par Éric Martin*
Victoire, La Manif pour Tous a réussi à négocier, en dernière minute, une distribution de capotes gratuites roses fluos estampillées “ministère de l’Intérieur” pour chaque rassemblement pacifique.
Je rigole. En fait, non, je ne rigole pas : le Gouvernement co-organise, avec la Manif pour Tous, les rassemblements chaque soir de semaine devant l’Assemblée nationale. C’est Frigide Barjot qui l’a déclaré mardi soir à la sortie du ministère de l’Intérieur où elle a rencontré Manuel Valls (“Nous sommes très contents” que le gouvernement ait décidé “d’entrer dans le dialogue” et, “après avoir pris la mesure du mouvement, ait décidé de l’organiser” avec nous). En échange, avons-nous le droit à une petite reculade, même symbolique, de François Hollande sur la dénaturation du mariage ? Non. En échange, les prochains rassemblements seront autorisés par le ministère de l’Intérieur. Comme si nous vivions dans un régime d’autorisation et pas de déclaration ! Et il faudrait que nous nous réjouissions d’un tel “accord” ?
Je ne prône pas l’insurrection, seulement parce que je constate que nous n’en sommes pas capables. Les dernières semaines l’ont malheureusement montré. Car l’insurrection est légitimée par la Déclaration de 1793, notamment son article 35 : “Quand le gouvernement viole les droits du peuple, l’insurrection est pour le peuple, et pour chaque portion du peuple, le plus sacré des droits et le plus indispensable des devoirs.” Vous l’avez compris, l’insurrection est par essence “républicaine” ! Peut-être, à ce propos, le 24 mars, avons-nous (encore) raté une occasion historique.
“Ce n’est pas avec des manifestations coorganisées avec l’ennemi que… l’ennemi va reculer.”
Mais peu importe. Je constate comme vous que les catholiques ou les conservateurs (puisque ceux-ci forment l’immense majorité des militants anti-dénaturation donc pro-mariage les plus actifs) sont, en France, de véritables sous-citoyens, les seuls à être ignorés par le pouvoir lorsqu’ils sont plusieurs centaines de milliers dans la rue. C’est humiliant, vous ne trouvez pas ? Malgré cela, peu d’entre eux se posent vraiment des questions sur ce que nous vivons. Nous allons résumer pour eux : le Gouvernement, et avec lui, l’État, agresse, attaque, poignarde au cœur notre civilisation et nous spolie. Si, cela, ce n’est pas de la violence, je me demande bien ce que c’est ! Tenter d’empêcher cette agression, cette spoliation, c’est résister. Nous n’avons pas entamé les hostilités, ne laissons pas l’État inverser les rôles !
Alors, cessons de rêver, ce n’est pas avec des manifestations coorganisées avec l’ennemi que… l’ennemi va reculer. Il est encore possible de le mettre sur les dents et de le décourager en intervenant régulièrement, simultanément, pacifiquement, dans différents endroits de Paris (partout sauf près de l’Assemblée nationale, en fait !). Ou en lui faisant croire que nous intervenons. Outre les huées de sinistres à chacun de leur déplacements. Les CRS étant massés sur Paris, pendant ce temps, la délinquance s’installe en banlieues et la patience des habitants des quartiers difficiles montre ses limites. Si les opposants à la dénaturation du mariage et au droit à l’enfant ne cessent pas la mobilisation underground (l’autre ne servant à peu près à rien, il faut commencer à ouvrir les yeux) après le vote de la loi comme l’espère Valls, la situation va véritablement devenir intenable.
*Éric Martin est le rédacteur en chef des Nouvelles de France.
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