Dans une tribune publiée sur le site du Figaro Vox intitulée « Réfugiés : pourquoi les catholiques sont divisés », l’historien des idées et essayiste François Huguenin, sermonne ses compatriotes chrétiens de se soumettre à la recommandation papale d’accueillir dans chaque paroisse de la fille aînée de l’Eglise une famille de migrants. Car selon l’auteur, la parabole évangélique du bon samaritain encourageant à la charité envers les plus démunis, ne se cantonne pas à une éthique individuelle mais engage la communauté chrétienne dans son ensemble.
Cette démonstration compassionnelle peut être contredite « catholiquement » pour deux raisons, l’une évangélique et l’autre conciliaire. La première se réfère à l’injonction christique de « rendre à Dieu ce qui est à Dieu et à César ce qui est à César ». Certains croyants voient dans cette phrase un principe de séparation du domaine politique (qui a pour finalité la protection d’une communauté humaine des dangers extérieurs et des discordes intérieures) de la pratique de la foi qui est par essence individuelle dans le christianisme du fait d’un rapport à Dieu personnel et non collectif à la différence, par exemple, des religions païennes de l’antiquité.
Or si nous détachons la morale chrétienne de la situation politique, si nous enlevons le voile émotionnel pour analyser avec froideur et distance les flux migratoires vers l’Europe, nous constatons que la majorité des migrants ne sont pas des réfugiés de guerre en provenance du Moyen-Orient (ces derniers constituant seulement 25% des flux) mais des immigrés économiques de l’hémisphère sud cherchant une amélioration significative de leur mode de vie au sein de « l’eldorado » européen.
Ce déplacement de masses a pour cause principale l’explosion démographique démentielle de l’Afrique et de l’Asie dont les Occidentaux ne sont pour rien. Concernant le continent noir, le rapport Afrique/Génération 2030 de l’Unicef soutient l’évolution suivante : 100 millions d’habitants en 1900, 275 millions en 1960, 1 milliards 300 millions aujourd’hui (dont 670 millions de pauvres comprenant plus de 100 millions de personnes en sous-nutrition). Si rien ne change, les Africains seront entre 2 et 3 milliards (dont 90% au sud du Sahara) puis environ 4,2 milliards en 2100. En 2050, 40% des naissances mondiales seront africaines. La croissance économique du continent africain est soutenue depuis des décennies. Cependant, comme les populations se multiplient beaucoup plus vite que l’amélioration matérielle, la paupérisation s’aggrave inéluctablement.
A ceci s’ajoute la désastreuse intervention franco-otanienne de 2011 en Libye, qui a précipité le pays le plus riche d’Afrique dans une guerre civile sur laquelle l’islamisme tente opportunément de se greffer. Dans ce marasme se sont constituées des filières de passeurs au sein desquelles attendent, selon la Direction du renseignement militaire, 800 000 à un million de migrants subsahariens prêts à partir de l’autre rive de la Méditerranée pour gagner l’Europe.
Donc « accueillir toute la misère du monde » sous les hospices et les auspices du bon samaritain ne résorbera rien face à cet accroissement démographique qui écrase le continent noir et transformera l’Europe, par la vague migratoire qu’il engendre, en DOM-TOM africain avant la fin de ce siècle. Après avoir détruit les filières de passeurs, la seule solution raisonnable à cette situation sensible est la pression insistante des gouvernements de l’hémisphère nord – et particulièrement la France qui détient le plus grand déploiement diplomatique et militaire en Afrique – auprès des États africains pour que ces derniers enclenchent des politiques de régulation des naissances à l’instar de la Chine qui a réussi à briser sa courbe.
Lisons le constat lucide du chroniqueur Béchir Ben Yamed de l’hebdomadaire Jeune Afrique paru le 6 juillet 2014 : « en 1980, la Chine comptait près de 1 milliard d’êtres humains, mais elle a décidé de maîtriser sa croissance démographique (simultanément elle s’est ouverte au monde). Son revenu annuel moyen par habitant est passé en trente ans de 300 dollars à près de 7000 dollars. Dans le même temps l’Inde s’est refusée à instaurer un contrôle des naissances sérieux. Le revenu annuel de chaque indien n’est, en 2014, que de 1600 dollars, moins du quart que celui d’un Chinois (…). L’Afrique subsaharienne aura d’ici à quinze ans le même problème que l’Inde. Même si elle se développe au rythme annuel de 5%, son économie ne permettra pas d’éduquer et de soigner un demi-milliard d’êtres humains de plus, et ses infrastructures ne pourront pas faire face à un accroissement démographique aussi important. Laisser l’Afrique subir sans intervention une croissance démographique presque aussi élevée que la croissance économique est irresponsable, voire suicidaire. Trop d’Africains (…) pensent qu’une démographie généreuse est un don de Dieu. »
Concernant les flux moyen-orientaux : ce sont surtout de jeunes hommes arabo-musulmans de confession sunnite ne faisant pas partie des minorités massacrées par Daesh tels que les Yézidis, chrétiens ou Kurdes. Souhaiter les « héberger dans les prieurés » créera un appel d’air, alors que renforcer la coalition anti-Daesh, en coordination avec la Russie et l’Iran, tout en préservant le régime syrien, certes autoritaire et un peu rugueux mais laïc et progressiste, tarira les flux.
A cette directive christique de séparer le politique (qui constitue, comme le souligne le grand politologue – et ardent catholique – Julien Freund, une sphère distincte de la morale et de la religion) de la charité chrétienne, s’ajoute la recommandation du Catéchisme de l’Eglise catholique, publié en 1992 à la demande de l’Assemblée du Synode des Évêques, qui rappelle que les autorités politiques du « paradis » occidental « peuvent, en vue du bien commun dont elles ont la charge, subordonner l’exercice du droit à l’immigration à diverses conditions juridiques, notamment au respect des migrants à l’égard du pays d’adoption. L’immigré est tenu de respecter avec reconnaissance le patrimoine matériel et spirituel de son pays d’accueil, d’obéir à ses lois et de contribuer à ses charges ».
A l’aune de cette condition catéchétique, nous constatons que beaucoup d’immigrés et descendants d’immigrés ont encore du progrès à faire. Par exemple, une part significative des français d’origine extra-européenne est de confession mahométane. Or 54% de ceux-ci préfèrent la charia aux lois de la République selon un sondage intitulé « Islam et citoyenneté » réalisé par le CSA en 2008 pour Le Monde des Religions. Etude qui devrait être réactualisée depuis les attentats de Charlie Hebdo où la DGSI note une radicalisation accrue au sein de la communauté musulmane.
Plus encore, on peut se demander légitimement si les gouvernements d’autochtones en passe de devenir numériquement minoritaires par rapport aux allogènes ont les moyens juridiques et financiers d’intégrer ces derniers. En effet, si les statistiques ethniques sont interdites en France, il est facile de contourner ce manque pour se faire une idée précise de la situation ethnoculturelle hexagonale. Depuis le début des années 2000, est institué dans notre pays un dépistage systématique pour les nouveau-nés ayant des origines extra-européennes, de la drépanocytose qui est selon le site Doctissimo « une maladie héréditaire de l’hémoglobine très fréquente chez les personnes de couleurs ». Or selon l’Association française pour le dépistage et la prévention du handicap de l’enfant (A.F.D.P.H.E), le taux des nourrissons soumis à ce dépistage était de 20% en 2001 et de 39% en 2014 ; celle de 2025 étant évaluée à 50%. Donc au quart de ce siècle, un enfant sur deux naissant en France ne sera pas de « souche » européenne… De son côté l’économiste Gérard Pince prédit qu’en 2080, sur 96 millions de Français, il y aura 50 millions d’extra-européens pour 46 millions de « Français de souche ».
L’économiste estime aussi dans son excellent livre intitulé Les Français ruinés par l’immigration, fondé sur le rapport de l’INSEE de 2011, que 60% des personnes d’origine immigrée des pays tiers à l’Union européenne de première et deuxième générations en âge de travailler sont au chômage. Que se passera-t-il quand notre pays en cessation de paiement ne pourra plus verser d’allocations aux franges démunies ?
Au regard de ces données délicates, je ne vois pas par quelle miracle nous allons pouvoir enseigner « nos ancêtres les gaulois » à l’ensemble de tout ce beau monde que certains catholiques espèrent naïvement convertir, alors même que l’évangélisation structurée des Pères Blancs émanant d’une France du siècle dernier bien plus fervente qu’aujourd’hui fut un échec retentissant au sein d’une Oumma pourtant bien moins mouvementée qu’actuellement !
Par conséquent, j’invite monsieur Huguenin à délaisser une interprétation trompeuse de la parabole du bon samaritain, à inciter ses coreligionnaires – clergé et pape François en tête – à relire leur Catéchisme de l’Eglise catholique, de militer pour les seules solutions politiques permettant le maintien de la concorde mondiale (arrêt de l’immigration et restriction du droit d’asile, inversement des flux pour ceux qui refusent de s’intégrer à notre civilisation aux racines chrétiennes, destruction des filières des passeurs et pression sur les pays africains pour qu’ils maîtrisent leur démographie, intervention simple et pragmatique dans cet Orient compliqué pour neutraliser Daesh) et de se tenir à distance des quelques rares croyants pétris d’une moraline mièvre qui refusent d’ouvrir les yeux.
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