparler). Plus étrange encore, le frère de l’accusateur principal, ancien des RG, qui avait confirmé les révélations faites par celui-ci, fut ensuite opportunément retrouvé « suicidé » dans des circonstances qui ne sont pas sans rappeler les mêmes « suicides » dans l’affaire des frégates de Taïwan ou celui du gendarme Jambert.
Le gendarme Jambert, justement, parlons-en. Célèbre pour son acharnement à traquer le(s) responsable(s) de la disparition de plusieurs jeunes filles handicapées mentales dans l’Yonne, il fut retrouvé « suicidé » à son domicile en 1997, avant qu’une contre-expertise réalisée en 2004 ne révèle qu’il avait reçu deux balles dans la tête, sous deux angles différents.14 On apprit également qu’il possédait une sacoche avec deux dossiers sur des réseaux pédocriminels dans la Nièvre et dans l’Yonne, sacoche qui a naturellement disparu, sans que la justice ou la gendarmerie ne suivent la piste desdits réseaux.15
La célèbre affaire des disparues de l’Yonne fut conclue par la condamnation d’un chauffeur de car réputé avoir agi seul, Émile Louis, dont l’identification fut permise par le travail sans relâche de Christian Jambert justement ! Au départ, les disparitions des jeunes filles étaient considérées comme des fugues. Dès le départ, le rapport Jambert mettait en cause Louis mais aussi des réseaux proxénètes. le rapport Jambert fut malencontreusement « égaré » pour n’être retrouvé que par hasard, vingt ans plus tard.16 Pourtant, on oublie souvent qu’en 1984, une autre affaire effroyable éclata dans l’Yonne, avec là aussi pour victimes de jeunes filles handicapées mentales, d’ailleurs suivies par le même institut : l’affaire du pavillon d’Appoigny.17
Suite aux déclarations faites par une victime parvenue à s’échapper, les policiers perquisitionnent le pavillon d’un dénommé Claude Dunand. Ce qu’ils découvrent a largement de quoi faire froid dans le dos : une jeune fille, encore vivante, et ayant subi de nombreuses tortures dont des éventrations, était attachée à une croix, dans une cave. Ledit Dunand « louait » ses victimes à des « clients » qui le payaient grassement pour pouvoir leur infliger ces tortures sadiques. Et il menait ces activités depuis un certain temps, laissant supposer que d’autres avant la jeune fille retrouvée auraient pu y succomber. Mais aucun lien ne sera établi par l’enquête avec les disparues. Dunand fut le seul condamné.
Outre les victimes, là aussi, les bonnes personnes sauront mourir au bon moment. Deux des clients, s’étant par chance rendu sur les lieux pour une séance alors même qu’avait lieu la perquisition seront arrêtés. Ils décèderont tous deux avant l’audience, tout comme Monique Dunand, épouse et complice du propriétaire, qui mourra accidentellement d’une chute dans les escaliers.18 L’avantage étant qu’au moins, ils n’auront pu divulguer aucun noms…
L’aberration pourrait s’arrêter là, si le carnet sur lequel Dunand notait soigneusement les noms et coordonnées de ses clients n’avait pas été malencontreusement « égaré » par le juge d’instruction…contenait-il des choses qu’il valait mieux ne pas savoir ?
Mais ce genre d’affaires n’a pas lieu qu’en France. Comme n’importe quel réseau, ces réseaux pédocriminels ont des ramifications dans le monde entier, et particulièrement en Europe. C’est ainsi que des affaires similaires éclatèrent également dans d’autres pays. En Belgique pour commencer, le « Centre de recherche et d’information sur l’enfance et la sexualité » (CRIES), fondé par des militants LGBT, fit parler de lui à la même époque. Publiant dès le début des années 80 une revue éditée en France et en Belgique prônant la légalisation des relations sexuelles entre adultes et mineurs, prétextant que les enfants en seraient demandeurs,19 et accompagnée de photos explicites prises par les soins de ses propres membres. Le CRIES poussera l’ignominie jusqu’à prendre lesdites photos dans les bureaux de l’antenne bruxelloise de l’UNICEF, les enfants ainsi violés étant pour certains amenés par leurs propres parents. L’enquête policière montrera que cette association cachait en fait un réseau international de pédocriminalité et de diffusion de pédopornographie, mais seule les fondateurs de son antenne belge seront condamné, la police française ayant refusé de coopérer, malgré l’existence d’une antenne française.20
Même chose de l’autre côté de la Manche. Alors que depuis quelques temps, l’affaire Jimmy Saville secoue le Royaume-Uni en ce qu’elle a mis au jour l’existence, depuis plusieurs décennies, de plusieurs réseaux pédophiles, dont un au sein même de la BBC, avec des clients plutôt prestigieux, on rappellera que dès les années 80, tant la police que la justice et les politiques avaient connaissance de leur existence. En particulier, la Elm Guest House, une auberge assez chic de Londres, fut, dans les années 70 et 80, le haut-lieu de viols d’enfants souvent issue d’orphelinats par des célébrités, des juges, des politiques, y compris conservateurs, et dont certains avaient, comme en France, publiquement milité pour une libération sexuelle sans frontière, et même des clercs. Il y aurait même eu des Français parmi les clients. Cette auberge était en lien avec un réseau pédophile international baptisé Spartakus, dont le chef fut arrêté mais décèdera opportunément avant son procès. À l’heure actuelle, aucune condamnation n’a été prononcée pour la Elm Guest House, bien que les témoignages de victimes ont commencé dès les années 90. À l’instar de Saville, une partie des suspects est morte depuis, mais d’autres sont toujours bien vivants.21
A suivre…
12. http://fr.wikipedia.org/wiki/Affaire_du_Coral
13. « Pédophile – Affaire Coral » https://www.youtube.com/watch?v=G3adyT2tHLc
14. http://www.ladepeche.fr/article/2004/04/05/258591-qui-a-tue-le-gendarme-christian-jambert.html
15. « Le suicide du gendarme Jambert : une balle de trop » https://www.youtube.com/watch?v=tsDdWGbzo3Q
16. http://moreas.blog.lemonde.fr/2010/11/17/le-gendarme-jambert-se-serait-suicide/
17. http://www.liberation.fr/evenement/2001/02/10/un-sinistre-pavillon-a-appoigny_354184
18. http://comitecedif.wordpress.com/2011/11/18/les-torturees-dappoigny/
21. http://dondevamos.canalblog.com/archives/2013/02/04/26326057.html
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