Le célibat ou la croix du prêtre

Cela fait des années maintenant, que des voix s’élèvent, pour parler du mariage des prêtres. Des gens simples, disons-le, épris de fonctionnalité, y voient une manière, du moins le pensent-ils, d’amener au sacerdoce, qui à mes yeux n’en serait plus un, davantage de jeunes hommes. Il s’agit là d’une vision tellement peu chrétienne de la mission du prêtre que dans les opinions « progressistes » qui défendent cette idée, je ne peux voir que des mécaniciens carrossiers ayant pour seul souci de rendre au véhicule de la Foi une belle apparence, pour qu’il puisse continuer de rouler, nonobstant l’état critique de la voiture et la qualité de son chauffeur.

Hugo, monarchiste et républicain, ne définit-il pas suffisamment clairement, dans cette gigantesque envolée que sont « Les Mages », ce que pourraient et devraient être ceux qui représentent le Christ dans le siècle :

« Pourquoi donc faites-vous des prêtres
Quand vous en avez parmi vous ?
Les esprits conducteurs des êtres
Portent un signe sombre et doux.
Nous naissons tous ce que nous sommes.
Dieu de ses mains sacre des hommes ».

Les artistes connaissent bien ce phénomène ; il faut faire saigner l’âme pour produire quelque chose qui touche les gens dans leurs propres profondeurs. Pour atteindre ce but, il leur est nécessaire d’aiguiser les sens ; pour que Dieu les utilise, par leur esprit, par leurs mains, à mettre en évidence la beauté de la Création et par delà, Sa propre beauté.

Si les prêtres ne sont pas forcément des artistes, Dieu les utilise, par leur esprit, par leurs mains, à mettre en évidence, sa parole.

Le prêtre, le véritable prêtre, celui qui a été appelé, celui qui a reconnu et accepté la Croix, dans la peur et dans le doute, de ne pas être à la hauteur ; celui-là sait intuitivement que c’est dans le célibat, qu’il va affiner ses sens et sa Foi, et qu’ainsi, il sera une sorte de fil conducteur, un agent de liaison entre Dieu et les hommes. Et plus il souffrira dans son âme et dans son corps, et plus il se rapprochera du Christ, de Dieu, et par delà, des hommes.

Peut-on imaginer un homme d’Église allant porter les derniers sacrements à un mourant en sortant d’un repas gargantuesque, ou après une étreinte amoureuse ? On nous dit çà et là que des catholiques qui ont connu les soutanes poussiéreuses, qui ont cru en l’Église, meurent, en quelque sorte abandonnés, sans un véritable prêtre à leur côté. Je ne suis pas certain, que beaucoup de ces personnes à la Foi chevillée au corps, se satisfassent des succédanés qu’on prévoit pour les chrétiens « ordinaires ».

En effet, comme l’abbé tient la place du Christ dans le monastère ; le prêtre tient, quant à lui, la place du Christ dans la communauté des chrétiens. Certes, les hommes et les prêtres ne sont pas tous du même bois ; l’aura du Christ n’est pas reçue de manière uniforme parmi les serviteurs de Dieu.

« La chair est triste, hélas! et j’ai lu tous les livres », ces mots du jeune Mallarmé ; les mots d’un poète !

Je crains que pour des hommes d’un modèle courant, il faille laisser courir un peu plus le temps. Que la seule pédagogie qui vaille, en ces domaines, restera toujours les enseignements du passé, et tous ces saints que le Seigneur nous laisse, au bord de la route du temps qui passe, comme autant de cailloux sur nos chemins de petits poucets.

De Jean Paul II à Benoît-Joseph Labre, ne conviendrait-il pas mieux de nous incliner, forts de tous ces témoins d’espérance qui jalonnent les siècles ; et plus que jamais, rester sereins et fidèles aux essentielles révélations, devant les « évolutions » récurrentes, que l’on n’a de cesse de vouloir nous imposer :

« Comme l’Église est bonne, en ce siècle de haine
D’orgueil et d’avarice et de tous les péchés,
D’exalter aujourd’hui le caché des cachés
Le doux entre les doux à l’Ignorance humaine.
Et le mortifié sans pair que la Foi mène
Saignant de pénitence et blanc d’extase, chez
Les peuples et les saints qui, tous sens détachés,
Fit de la Pauvreté son épouse et sa reine,
Comme un autre Alexis, comme un autre François
Et fut le Pauvre affreux, angélique, à la fois
Pratiquant la douceur, l’horreur de l’Evangile !
Et pour ainsi montrer au monde qu’il a tort
Et que les pieds crus d’or et d’argent sont d’argile
Comme l’Église est bonne et que Jésus est fort ! ».

Oui, « que Jésus est fort » et « Comme l’Église est bonne », pouvait écrire Paul Verlaine, pour la canonisation de Benoît-Joseph Labre, le 8 décembre 1881.

> Jean de Baulhoo est sociétaire des Ecrivains Catholiques et des Poètes Français.

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71 Comments

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  • 0 / 10
  • C.B. , 19 juin 2014 @ 22 h 08 min

    Un conseil, ” fleurdenavet 19 juin 2014 à 19:40″, vérifiez les sources des informations: le papyrus récemment présentés comme évoquant l’épouse de Jésus est un faux (études universitaires américaines de ce printemps).

  • Gisèle , 19 juin 2014 @ 22 h 58 min

    Le pavé * mariage des prêtres * n’ est qu’un moyen de plus pour éclabousser l’Eglise , quand il est lancé dans la mare croupissante de l’ignorance où les fientes des charognards se décomposent en dégageant une odeur pestilentielle ! .

  • pas dupe , 19 juin 2014 @ 23 h 02 min

    @isaie,
    Attention, c’est bien de s’informer mais il y a Bible et bible ! La vôtre a t-elle l’Imprimatur de l’autorité ecclésiastique catholique compétente ?
    Vous avez des Bibles catholiques et des protestantes.
    La pire à ne pas lire est celle des témoins de Jéhovah “la traduction du Monde Nouveau”.
    Laquelle avez-vous ?

  • Jean de Baulhoo , 19 juin 2014 @ 23 h 35 min

    Merci, Aurore Angélique pour ” Bel article ” !

  • Pascal , 20 juin 2014 @ 0 h 49 min

    Dans ce cas catholique ne suffit pas, il vous faut en plus choisir le rite catholique romain. Parce que toutes les Eglises catholiques de rite oriental, y compris la maronite qui n’a jamais été séparée de Rome, ordonnent des hommes mariés.

  • Xav , 20 juin 2014 @ 9 h 51 min

    “A part de nombreux meurtres, un terrible apport de pratiques idolâtres, quelles sont les œuvres des papes et de son clergé?”

    Je vous invite à vous interresser à environ plus d’un millénaire d’histoire d’Europe très chrétienne et de comparer les oeuvres accomplies aux standards du temps dans les contrées qui avaient la chance de ne pas être régies par les méchants chrétiens…

    Pour le sujet de l’article, comment interprêtez-vous Mt 19,12 ?

  • isaie , 20 juin 2014 @ 10 h 34 min

    Pas Dupe
    Toutes les versions citées, je les possède! j’en ai lu de plusieurs dénominations. Lorsque j’étudie, j’utilise la version intertestamentaire de l’Ancien et du Nouveau Testament. Maintenant, je lis aussi, un peu, l’hébreu et le grec. Je ne connais aucune version parfaite. Celles qui ont l’imprimature, s’avèrent souvent les plus défectueuses au sujet du texte massorétique. Mais je vais relever un texte où toutes les versions sont également défectueuses et qui font fermer la Bible à beaucoup de chercheurs: Genèse ch.1.26:
    “Dieu dit “Faisons l’homme à notre image, comme à notre ressemblance,…” Néanmoins, littéralement nous devrions lire:
    Dieu dit: “faisons un homme à notre image, comme notre ressemblance,…
    Ici j’ai utilisé la version de Jérusalem!
    Dans le Nouveau Testament:
    Ephésiens ch.6.17: enfin recevez le casque du salut et le glaive de l’Esprit, c’est à dire la Parole de Dieu.
    Ici nous ne devrions pas avoir Parole mais “directive”.
    Ainsi il y a de nombreux points où les versions sont également fautives. Maintenant, j’ai relevé que la version de Jérusalem est beaucoup tournée vers la Septante pour de nombreux points. Dans cela elle suit moins les versions juives et protestantes. Un domaine que je connais et que j’étudie en ce moment est les lois de Moïse. J’en vois le symbolisme et la réalisme de manière éclatante. Mais avec les traductions, on ne peut pas avoir cet aperçu. Le texte grec ne permet pas toujours de comprendre la portée de ce qui est écrit en Hébreu, les versions non plus. Mais une traduction est un ouvrage de savants. Ainsi s’il y a des problèmes d’interprétations, c’est le fait que le traducteur a mal compris un texte faute de connaissances suffisantes sur certains points. Maintenant, une langue sémite ne peut pas se traduire correctement au mot à mot. Ainsi les interprétations sont indispensables.

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