Opposition à la loi Taubira : être libre et vrai

Tribune libre de François Billot de Lochner*

Parmi les innombrables mensonges de la majorité politique actuelle, il en est un plus lourd que les autres : celui de Christiane Taubira, qui parle, à propos du « mariage pour tous », d’un changement de civilisation. Christiane Taubira ment. En effet, son projet ne se contente pas de changer notre civilisation : il veut, en réalité, changer les fondements de l’humanité. En quelques mois, une « élite » politique sectaire, pliant le genou devant quelques lobbies dévoyés, entend transformer par la loi l’homme, la femme et les enfants en numéros interchangeables, indistincts, anonymes, sexuellement consommables sans modération, pour la plus grande perversité des appétits et fantasmes sexuels de quelques-uns.

Face à l’énormité de cette situation s’est naturellement levée une opposition gigantesque, qui s’est notamment révélée par trois manifestations d’ampleur croissante, aboutissant à réunir près de 2 millions de personnes le 24 mars. Cela s’est accompagné d’innombrables mouvements et initiatives : veillées de prière de rue pour certains, prières dans des églises pour d’autres, comités d’accueil pour les ministres en déplacement, camping devant le sénat, collage d’affiches divers, courses-poursuites échevelées entre des forces de sécurité grotesques dans leur acharnement et des coureurs rigolards et impertinents etc…

Or, depuis plusieurs semaines, la discorde s’est installée et s’est intensifiée entre les différents courants des opposants à la Révolution Taubira, pour la plus grande joie des promoteurs du mariage dit « pour tous ». Les positions des uns et des autres peuvent se résumer de la sorte : les responsables de la Manif pour tous se veulent totalement légalistes et pacifiques, et critiquent tout « débordement » et initiatives non contrôlés par eux ; de leur côté, nombre d’opposants au projet de loi, dont beaucoup adhèrent à la Manif pour tous, veulent des actions plus marquées, plus variées, plus systématiques, plus puissantes, et subissent de toutes parts un feu roulant de critiques, parfois violentes à l’extrême.

“Le projet Taubira veut changer les fondements de l’humanité.”

Face à cette situation, plusieurs questions méritent d’être débattues :

  • Où se situe la violence, actuellement ? Chez les opposants plus « actifs » ? Regardons les choses en détail. Combien ont-ils cassé de vitrine ? Aucune. Combien ont-ils blessé de gens ? Zéro. En revanche, combien les forces de l’ordre ont-elles gazées de femmes, d’enfants, de familles pacifiques ? Des dizaines. Combien de gens ont-elles interpellés avec force pour des délits imaginaires (ports de tee-shirt, jogging dans le jardin du Luxembourg etc.) : des dizaines. Sans parler des jeunes gens agressés par des extrêmistes de gauche quand ils tractent ou manifestent, ce dont on ne parlera jamais, bien sûr.
  • Y a-t-il nécessité d’une uniformité de pensée et d’action entre la totalité des opposants ? Cela aurait été possible, et souhaitable, si le seul message avait été : retrait du mortel projet de loi Taubira. A partir du moment où se sont greffés sur ce message fondamental de nombreux autres messages que chacun, en conscience, est libre d’accepter ou non, il était normal et prévisible que des initiatives se fassent jour, avec des slogans propres et des modes d’action propres. Le but ultime reste, pour tous, le même : retrait du projet. Il faut cependant admettre la pluralité des opinions et des modes opératoires, tant que ceux-ci restent acceptables, et ils le sont. Lorsque les forces de l’ordre sont violemment attaquées par des « bandes de  jeunes », ou par des « syndicalistes en colère », cela ne pose problème à personne. Il serait tout de même étonnant que des jeunes gens qui se contentent de porter des tee-shirts ou qui tapent sur des casseroles soient, dans ces conditions, qualifiés par leur propre camp de dangereux terroristes.
  • Les plus sages d’entre nous, qui sont plutôt dans la catégorie des séniors, et qui sont tout de même partie prenante de l’héritage désastreux laissé aux plus jeunes, ont-ils objectivement le droit de condamner sans appel une jeunesse qui se bat becs et ongles pour tenter de changer l’héritage qui lui est légué, et qui, disons-le, est nauséabond ? En vérité et en liberté, ne nous faut-il pas admirer ces opposants, jeunes et déterminés, qui, avec le courage des résistants, agissent à leur manière, de façon puissante mais sans violence, pour faire bouger les lignes ?

Pour que la vérité nous rende vraiment libre, et que notre liberté nous rende vraiment artisans de vérité, ne faut-il pas :

– que nous reconnaissions à tous les opposants le courage de leur action,

– que nous acceptions les différences de pensées et d’actions,

– que nous fassions preuve d’une extrême prudence lorsque nous lançons des slogans autres que le seul slogan du retrait de la loi, qui suffit en lui-même et ne nécessite aucune contorsion particulière ?

Telles sont sans doute les conditions pour que l’opposition immense qui s’est levée contre une certaine mort de notre humanité puisse vaincre les forces de destruction qui agissent actuellement.

*François Billot de Lochner est le Président de la Fondation de service politique (site).

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8 Comments

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  • 0 / 10
  • NP , 17 avril 2013 @ 14 h 23 min

    Je vous remercie pour cette tribune et me joins à vous pour admirer le courage et la détermination de cette jeunesse.

    D’autant plus, que les jeunes sont ceux chez qui l adhésion au projet de loi pour l ouverture du mariage aux couples de même sexe, est la plus importante. Ils le combattent avec fermeté et dévouement alors même qu ils doivent se sentir singulièrement isolés.

  • SERGIO , 17 avril 2013 @ 14 h 27 min

    Tout à fait d’ accord avec cet article bien inspiré .
    C’ est pourquoi , Frigide doit se retirer en tant qu’ ” égérie ” auto-proclamée de LMPT , et passer le relais …..Toutefois , reconnaissons-lui le mérite d’ avoir ” lancé ” le mouvement avec un certain talent de communicante . D’ autres talents doivent maintenant se lever pour prendre la direction d’ un mouvement qui dépasse , par son ampleur et sa détermination , tout ce qu’ on avait pû imaginer .

  • PG , 17 avril 2013 @ 14 h 40 min

    Très bien cette reconnaissance de TOUTES les formes de manifestation d’opposition au mariage gay TAUBIRA PS et Union Civile UMP.

  • christiane , 17 avril 2013 @ 16 h 24 min

    Très bien ! toutes les formes de contestation au mariage gay doivent être reconnues et c’est ce que ne fait pas Frigide Barjot; elle rejoint les aboyeurs et hyènes du politiquement correct en accusant de violence les jeunes emmenés en garde à vue alors que les violences sont commises par les forces de l’ordre aux ordres du préfet lui-même obéissant aux directives du gouvernement. En agissant de la sorte FB rejoint nos ennemis et fait leur travail. Il faudra également faire, dorénavant, très attention aux provocations de certains, mêlés aux manifestants et commandités par le système.

  • david , 17 avril 2013 @ 22 h 33 min

    Il ne s’agit pas de changer la civilisation mais de la détruire !

  • Apéro 64 , 17 avril 2013 @ 22 h 45 min

    J admire ces jeunes, et je regrette de ne pouvoir être avec eux pour faire du camping. On peut être confiant dans l avenir pour la France la relève est la avec des valeurs autres que ceux qui ont fait mai 68 avec le “il est interdit d interdire” qui nous pourrit l éducation nationale et qui fait arriver des projets de lois comme ce mariage pour tous. À nous les 40-50 ans nous devons agir pour ne pas leurs laisser que des dettes, nous devons lâcher tout doucement notre niveau de vie (à crédit) pour leur laisser des marges de manœuvre et à eux de s engager et réinvestir la politique, c est le plus urgent!

  • Pierre , 18 avril 2013 @ 2 h 36 min

    Merci pour cette prose,

    C’est fin, délicat, claire, limpide et généreux.
    En effet, cette loi qui n’est en vérité qu’un projet de révision des lois (pour ne pas le qualifier de projet Révisionniste – sur le plan juridique et non historique), si elle passe, mettra en opposition la question de l’amour inconditionnel face à l’amour sélectif défini par quelques critères (santé, beauté, milieu social, couleur, etc).
    La question de l’amour n’est pas défini par la sélection mais par l’engagement.
    Tous comme le progrès n’est pas le Progressisme tant il est vrai que le chêne à besoin de racines solides pour s’élever vers le soleil, occulter le droit à la mémoire d’un être vivant consiste à le soumettre aux injonctions Politiques, à la cohue des opinions, au débordement des passions.
    Le Progrès, ce sont des Origines et un Objectif.
    Le Progressisme, sans mémoire et sans but, une aliénation de l’être humain.
    Ce projet, s’il est voté dans son intégralité, emmène vers un Eugénisme Démocratique de fait ; ce qui amène à la question suivante : “pourquoi se reproduit-on ?”.
    Quelles sont les chances de survie d’un enfant naturel dans un univers de perfection ?
    Quel sera le désir ?
    Une réduction de la population.
    Le changement, c’est par le talon d’Achille.

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