Tribune libre de Pierre Toullec* pour Nouvelles de France
Comme chaque année se tiendra à Nantes (Naoned en Breton) la manifestation pour réclamer la réunification de la Loire-Atlantique à la région Bretagne.
Cette question est très loin d’être anecdotique ou symbolique. Au contraire, elle est fondamentale pour le débat entre les partisans d’une France de subsidiarité face aux Jacobins.
La question de Nantes n’a pas pour seul sujet le fait de redonner aux Bretons la capitale de leur pouvoir exécutif et les symboles qui vont avec (le château des ducs de Bretagne par exemple). Elle tourne surtout autour du département de la Loire-Atlantique. Fort de 1,1 million d’habitants, possédant le port de Saint-Nazaire et l’une des villes les plus prospères de France (Nantes), ce département en lui-même représente un poids important dans l’économie française.
On pourrait penser que c’est la raison pour laquelle les Bretons souhaitent le retour de Nantes en Bretagne. En réalité, la question se doit d’être inversée : cette puissance de la Loire-Atlantique est la raison pour laquelle les Jacobins veulent une division de la Bretagne. Si cette région récupérait sa capitale, elle redeviendrait, avec 4,3 millions d’habitants, l’une des plus peuplées et des plus fortes de France sur le plan économique. Au-delà de ça, la Bretagne serait à même de posséder la puissance suffisante pour ne pas dépendre de Paris sur de nombreux sujets (tel que le financement des politiques locales par exemple).
Pour cette raison, les Jacobins parisiens ont décidé en 1957 de reprendre le découpage géographique des régions réalisé en juin 1941 par le Maréchal Pétain. De cette manière, ils s’assuraient l’existence d’une région Ile-de-France très forte et des régions provinciales limitées en taille et en poids démographique et économique.
En 2009, la commission Baladur avait pourtant exprimé fortement le besoin de réorganiser la France sur des bases logiques, notamment en rendant Nantes à la Bretagne, afin de maximiser l’efficacité économique des régions et leur donner un véritable poids. Cependant, c’était sans compter sur le gouvernement, mené par François Fillon, opposant depuis toujours à l’unité des Bretons.
Pourtant, tout est présent pour légitimer cette réunification. Au-delà de la logique économique, il y a le soutien populaire (un peu plus des deux-tiers des habitants de la Loire-Atlantique soutiennent la réunification), l’héritage historique (Nantes est dans le duché de Bretagne depuis que ce dernier a été unifié en 845, il y a pratiquement 1 200 ans) et bien entendu le fait que cette division de la région est l’un des derniers héritages de la politique mise en place par Philippe Pétain pendant l’Occupation.
La raison qui impose la continuité de cette division n’est donc que politique. Il s’agit pour les Jacobins de limiter le pouvoir des régions, ainsi que leur poids. En les conservant faibles, Paris s’assure que les régions ne peuvent pas financer elles-mêmes leurs politiques, et qu’elles n’ont pas le poids démographique suffisant pour dire « non » à la capitale quand cela est nécessaire.
En tant que Libéral-Conservateur et en tant que Breton, ce statu quo imposé par le haut me révolte. Les régions doivent pouvoir retrouver un véritable pouvoir, et la Bretagne doit récupérer son importance et son intégrité territoriale. Pour cette raison, je serai samedi 18 juin à 14h à Nantes, sur la Place de l’Eléphant pour soutenir la manifestation organisée par les associations « Bretagne Réunie » et « 44 = Breizh ».
*Pierre Toullec préside l’association des Amis du Parti Républicain en France (blog) et anime le blog Conservatisme Français