Monsieur le Président de la République,
Comme tous les Maires, je suis responsable, au sein de ma commune, de l’organisation des cérémonies de mariage.
Je pensais que depuis la Révolution, la République avait codifié le mariage afin d’enregistrer l’union d’un homme et d’une femme qui désiraient fonder une famille et avoir des enfants. Plus que l’union d’un père et d’une mère, l’État donnait un cadre juridique à la protection des enfants à naître.
Nul besoin du mariage pour former un couple et avoir des enfants, les exemples abondent, jusqu’aux plus hauts sommets de l’État. Mais, Monsieur le Président, vous voulez demander aux Maires d’enregistrer l’union de deux personnes de même sexe qui, la nature étant ce qu’elle est, ne pourront précisément pas avoir d’enfants.
Je ne veux pas savoir si ce seront de bons ou de mauvais parents mais je pense simplement qu’il vaut mieux avoir un père et une mère. Combien d’enfants orphelins ou abandonnés par l’un de leurs parents ont été en recherche de l’absent ?
Votre projet va détruire ce qu’il reste du mariage.
Nous avons déjà des unions déclarées avec les certificats de concubinages ou le PACS. Améliorons ces dispositifs si le besoin s’en fait sentir. Toutes les constructions juridiques sont perfectibles ! Il n’est point besoin, pour autant, de mettre à bas tout l’édifice de la famille.
Chacun est libre de vivre sa vie comme il l’entend mais que ceux qui se veulent différents dans leur orientation sexuelle, le soient également dans le type d’union censée sceller leur communauté de destin. Étendre le mariage à n’importe quel type de couple c’est lui enlever sa spécificité.
Pour donner satisfaction à quelques uns, vous aurez détruit le sens même de cette institution séculaire.
En tant que Maire, je m’efforce de célébrer le plus de mariages possible mais je tenais, Monsieur le Président, à vous faire savoir qu’en aucun cas je ne m’associerai à votre décision. Si elle est votée, cette loi s’appliquera à Saint-Cyr comme dans toutes les communes de la République. Cependant, lorsqu’un tel cas se présentera, au même titre que l’on a laissé un droit à la liberté de conscience pour les médecins qui ne voulaient pas pratiquer l’IVG, je vous informe de mon refus de célébrer ce que je ne peux approuver.
Je vous prie de croire, Monsieur le Président de la République, au respect et à la très haute considération que je dois à votre fonction.
Bernard Debain, maire de Saint-Cyr-l’École (Yvelines)
> Cette lettre a été publiée en éditorial de Saint-Cyr Magazine d’octobre, consultable ici.
21 Comments
Comments are closed.