Tribune libre de Christian Vanneste*
La gauche de la gauche ne dit pas que des bêtises. Sarkozy avait eu le tort de commencer sur un yacht, mais Hollande ne sait même pas piloter le pédalo promis à son niveau d’aptitude, et c’est infiniment plus grave car nos institutions lui offrent une croisière de cinq ans. À l’exception du Mali, on cherche vainement le moindre début de commencement d’une réussite. Et encore, le Mali, pour quelqu’un qui voulait tourner la page de la Françafrique, c’est l’opération militaire la plus importante en Afrique depuis la guerre d’Algérie. Opération menée après l’échec en Somalie, et grâce aux troupes stationnées dans divers pays comme la République centrafricaine où un coup d’État s’est déroulé selon la tradition propre aux ex-colonies françaises… Un mauvais esprit y verrait du super-Foccart. Tout requinqué, notre Tartarin de Tulle était prêt à aider les rebelles syriens, histoire sans doute de leur permettre de massacrer quelques chrétiens de plus. Marche arrière de nos alliés anglais devant des sondages très hostiles. Les nôtres n’étant guère meilleurs, notre chef des Armées a renoncé à soutenir trop ouvertement en Syrie les cousins de nos adversaires du Mali, tandis que les polices européennes pourchassent nos chers compatriotes, citoyens européens, tentés par la guerre sainte contre Bachar. Ce dernier, d’ailleurs, semble avoir tellement mal pris la chose qu’il songerait à quelque représailles La visite de Hollande chez son allié Poutine a viré au désastre. Pas la peine d’aller chez les gens dans une atmosphère glaciale pour les provoquer dès le retour, avec cette idée saugrenue de participer à la guerre civile syrienne. Il y avait là, pourtant, l’occasion de renouer avec la tradition française, de François Ier à De Gaulle, qui consiste à développer une politique indépendante des blocs, et accessoirement à exister sur un marché où, comme d’habitude, l’Allemagne nous écrase.
Sur la scène internationale, la France est condamnée à n’occuper que la place que l’opinion internationale estime proportionnée à la qualité de ceux qui la dirigent. Elle risque de disparaître dans les profondeurs du classement. En arrivant, Hollande avait le choix, soit de mettre en œuvre son programme, comme Mitterrand en 1981, soit de prononcer un discours à la Churchill, prenant à témoins les Français qu’il ne s’attendait pas à trouver le pays dans un pareil état et annonçant un programme de réformes structurelles indispensables. Dans le premier cas, six mois plus tard, il aurait été condamné à inverser la vapeur… enfin, le pédalier. Dans le second, il aurait rallié une partie du centre et de la droite, et nombre de ses électeurs auraient compris. Au lieu de cela, le pédalo a tourné en rond, défaisant l’héritage par principe, lançant commissions et rapports, annonçant dans la vague des mesures compliquées et contradictoires. Les chiffres lourdement négatifs ponctuent de SOS cette navigation dans le brouillard : chômage qui augmente, croissance faible muée en récession, impôts en hausse, déficits et dette non maîtrisés. Élu pour obtenir de meilleurs résultats économiques que son prédécesseur, non seulement, il n’atteint pas l’objectif, mais il prend le chemin inverse.
Ayant perdu sa légitimité économique et sociale, prioritaire dans la situation actuelle, la gauche perd sa légitimité politique en abusant d’un formalisme provocateur dans l’affaire du mariage pour n’importe qui. Les mêmes qui pendant des décennies demandaient de retirer une loi dès que des « jeunes » ou des « cégétistes », et parfois des loubards manifestaient, les mêmes qui obtenaient alors le retrait des textes par la droite la plus bête du monde, appellent , en bonnes saintes nitouches, au respect de la constitution et des institutions : « Le débat a eu lieu. C’était dans le programme présidentiel. S’y opposer, c’est être homophobe. D’ailleurs, l’extrême-droite est à la tête des manifestations. Des agressions sont commises. » Nuls dans l’exercice du pouvoir, leur mauvaise foi puissamment soutenue par une presse complice, ne manque pas de talent. Mais les Français sont de plus en plus nombreux à penser que cette réforme n’était pas prioritaire, que Hollande n’avait pas été élu pour elle, que les homosexuels qui manifestent contre et ceux qui, tranquilles jusqu’à présent, se font agresser n’en éprouvaient pas le besoin urgent. Le Président de tous les Français les dresse les uns contre les autres au moment même où, face à la crise, l’unanimité est le plus nécessaire. Sans sincérité ni courage, c’est la légitimité morale qui coule, elle aussi.
Fort de ses 26% de soutien d’après les sondages, le voilà entouré par les nageurs de son équipe. L’un d’eux avait triché et a regagné le bord. Chez les autres, qui n’osent plus trop se montrer à cause des manifestations, les champions de natation, les Valls, les Montebourg se disent qu’ils seraient meilleurs que lui sur le pédalo, mais devant les chiffres de la délinquance, les Roms partout, les prisons ouvertes, les usines fermées, la peur s’installe. Panique à bord !
*Christian Vanneste est un ancien député UMP du Nord.
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