Entretien avec Karim Ouchikh, le nouveau président du SIEL.
Que voulez-vous dire aux internautes qui ont été choqués par la manière dont Paul-Marie Coûteaux a été évincé ? Le SIEL est-il encore un parti libre ou sa vraie présidente est-elle Marine Le Pen ? Pensez-vous que cet épisode donnera envie à Nicolas Dupont-Aignan ou Philippe de Villiers de rejoindre le RBM ?
En présence de deux huissiers de justice, sans la moindre intervention extérieure, le SIEL s’est doté librement d’une nouvelle direction lors de son congrès extraordinaire du 25 octobre dernier, congrès au cours duquel M. Coûteaux a confirmé d’ailleurs sa décision de ne pas se représenter à la présidence de ce parti : en effet, choisissant de ne pas rendre compte aux militants de son bilan de ces trois dernières années, il avait pris sagement acte de ses désaccords avec la quasi-totalité des adhérents, lesquels ne souhaitaient pas le suivre dans une stratégie politique anxiogène visant à faire du SIEL un parti UMP-compatible, prêt à rompre à chaque instant son alliance historique avec Marine Le Pen. S’agissant de M. de Villiers ou Dupont-Aignan, j’ignore s’ils ont l’intention d’œuvrer véritablement à la création d’un rassemblement patriotique à vocation majoritaire, autour de la personne de Marine Le Pen, mais je peux vous affirmer par contre que les militants du Mouvement pour la France et de Debout la France ont déjà franchi ce pas en nous rejoignant massivement au sein du Rassemblement Bleu Marine.
Que peut et doit apporter le SIEL au RBM ? Le SIEL au FN ? Quelles sont les priorités de votre mandat à la tête du SIEL ?
Parti de cadre et non de masse, le SIEL a vocation à étoffer le message politique de Marine Le Pen, sur au moins trois plans : la souveraineté de la France qu’il nous faut reconquérir ; l’identité ancestrale de notre pays qu’il importe de préserver ; les libertés de toutes nature (économique, expression…) qu’il nous appartient de défendre. Ce combat pour la sauvegarde de notre civilisation, vue sous l’angle de notre socle anthropologique chrétien, constitue l’ADN du SIEL : à la tête du SIEL, j’entends œuvrer ces prochaines années au sein du RBM pour acclimater cette matrice idéologique, mais aussi pour élargir la base électorale de Marine Le Pen, en présentant partout en France nos candidats à chaque scrutin.
Quelle est votre position à vous deux sur le grand remplacement ? Pourquoi cette polémique sur Internet ? Comment la conclure en rassemblant identitaires et souverainistes ?
Le changement de populations qui s’opère en tous points de notre territoire est une réalité démographique qui provoque sur notre sol de profondes mutations identitaires. Sauf à faire preuve d’un déni de réalité, nous avons à répondre lucidement au sentiment d’insécurité culturelle qu’éprouvent nos compatriotes devant ce phénomène de portée historique. Ce défi identitaire est inséparable du combat pour la souveraineté de la France : sans les instruments régaliens qui nous permettent de gouverner effectivement (maitrise de nos frontières, liberté normative et judiciaire…), nous ne disposerons pas des marges de manœuvre nous garantissant la maitrise du destin de notre pays et de sa civilisation. De ce point de vue, la famille patriote ne peut que communier à ces objectifs vitaux pour la France.
Le sentiment que le FN cherche à se normaliser se propage et mécontente sur la toile, notamment chez les soutiens de la première heure, certes minoritaires mais très actifs et en partie responsables de la banalisation des idées du FN. Est-il possible, selon vous, d’arriver au pouvoir avec le programme actuel ou faudra-t-il encore l’affadir pour y parvenir ?
Il existe à l’évidence deux sensibilités politiques perceptibles au sein du FN. Pour faire simple : les nationaux-républicains, plutôt indifférents aux questions de société, qui concentrent leur attention sur la préservation d’un certain modèle social, sanctuarisé autour d’un Etat fort ; les nationaux-identitaires, qui ne méconnaissent pas l’importance des questions liées à la souveraineté de la France, mais qui sont davantage préoccupés par le changement de civilisation qui est
à l’œuvre dans notre pays. A mes yeux, ces deux sensibilités ne sont nullement inconciliables : le SIEL, qui en incarne d’ailleurs la synthèse parfaite, entend d’ailleurs apporter son concours à la cohésion idéologiques de toutes les forces qui composent le Rassemblement Bleu Marine.
Il est acquis que Marine Le Pen devrait être présente au second tour en 2017 : quels sont les cas de figure probables et quelles chances a-t-elle de l’emporter ? Vu la nullité du personnel politique en général, Jacques Attali verrait bien émerger des personnes de la société civile, partagez-vous sa prévision ?
Quelque soit son adversaire au deuxième tour, Marine Le Pen devrait être le prochain locataire de l’Elysée en 2017. Tout y concourt aujourd’hui : l’agonie de l’UMPS qui libérera aux forces du RBM un espace politique inédit ; les tours de vis à répétition de Bruxelles qui accélèreront le désamour des Français d’avec la construction européenne actuelle ; la crise financière, économique et morale intense qui frappe les Français… La dynamique politique actuelle conduira à la multiplication de ralliements nombreux venant de la société civile permettant à Marine Le Pen de consolider la culture de gouvernement du RBM et de constituer, au soutien de son projet présidentiel en cours d’élaboration, les bases solides d’un personnel d’Etat. Par son positionnement politique singulier, défrichant ce no man’s land idéologique coincé entre l’UMP et les identitaires, le SIEL sera au cœur de cette stratégie de conquête du pouvoir. Pour le salut de la France et la prospérité de notre peuple, notre famille de pensée ne doit pas manquer cette séquence historique…
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