« Un peuple qui oublie son passé se condamne à le revivre » affirmait Winston Churchill. Or, c’est précisément ce que nous vivons.
Pour n’avoir pas suffisamment médité les leçons tirées des épreuves traversées par notre pays au cours des précédents siècles, nous subissons de plein fouet les conséquences d’une légèreté à laquelle la tragédie du 13 novembre semble avoir mis fin, nous rappelant tristement à une réalité que nous voulions ignorer.
Notre légèreté a consisté à avoir cru que nous pouvions offrir une vie harmonieuse à une jeunesse désœuvrée, sans l’enraciner dans les profondeurs de l’âme française. « Un pays qui a joué un rôle de premier ordre n’a pas le droit de se réduire au matérialisme bourgeois qui ne demande qu’à jouir tranquillement de ses richesses acquises » rappelait pourtant Ernest Renan dans La Réforme intellectuelle et morale, au sortir du traumatisme de la guerre de 1870.
C’est la nationalité française de la plupart d’entre eux qui est frappante, notamment le cas d’Ismaël Omar Mostefai, originaire de l’Essonne : un « ancien petit voyou […] connu pour huit condamnations de droit commun entre 2004 et 2010 sans jamais avoir été incarcéré. Il faisait l’objet d’une fiche S pour “Sûreté de l’État” en 2010, date à laquelle il s’était radicalisé » rappelle Le Figaro. Tout le drame français est résumé dans cette phrase : un individu français né sur le sol français, élevé dans une école française, devenu délinquant de droit commun sans jamais être incarcéré, pour finalement basculer dans le djihadisme. Une réplique de Mohammed Mérah en somme, où l’on pointe aussi bien la faillite de l’école que l’absence de réponse pénale adaptée.
Dans La réforme intellectuelle et morale, Renan explique que « notre plus grande erreur est de croire que l’homme naît tout élevé » alors qu’ « on ne se discipline pas soi-même ; des enfants mis ensemble sans maître ne s’élèvent pas ; ils jouent et perdent leur temps ». N’est-ce pas une condamnation prémonitoire du pédagogisme qui règne en maître dans notre système éducatif depuis les années 70 ? Comment éviter que les élèves, habitués à être des enfants-rois, n’en deviennent pas ensuite des caïds-rois puis rejettent totalement un enseignement auquel ils sont toujours restés étrangers ? C’est tout notre système éducatif qui est à revoir, à commencer par une réhabilitation de la transmission sans laquelle aucune culture ne peut éclore dans l’esprit de nos enfants.
Il ne s’agit pas ici de battre notre coulpe ou de nier la relation immédiate qu’entretiennent les évènements actuels avec le conflit irako-syrien (sur lequel il y aurait beaucoup à dire, tant la responsabilité des Américains en 2003 puis de la diplomatie française depuis 2011 est écrasante dans l’apparition de DAESH). Mais il importe avant tout de comprendre les racines profondes du mal qui a permis l’instrumentalisation de bombes vivantes par DAESH sur notre territoire.
« Nous pensions en retard » écrivait Marc Bloch dans L’étrange défaite en 1940, deuxième leçon à méditer si l’on veut tirer parti de cet autre drame que fut la défaite de juin 1940, suivie de l’Occupation. « Nos chefs ou ceux qui agissaient en leur nom n’ont pas su penser cette guerre. En d’autres termes, le triomphe des Allemands fut, essentiellement, une victoire intellectuelle et c’est peut-être là ce qu’il y a eu en lui de plus grave ».
Avons-nous su penser le djihadisme ? Avons-nous pris l’exacte mesure du conflit de civilisation que DAESH, et derrière lui, tout l’Islamisme radical qui infeste la planète, a décidé de livrer à l’Occident ? « Nous sommes en guerre » a martelé, à juste titre, notre Premier ministre samedi. Mais en avons-nous pris réellement conscience ? Rien n’est moins sûr ! Quand on retrouve à proximité du stade de France un passeport syrien correspondant à un individu arrivé en Grèce sous le statut de réfugié mais que dans le même temps Jean-Claude Juncker affirme qu’ « il n’y a pas lieu de revoir dans leur ensemble la politique européenne en matière de réfugiés », on est légitimement en droit d’en douter. D’autant que DAESH avait annoncé vouloir infiltrer les migrants de djihadistes !
« Pendant que nous descendions insouciants la pente d’un matérialisme inintelligent ou d’une philosophie trop généreuse, laissant presque se perdre tout souvenir d’esprit national […] un tout autre esprit, le vieil esprit de ce que nous appelons l’ancien régime, vivait en Prusse, et à beaucoup d’égards en Russie » conclut Renan.
Il est temps de retrouver cet esprit, de puiser dans les profondeurs de l’âme française pour y trouver la force d’un réarmement spirituel et moral sans lequel toute victoire militaire sera vaine et toute mesure de police inefficace. Un peuple n’est grand que lorsqu’il est enraciné dans son identité et fidèle à sa vocation. Notre ennemi lui-même nous désigne comme le pays « qui porte en Europe la bannière de la Croix ». Faisons-donc revivre dès aujourd’hui l’héritage chrétien de la France qui a écrit les plus belles pages de son histoire et n’a pas dit son dernier mot !
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