On savait l’Éducation nationale une machine aux piètres performances scolaires, mais voilà qu’au pays de l’égalité proclamée, les inégalités scolaires progressent à grands pas. Et pendant ce temps, le commissaire Vallaud-Belkacem entend bien mettre au pas l’enseignement hors contrat. « Nous avons échoué continuons mais surtout empêchons ceux qui pourraient réussir d’exister ! » Une logique typiquement soviétoïde.
Le niveau : de Pisa en Pisa
Tous les trois ans le classement PISA évalue les élèves de 15 ans (un échantillon de plus de 500 000 élèves a été testé) dans le monde sur 65 pays comparables. La France a encore reculé au 25e rang au dernier classement de 2013. Dans ce classement, l’Asie domine en sciences et dans la compréhension écrite, Shangaï, Hong-Kong et Singapour se disputent les première places. Parmi les pays en tête, les Pays-Bas, la Suisse, mais la Pologne, le Mexique et Israël sont aussi assez bien placés. Dans les critères de performance, on aura noté que la taille des classes importe peu (cf. la revendication des syndicats sur le nombre des élèves), les systèmes éducatifs les plus performants mettent l’accent sur la sélection et la formation des enseignants. Ce qui compte aussi, dit le rapport, c’est l’empathie qui se crée entre professeurs et élèves. Cela passe par l’autorité car il ne peut y avoir de bon rapport avant l’exercice de la discipline mais après. Le rapport établit aussi qu’en France, la corrélation entre le milieu socio-économique et la performance est bien plus marquée que dans les pays de l’OCDE, bref si l’on appartient à un milieu défavorisé… on connait la suite. Le pays de l’égalité affichée tel un oxymore au fronton de nos monuments, est aussi le pays de l’hypocrisie, où politiciens et pédagomanes continuent d’appliquer des méthodes pour lutter contre cette inégalité, méthodes qui se sont révélées justement préjudiciables aux plus défavorisés. Lecture globale, autodictée, pédagogie de la non contrainte et tout le cortège des élucubrations des pédagomanes des années 70 dont Pierre Bourdieu fut le gourou.
Quand l’UNICEF enfonce le clou
Et voila que ce mois d’avril 2016 vient nous apporter un nouveau dossier à charge contre l’Éducation nationale. L’UNICEF nous apprend que la France est un cancre en matière d’égalité scolaire : 35e sur 37 pays à hauts revenus, de quoi faire rougir de honte nos ministres. Que nenni ! Sans doute se consolent-ils en se disant que nous devançons… la Belgique (36e rang) et que ceci n’a rien à voir avec Molenbeeck, quoique… Plus intéressant encore, le rapport montre que les écarts scolaires ne sont pas proportionnés aux écarts de revenus dans les catégories les plus défavorisées, l’écart de revenu entre les enfants les plus pauvres et les enfant moyens est faible, l’impact des politiques de transfert sociaux jouant largement. Autrement dit, la vieille lune marxiste de la pauvreté ne saurait être invoquée en l’occurrence, mais bien encore une fois l’abandon forcé de l’élitisme républicain par la massification éducative.
Réduire la concurrence faute de pouvoir s’améliorer
Les progrès du hors-contrat étaient importants depuis quelques années à juste mesure, d’une part, de l’effondrement de l’école publique et des tentations d’alignement idéologique (ses performances n’étant pas en cause) de l’enseignement sous contrat. Le pouvoir s’inquiète de ce progrès du hors-contrat, ses moyens : le contrôle matériel et le contrôle idéologique. Il ne pouvait pas, dans l’état de faiblesse budgétaire ou des décennies de déficit l’ont mis, supprimer l’avantage fiscal aux associations qui président aux fondations d’écoles. Il a donc décidé d’aller sur l’autorisation d’ouverture, ayant déjà, par le biais normatif, (la norme outil de répression ?) tenté d’enrayer le phénomène. Mais là où l’hypocrisie du commissaire en jupon est totale c’est qu’elle s’inquiète de la montée des écoles… salafistes « contraires aux valeurs de la république ». Le concept de valeur de la dite n’étant pas défini on peut y mettre à peu près ce qu’on veut. Et l’on peut s’étonner que le gouvernement montre un si grand empressement à combattre « l’extrémisme musulman » qu’il a laissé s’installer partout sur le territoire de la république en question surtout quand on sait que la France ne compte que 36 établissements privés musulmans dont quatre sous contrat. L’ouverture d’un établissement privé hors-contrat relève du régime déclaratif, demandes déposées auprès du maire, du procureur du préfet et du recteur. Il peut y être fait opposition « dans l’intérêt des bonnes mœurs ou de l’hygiène » Parce que, bien entendu, la dite hygiène et les bonnes mœurs sont reines dans l’Éducation nationale ! Insupportable prétention de l’État, disait Taine, à se faire l’éducateur de la nation, une imposture ! Voila maintenant que quatre inspecteurs généraux sont diligentés pour travailler sur le hors contrat : « la liberté de l’enseignement ne connaît qu’une limite : le respect de valeurs de la république ». Mais qu’on nous dise enfin ce que sont ces valeurs qui, en l’espèce, deviennent des instruments de contrôle de type totalitaire, ce que l’on savait déjà ! Dans les chiffres, les établissements hors-contrats catholiques (ou israélites) sont d’un nombre à peu près comparables aux établissements musulmans, et s’il ne faut pas sous estimer le risque, on ne saurait accepter de l’État la restriction des libertés, surtout lorsqu’il doit balayer devant sa porte concernant ses propres performances dans le système monopolistique qui démontrent qu’il faut en finir avec ce cancre là !
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