La « droite » française entre 1981 et 2017 a dirigé le gouvernement français durant 16 ans, et la gauche durant 20 ans. La gauche a globalement mené une politique idéologique de gauche quand elle était au pouvoir depuis l’abolition de la peine capitale jusqu’au mariage unisexe, avec une volonté constante de diminution du temps de travail sans lien avec la productivité ou l’allongement de l’espérance de vie. Laxisme moral et augmentation de la dépense publique ont été les deux axes de sa politique. Ils avaient le mérite d’obéir aux principes idéologiques qui fondent le « progressisme », et qui peuvent se résumer en un constant mépris pour la réalité. La « droite » n’a qu’en de rares occasions conduit une politique vraiment de droite, conservatrice sur le plan sociétal et libérale en économie. Cela s’est limité à quelques mois en 1986, à quelques mesures indispensables sur les retraites en 1993-1995, et à des discours en 2007, peu suivis d’effets. Ce déséquilibre en faveur de la gauche se traduit par les mauvais chiffres français, avec un record de la dépense publique en Europe de près de 57% du PIB, un taux de prélèvements obligatoires de 47% qui place également la France en tête et, pour conséquence, un endettement considérable de près de 100% du PIB qui fait de notre pays le 7ème le plus endetté de l’Union Européenne, mais le seul dont la situation se dégradait encore en 2016 puisque sa dette croissait de 0,7% quand elle diminuait de 1,4% pour la moyenne européenne. La « droite » n’a pas freiné la course à l’abîme pour quatre raisons : la faiblesse intellectuelle et morale de ses dirigeants qui n’ont eu, pour la plupart, ni la perception, ni le courage des réformes nécessaires ; l’hostilité forcenée de syndicats politisés ou d’organisations diverses liées à la gauche qui sont parvenus à bloquer la volonté gouvernementale par des grèves ou des manifestations ; une presse très majoritairement critique ; et enfin, il faut le dire, un manque de chance qui a produit une embellie économique mondiale après la stupide dissolution de 1997, et en revanche, une crise financière également mondiale après l’élection de Sarkozy, en 2008.
La situation actuelle est inédite. Une troisième force s’est emparée du pouvoir en 2017, grâce à une sorte de coup d’Etat médiatico-judiciaire. Elle est conduite par un homme issu de la gauche, mais plus progressiste que socialiste, et surtout techniquement conscient de la nécessité des réformes structurelles que la gauche ne voulait pas réaliser et que la droite n’a pas eu le courage de faire. Le sauve-qui-peut des socialistes dont les préjugés idéologiques sont terrassés par la réalité et l’opportunisme des carriéristes de droite se sont donc réunis pour le soutenir. Et on parvient à cette situation étrange d’une politique que la droite n’aurait pas osé entreprendre, et qui risque d’être moins combattue par les forces sociales en même temps qu’elle sera soutenue par les médias. Cerise sur le gâteau, quelques bonnes nouvelles permettent une orchestration positive de la politique gouvernementale, comme une croissance plus forte que prévue, une diminution plus rapide du déficit public, et une hausse des créations d’emplois dans le secteur privé.
J’aurais mauvaise grâce à rejeter l’ensemble des propositions puisque certaines qui sont formulées correspondent à celles que j’avais soutenues sans succès quand j’étais dans la majorité, par exemple le système suédois de retraites ou le travail d’intérêt général comme peine de substitution. Il faut toutefois se garder d’un enthousiasme naïf. L’éclaircie actuelle ne fait que rejoindre celle qui a touché la quasi-totalité des pays européens depuis plusieurs années. La France est toujours à la traîne, et son affaiblissement demeure préoccupant. Son déficit structurel provoqué par la gestion désastreuse des socialistes limite sa capacité de redressement. La cigale française en multipliant les emplois publics superflus, en diminuant le temps de travail et en développant l’assistance sociale a créé un système de droits et de prestations sur lesquels il est difficile de revenir sans brutalité. Cela se traduit notamment par la perte de compétitivité du pays où le pouvoir d’achat maintenu, ou augmenté artificiellement, dépasse la production de richesses. Le déficit de notre commerce extérieur et la dégradation de notre situation par rapport à l’Allemagne sont les signaux d’alarme de cette descente aux enfers depuis maintenant près de 40 ans. En 2017, le quatorzième déficit commercial de la France atteint 62,3 Milliards quand l’Allemagne engrange un excédent de 250 Milliards ! Et ce ne sont pas les ventes d’AIRBUS (allemands également) qui compensent par leur annonce le fait qu’il y a 331 000 entreprises allemandes qui exportent contre 124 000 . Nous faisons moins bien que les Italiens ou les Espagnols !
Au-delà d’une conjoncture favorable et de l’empressement des médias à le soutenir, Macron ne saura entretenir longtemps l’illusion. L’amélioration globale de l’économie augmente mécaniquement le PIB et les recettes fiscales, ce qui produit une baisse en partie apparente, par rapport au PIB, et en partie réelle, des déficits. Mais les véritables réformes structurelles, si on met entre parenthèses l’abandon de l’Euro, devraient viser à une baisse énergique de la dépense publique et de la pression fiscale. Ce n’est pas le chemin emprunté qui a notamment privilégié l’augmentation de la CSG, au détriment des retraités. C’est l’impôt qui sauve le budget, et non la politique de réformes. Aussi, la France continuera à être exposée à un retournement de conjoncture que beaucoup d’économistes jugent inévitable en raison d’une création monétaire excessive. C’est la raison pour laquelle l’idée d’une cagnotte qui avait déjà été lancée à l’époque de Jospin, lorsque celui-ci bénéficiait lui aussi d’une embellie mondiale, est particulièrement loufoque. Plutôt que de faire des cadeaux avec l’argent de notre dette, il serait préférable de résorber celle-ci et son poids sur le budget national.