Les Français ne pensent pas… ils votent. Evidemment le mode de scrutin est la clef de ce vote que les commentateurs superficiels de nos médias transforment en opinion des Français. Dans un scrutin uninominal à deux tours par circonscription, le Front National est quasi-inexistant au second tour, submergé par les votes utiles de droite comme de gauche. Dans un scrutin proportionnel à un tour il fait un malheur et lorsqu’il y a deux tours, au premier, il crève le plafond qui se referme au second. Les commentaires jaillissent après chaque élection qui veulent tirer des conclusions hâtives mais néanmoins définitives des résultats. Pour les dernières régionales, le premier tour permettait aux journaleux d’affirmer l’installation d’un « tripartisme »et le second les amène à évoquer une grande coalition à l’allemande que les Français souhaiteraient à 70% selon un sondage. Les élus par défaut du Nord et du Sud n’ont pas de mot assez dur contre le « ni, ni » de Sarkozy ; Valls est plein d’aménité envers ces élus de droite si combatifs contre le FN et si amicaux envers la gauche. On annonce Marine Le Pen battue au second tour par Sarkozy avec 64%/36% et par Juppé à 70%/30%. Juppé serait l’homme idéal de la grande coalition. Sarkozy, et ses clins d’oeil au FN pour récupérer ses voix au second tour, seraient hors de saison, puisque le FN sera présent.
Pour éviter d’être aspiré par le tourbillon médiatique qui empêche de réfléchir, il faut d’abord dissiper l’illusion allemande. L’Histoire de ce pays, fracassé par le nazisme, puis en partie occupé et totalement menacé par le communisme, l’a rendu allergique aux extrêmes. La passion politique ne l’habite pas. Il s’en méfie et lui préfère un conformisme pragmatique. Blotti sous la protection américaine, il suit la politique internationale de l’Otan, en évitant le plus possible les interventions militaires. Poids majeur de l’Union Européenne, et plus encore de l’Euroland, il demeure le moteur le plus puissant de la construction européenne et donc de la disparition des nations. Cette évolution ne le panique pas. L’Allemagne est récente : à peine un siècle et demi. Les régions y sont de plus longue durée. La recherche rassurante du consensus est un besoin psychologique national aussi fort que la protection d’une monnaie solide ou que la quiétude de la paix. Que l’Allemagne s’endorme dans le confort et les vapeurs de bière d’un pays vieillissant en voie de disparaître est un spectacle qui n’effraie pas les Européens. Les Allemands affichent leur réussite économique, leur mansuétude envers les tricheurs grecs rentrés dans le rang, leur sympathie pour les Turcs, déjà si nombreux en Allemagne, et qui pourront désormais y rentrer comme dans un moulin. et leur générosité presque sans frontière pour les migrants, victimes et bourreaux mélangés.
La France a une autre histoire. C’est une nation de vieille souche qui regarde son Histoire avec la nostalgie d’une gloire passée. Ses déconvenues plus récentes, ses fautes politiques récurrentes créent chez elle des tensions fortes. Le bon sens la fait pencher à droite. Mais les communistes ont eu large pignon sur rue et même place au gouvernement sans que le pays en soit ébranlé. La droite extrême y a mauvaise réputation. Le microcosme médiatico-politique, les « VIP », du show-biz à l’Eglise en passant par le Medef, lui sont fermement hostiles, non sans une lecture du passé fortement erronée. Une décolonisation en grande partie ratée et un socialisme rampant ont ajouté aux difficultés d’une immigration excessive et de plus en plus mal assimilée, le déclin d’une économie écrasée par la dépense publique. Les Français ont donc conscience de l’échec de leur pays et ils rêvent : un tiers rêve du sursaut national, les deux autres de faire de la France une autre Allemagne. Ce sont ces derniers qui paraissent détenir les clefs d’un avenir qui risque bien d’être la perpétuation du présent, celui d’un pays qui s’enfonce dans le confort relatif d’une majorité aux contours incertains.
Rêver d’une coalition entre des gens que tout sépare, sauf le désir de garder le pouvoir, n’est pas plus sérieux que d’espérer faire tomber la muraille à coups de slogans peu crédibles et parfois anxiogènes. Sur pratiquement tous les sujets, de l’immigration à la famille, en passant par la sécurité, l’économie, l’éducation, la France est sur une pente fatale que seules les thèses fondées sur le patriotisme, le libéralisme et le conservatisme peuvent redresser. Ces idées sont présentes dans de nombreuses formations politiques, y compris chez les Républicains comme au Front National. Elles sont essentielles au RPF, à La Droite Libre comme à l’Avant-Garde. Elles sont absentes à gauche. Le Référendum à la Suisse permettrait de les exprimer une à une. Il n’existe pas chez nous. Il est donc plus que jamais nécessaire de reconstruire une vraie droite fondée sur elles et capable de reprendre en mains le destin de la France.
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