L’Etat patauge comme d’habitude entre intentions et réalisations. Sauf que l’État bicéphale ne sait plus trop où donner de la tête. Jupiter voulait rester dans les nuées et indiquer les bonnes étoiles à suivre. Son majordome, par ailleurs locataire de Matignon, devait tenir la charrue et tracer son sillon. Les étoiles furent sidérantes et le soc laborieux. Le monarque est redescendu sur terre pour rectifier sur le champ. Les impôts étaient pour aujourd’hui et les allègements pour demain. Il faudra tout faire « en même temps », comme si l’incantation valait action, comme si le verbe volontariste et démagogique pouvait tracer une politique sérieuse. Il y a un trou de 8 milliards inattendu, qu’il faudra compenser par des économies imprévues, par exemple le budget de la défense. Cela est contraire aux engagements du pays de retrouver le seuil de 2% du PIB nécessaire pour donner aux armées françaises les moyens d’accomplir leurs missions et accessoirement pour répondre à l’exigence de solidarité de nos alliés. Mais, puisqu’on va abandonner l’Etat d’Urgence, de moins au moins opérationnel, c’est que le risque s’est estompé, ou plutôt que les risques de déception de l’opinion et de dérive financière sont plus importants pour l’exécutif que celui qui porte sur la sécurité. Le pouvoir cultive le hors-sujet. Il a donc récidivé à propos de l’Asile qui va donner naissance à un nouveau plan d’action.
D’une voix mal assurée, le mécano de Matignon a donc tenté, comme la plupart de ses prédécesseurs d’exposer une politique du juste milieu, qui ne résoudra rien car elle se refusera à renverser la table. Les grands mots devraient inquiéter. Chaque fois qu’on fait référence à la grandeur de la France, il y a belle lurette que les Français savent qu’ils auront une pilule amère et inefficace qu’il leur faudra avaler. Le Président avait parlé de notre devoir d’accueillir les « combattants de la liberté ». Par définition, ceux qui fuient un pays en guerre n’y combattent pas, mais justifient par cet argument leur volonté de venir en Europe trouver un séjour plus agréable et du travail. Si Londres, et les premiers résistants qui avait quitté un pays à moitié envahi et à moitié soumis à la dictature, était indispensable pour que la flamme de la Résistance ne s’éteigne pas, les combattants ont aussitôt repris le combat en Afrique tandis que la résistance intérieure s’organisait autour de trois réseaux en zone libre. On ne franchissait pas la Manche pour chercher du travail, mais pour se battre. Aujourd’hui, la distinction entre réfugiés politiques et migrants économiques n’est pas facile. Les premiers ne devraient comprendre que les personnalités que leurs prises de position condamnent dans leur pays. Dans la plupart des autres cas, en Syrie, par exemple, il y a des zones où les « réfugiés » peuvent trouver une protection là où leur camp, leur religion, leur ethnie ne sont pas persécutés. C’est pourquoi, d’ailleurs, la plupart des « Syriens », soit ne le sont pas, soit ont trouvé refuge dans les zones sûres contrôlées par l’armée syrienne ou à l’inverse près des rebelles qui campent aux frontières turque ou jordanienne. L’amélioration de la situation militaire en Irak comme en Syrie devrait permettre aux réfugiés de regagner leurs patries. Nous avions un devoir particulier d’accueil des Chrétiens d’Orient en raison des engagements séculaires de la France. Il importe que la majorité d’entre eux regagnent la région où ils vivaient, car leur présence est la clef de l’évolution positive de leurs pays vers la paix et la tolérance. Les Chrétiens de l’Egypte à l’Irak ont précédé de plusieurs siècles l’arrivée de l’islam. Il ne serait pas absurde que les coptes du Nil revendiquent leur terre comme les juifs ont fait renaître Israël. Il se trouve qu’ils ne le demandent pas, et cultivent au contraire, eux dont le nom est synonyme d’ »égyptien », un patriotisme constructif et dénué d’agressivité envers les musulmans, qui est un élément très positif pour leur pays à l’histoire millénaire.
Ainsi donc sans qu’à aucun moment l’intérêt supérieur du pays ni la volonté des Français soient invoqués, le Premier Ministre a d’abord fustigé notre pays suivant le rite devenu habituel d’autoflagellation et de repentance auquel nos dirigeants nous soumettent, dans la ligne des propos irresponsables et injustes de celui que les Français ont malheureusement installé à l’Elysée qui avait osé parlé des crimes contre l’humanité de la France quand il faudrait chaque jour rappeler l’extraordinaire croisade française contre les maladies qui sévissaient dans les colonies où elle avait planté son drapeau. Notre pays ne serait pas à la hauteur ? Mais à la hauteur de quoi ? D’une demande qui n’est pas la nôtre ? Parce que des Français sont morts en Afghanistan ou ont été assassinés en Somalie, nous devrions accueillir des migrants issus d’un pays avec lequel nous n’avons aucun lien historique ou culturel ? Edouard Philippe a ensuite parlé de la dignité des personnes qui venaient en France (sans qu’on les y ait invitées) et dont le comportement manque souvent du plus élémentaire respect pour le pays où ils sont arrivés et ses habitants. La dignité consiste aussi à ne pas accepter qu’un invité ou un intrus fasse n’importe quoi chez vous. Mais manifestement le mot ne s’utilise que d’une manière univoque ! Il faudrait encore manifester la solidarité de notre pays avec nos partenaires européens. Belle solidarité, là aussi à sens unique, que le Royaume-Uni, qui a le privilège d’être insulaire, peut limiter et que les pays méditerranéens, chez qui les immigrés n’ont nulle envie de demeurer, ont tendance à cultiver généreusement à la charge des autres.
L’année dernière, 91 000 personnes en situation irrégulière ont été interpellées, mais 1/3 seulement s’est vu signifier une obligation de quitter le territoire non sans que plusieurs milliers ne s’y maintiennent. La conclusion à laquelle est parvenu le chef du gouvernement est double. D’abord, il reconnaît devoir être humble, ce qui signifie en clair que l’efficacité proclamée sera elle aussi pleine d’humilité dans ses résultats. En second lieu, dans cette période de disette budgétaire, un nouvel effort va être demandé aux Français pour accueillir des étrangers : 7500 nouvelles places pour les demandeurs d’asile et 5000 pour l’intégration des réfugiés ayant obtenu l’asile. Tout ceci méconnaît la réalité de l’immigration irrégulière. Les mesures destinées à accélérer les procédures ne sont pas nouvelles. En 2015, et plusieurs fois auparavant, des annonces similaires avaient été faites. La fermeture des frontières et l’internement sans limitation de temps, et sous contrôle administratif, des clandestins à proximité des limites du territoire national afin de faciliter leur expulsion terrestre, aérienne ou maritime, seraient des mesures capables de dissuader les migrants, de tarir les filières et d’endiguer le flux. La solidarité de la France, qui n’a nul besoin d’immigrants, se situe objectivement avec le groupe de Visegrad et non avec l’Allemagne.
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