Tribune libre d’Axel de Boer*
Depuis un certain Jésus-Christ, on considérait que chaque personne humaine jouissait d’une dignité intrinsèque, et que ni la loi ni les États ne pouvaient légitimement transformer en personnes de second rang certaines catégories humaines. Ce principe n’a certes pas toujours été respecté, mais au moins il demeurait une référence morale et spirituelle incontestable.
La laïcisation de cette notion chrétienne a conduit aux déclarations des droits de l’homme, dont on peut discuter telle ou telle formulation, mais qui affirment malgré tout le même principe fondateur de la civilisation chrétienne : tous les hommes naissent libres et égaux en dignité. Cela était vrai dans notre pays à droite comme à gauche, jusqu’à maintenant.
En effet, avec le projet de légalisation de l’adoption homosexuelle et de l’extension de la PMA à cette population stérile par choix de vie et non par nature – ce qui est moralement très différent – on introduit dans la loi un droit à l’enfant. Or, ce prétendu « droit à l’enfant » est un pas de plus dans la négation des principes fondateurs de l’humanisme.
Pour mieux comprendre le sens de cette évolution sémantique du droit des enfants au droit à l’enfant, appliquons-le aux droits de l’homme eux-mêmes. Désormais, serons-nous appelés à parler des droits à l’homme et plus des droits de l’homme ? Déjà, une approche extrémiste du libéralisme considère le fait de dicter ses conditions aux salariés comme un droit légitime. M. Mittal à Florange n’affirme-t-il pas d’une certaine façon son droit à l’homme ? La transformation en objet du travailleur, de la femme ou des nations n’est-il pas un des fondements de la culture de mort ?
On le voit, la notion de droit à l’enfant n’est que la face la plus visiblement choquante d’une évolution sociétale qui tend à légitimer la déshumanisation au nom d’une vision absurde de la liberté.
Or, le droit à l’homme porte en français un nom connu : l’esclavage. Le droit à l’enfant en est une forme puisqu’il met un être humain au service du désir d’un autre, sans que personne ne considère son intérêt et son droit. Il faut le dire : le droit à l’enfant prévu par le gouvernement de Jean-Marc Ayrault conduit à l’instauration d’un nouveau type d’esclavage. C’est pourquoi tant de personnes de gauche sont opposées à cette évolution qui choque et contredit tout ce en quoi ils proclament croire.
Dès qu’on s’éloigne du substrat chrétien de civilisation, on s’approche du totalitarisme. Il suffit de voir le résultat de la totalité des utopies anti ou a-chrétiennes pour s’en convaincre. De même que la seule alternative humaine à l’instrumentalisation de l’homme en économie passe par le renouveau en cours de la gestion chrétienne des ressources humaines, une véritable révolution dont personne ou presque ne parle, de la même façon la seule opposition à l’instrumentalisation de l’enfant se trouve dans une approche chrétienne de la famille. On peut rétorquer que les chrétiens n’ont pas le monopole du cœur ou de la justice, et cela est vrai. Mais alors, pourquoi sont-ils les seuls à répondre réellement aux défis de notre temps ? La réponse tient en une question : et si la vision chrétienne de la civilisation était, tout simplement, la bonne ?
*Axel de Boer est le Président de Solidarité France – Solidarité, liberté, justice et paix (site).
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