L’enracinement est une valeur capitale à mes yeux. Pour Simone Weil, c’est « peut-être le besoin le plus important et le plus méconnu de l’âme humaine. » Il n’est pas surprenant que la chrétienne par conversion retrouve Maurice Barrès sur cette notion. Tous deux ont souligné le lien profond qui unit celui qui respecte ses racines avec les autres, ceux qui partagent la nourriture spirituelle qu’elles apportent, le bien commun transmis par d’autres encore qui nous relient au passé. L’enracinement, c’est une manière d’aller au-delà de soi, sans aller vers le vide du nomadisme moral ou culturel. C’est le support concret de l’amour réel de l’autre. Certains prétendent aimer l’autre lointain pour pouvoir détester l’autre proche et cultiver finalement la haine de soi. L’enracinement est un des chemins vers la transcendance. Il n’y a rien d’étonnant à ce que les Papes Jean-Paul II et Benoît XVI aient mis en valeur le légitime attachement national. Un élu doit d’abord être au service des autres, et pour cela assumer ses devoirs dans les collectivités qui l’ont chargé de cette responsabilité : sa commune, sa circonscription etc. L’agitation politicienne des partis à Paris est éloignée de cette finalité. C’est le produit des ambitions, qui ne sont le plus souvent que des arrivismes sans talent, et du jeu malsain des partis.
Je préside en effet deux mouvements : le RPF qui est clairement un « parti » gaulliste et La Droite Libre qui est un laboratoire d’idées libéral-conservateur. Je participe également à un réseau appelé « l’Avant-Garde » aux côtés de Charles Millon et de Charles Beigbeder, et dont l’imprégnation chrétienne est forte. L’objectif est le même dans les trois cas : tenter de provoquer à l’occasion des élections présidentielle et législatives un double choc de rupture, avec le déclin moral, politique, économique et culturel de notre pays d’une part, et avec la caste, le microcosme, qui se vautre dans le pouvoir avec de plus en plus d’irresponsabilité et d’incompétence, d’autre part. Nous sommes en désaccord profond avec l’ensemble d’une politique qui conduit la France à l’abîme depuis de nombreuses années, aussi bien avec l’alignement atlantiste qui dévaste le monde arabe qu’avec une construction européenne qui n’est plus qu’une technocratie sans âme, aussi bien avec la décadence promue en progrès sociétal destiné à masquer le recul social et économique de notre pays qu’avec l’aveuglement sur les conséquences suicidaires d’une immigration incontrôlée. 2017 va se jouer sur ces thèmes qui sont de droite parce qu’ils sont vitaux. La vie de la France, la vie des générations futures, leur capacité à affronter un monde de plus en plus difficile dépendra d’une réaction vive par rapport aux lois mortifères des années passées. Les communautés naturelles, la famille, la nation doivent être pleinement restaurées, avec les moyens nécessaires pour leur conservation et leur épanouissement. Cela exige des lois mettant fin à la dénaturation de la famille et à la dilution de la nationalité. Cela demande aussi une fiscalité qui redonne à la famille son autonomie et sa liberté, par exemple dans le choix de l’école, et à la nation son indépendance et son dynamisme. Le recentrage de l’Etat sur ses missions régaliennes, la diminution du millefeuille administratif et des charges sont les meilleurs leviers de la lutte contre le chômage. Le travail est le vecteur de la dignité des personnes et de l’autonomie des familles.
Le principal danger qui menace le pays et l’a déjà profondément ravagé est la déconstruction. Petit-à-petit, on dessine la France, son histoire, ses institutions avec une gomme pour la diluer avec ses habitants qui ne seront plus nécessairement ses citoyens dans un monde apparemment nivelé et sans frontières, mais qui sera en fait dominé par le matérialisme, l’individualisme, le relativisme des valeurs. Cette évolution, comme l’avait bien vu Tocqueville, est un leurre, car elle aboutira au contraire à l’écrasante domination des détenteurs du pouvoir sur la foule des individus réduits à leur hédonisme. La France ne serait plus qu’un territoire, un hexagone où l’on parlerait de plus en plus souvent anglais. Elle obéirait à une technocratie européenne elle-même soumise aux orientations et aux modes de puissants groupes de pression économiques. La relativité des valeurs conduirait à une insécurité favorisée par le laxisme d’une justice trop pauvre en moyens. Il serait demandé de s’y accoutumer comme au revers de ce que serait devenue la liberté. Renverser un tel processus s’appelle une révolution, et disons-le, non sans humour une révolution culturelle. Je crois qu’un nombre croissant de Français en ressentent l’impérieuse nécessité. Il faudrait donc créer un choc dans l’opinion par l’instauration du Référendum d’Initiative Populaire, à la suisse, et proposer immédiatement après la victoire électorale de la droite une série de réformes de salut public. Cela éviterait l’enlisement dans le jeu parlementaire et les manœuvres délétères comme la stupide « ouverture à gauche » de Sarkozy en 2007.
Le réveil de l’identité est une nécessité structurelle. Il a malheureusement été rapidement éteint par le détournement de la réaction populaire. La France a été attaquée à plusieurs reprises et deux fois de façon très cruelle. Il fallait désigner l’adversaire et le combattre. Les bombardements homéopathiques contre l’Etat islamique tandis qu’on sympathise avec les monarchies wahhabites du Golfe et qu’on fournit des armes aux « terroristes modérés » qui n’hésitent pas à massacrer des Chrétiens d’Orient sont une imposture soutenue par une presse qui, à l’évidence, critique la seule politique cohérente pour mettre fin à la guerre, celle de la Russie. Cette trahison a son versant intérieur : on a identifié la France à un journal, dont la rédaction avait, certes, été la tragique victime de l’attentat, mais dont la vulgarité obscène ne peut en aucun cas symboliser notre pays. De même, ce n’est pas la nuit parisienne qui a été touchée le 13 Novembre, mais la France. Le matraquage médiatique et parfois policier contre les opposants à l’immigration folle que nous subissons, les campagnes orchestrées qui minimisent l’écrasante responsabilité de la Turquie et appellent à accueillir un flot de migrants qui sont loin d’être tous des réfugiés, sont également de nature à inhiber la renaissance identitaire indispensable. Les Français appartiennent à une vieille nation helléno-chrétienne. Ils doivent en tirer une légitime fierté qui leur permet de dialoguer avec les autres sans dominer ni être dominés. C’est le principe de l’échange, qui est au cœur de la nature humaine.
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