Mis à l’Honneur…

L’honneur est un mot à multiples facettes. Il peut exprimer une exigence intérieure, un appel de la conscience, qu’on pourrait traduire par « si je ne fais pas ça, je ne pourrais plus me regarder en face ». Les cyniques libertaires diront que c’est parce que l’on subit à l’intérieur de soi l’enfer des autres. Non, c’est parce que la personne, qui n’est pas un « individu », ne peut se voir qu’à travers le modèle que certains « autres » qu’elle a aimés en se formant, lui ont offert, et qui inspire son comportement. L’honneur, c’est la rencontre heureuse entre l’éthique personnelle et la morale collective. C’est la raison pour laquelle, dans son second appel de Juin 1940, le général de Gaulle l’invoque en premier avant le bon sens et l’intérêt supérieur de la patrie pour soulever la résistance. Honneur et Patrie a été ensuite l’émission de Radio Londres dans laquelle intervenait Maurice Schumann. Les initiales HP sont présentes sur le collier de Grand Maître de la Légion d’Honneur porté par le Président de la République. Car l’honneur, c’est aussi la médaille plus ou moins méritée, remise à quelqu’un que l’on veut ainsi mettre « à l’honneur ».

J’avoue ne pas avoir beaucoup de goût pour les décorations. Néanmoins, c’est avec plaisir que je me suis vu remettre la modeste médaille du mérite de l’UNC. D’abord, parce que celui qui me l’a épinglée est Serge Sury, l’infatigable président de la plus grosse section du département, celle du Brun-Pain (quartier de Tourcoing), dont je suis membre. Ancien appelé en Algérie, Serge Sury s’est entièrement dévoué aux objectifs de son association : maintenir la camaraderie et la solidarité entre les anciens combattants, faire valoir leur droit à la reconnaissance, transmettre le devoir de mémoire. Ensuite, cette manifestation amicale ravivait le souvenir du travail effectué avec cette association, grâce à ses conseils et à ses informations, pour faire valoir les droits des anciens combattants d’Afrique du Nord, notamment en matière de retraite. Avec quelques collègues, j’intervenais, avec succès, tous les ans pour qu’un progrès soit réalisé lors du vote du budget.

Enfin, l’UNC est la plus ancienne et la plus prestigieuse association d’anciens combattants. Fondée aux lendemain de la Grande Guerre par Clémenceau et le Père Brothier, elle n’est ni confessionnelle, ni politique, mais clairement patriote. Elle est l’union des Français qui ont répondu à l’appel de leur pays et ont rempli leurs devoirs à son égard. Il est inutile de revenir sur les souffrances supportées par les poilus de 1914-1918. Elles sont à peine imaginables de nos jours. En revanche, il faut rappeler celles qu’ont endurées les soldats qui combattaient le terrorisme et la rébellion dans les départements français d’Algérie. Ils servaient la République et luttaient contre des massacreurs. Certains ont aujourd’hui tendance à renverser les rôles. L’UNC s’est toujours opposée avec raison à la reconnaissance officielle du 19 Mars, non par nostalgie de l’Algérie Française, mais parce que la date du cessez-le-feu a marqué le début d’une période de déshonneur national durant laquelle l’Armée Française, encore présente en Algérie, a laissé massacrer des dizaines de milliers de harkis qui avaient cru en notre parole, des milliers de compatriotes pieds-noirs, tuer ou enlever des centaines de soldats français. On peut penser que la conservation de l’Algérie était une absurdité rendue impossible, notamment par la politique irresponsable de la IVe République. On peut dire que le choix du général de Gaulle était rationnel. On ne peut en tirer aucune fierté. Honneur et Patrie en 1940, en 1958 et même en 1968, mais certainement pas en 1962, où la raison d’Etat a prévalu de façon inhumaine à l’encontre des centaines de milliers de Français d’Algérie condamnés à la valise ou au cercueil. Robert Ménard, le Maire de Béziers, a parfaitement raison de débaptiser la rue de cette triste date pour la dénommer « Hélie de Saint-Marc ». On ne peut que plaindre les lamentables commentaires de ceux qui parlent de ce « putschiste bien que résistant » ou qui font allusion à son « association » avec la torture. Ce héros national a été déporté à Buchenwald pour avoir été résistant à 19 ans. Il a été l’un des trente survivants sauvés in extremis . Officier, il a combattu les communistes en Indochine et n’a pas supporté, en 1961, qu’on abandonne les harkis comme on avait abandonné nos supplétifs des hauts-plateaux vietnamiens. Son engagement de 1961 n’était pas contradictoire avec celui de 1940. Dans les deux cas, il s’agissait pour lui de l’honneur de la France, du respect de la parole donnée. Il l’a payé de cinq ans de prison. A la suite des présidents Giscard d’Estaing et Chirac, le Président Sarkozy lui a remis la Grand-Croix de la Légion d’Honneur avec raison, même si la sienne était quelque peu électorale. Pour un gaulliste, il est déchirant de penser que l’on ait dû choisir entre l’intérêt du pays et son honneur, mais cela n’empêche nullement de rendre hommage à ceux qui ont choisi l’honneur, car leur attitude était infiniment supérieure à celle des traîtres et des collaborateurs, en 1940-1945 comme en 1954-1962.

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12 Comments

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  • HuGo , 17 mars 2015 @ 9 h 40 min

    On ne pouvait garder l’Algérie, sous peine d’avoir opter très vite pour une débaptisation de Colombey-les-deux-églises en Colombey-les-deux-mosquées ; en cela de Gaulle avait totalement raison.
    Mais, la France n’avait pas le droit moral d’abandonner les Harkis !!!
    …oui, c’est une des hontes de la France que l’abandon des Harkis ! Tâche indélébile !
    Eux, devaient être acceptés pleinement sur le Territoire et accueillis ! Ils avaient mérité de la Patrie ! Honneur et Patrie !
    Mais,même les Pieds noirs ne furent pas trop bien accueillis….

  • Von Reisner , 17 mars 2015 @ 10 h 21 min

    Soutien total à Robert Ménard contre les cretins ignorant leur histoire.
    Helie de Saint Marc fut un authentique Chevalier et un grand serviteur de sa Patrie.
    Contrairement à lie gauchiste qui trahi la France depuis un siècle. (Rappelons nous les porteurs de valises du PC !)

  • FLANDRE , 17 mars 2015 @ 11 h 44 min

    Petite remarque :

    Les Français qui s’’opposaient aux Allemands étaient des résistants, ceux qui aidaient les Allemands était des collabos et leur sort fut réglé à la Libération (souvent radicalement).

    Les Harkis, alliés des Français n’étaient-ils pas des collabos aux yeux des Algériens ?

    A propos M. Vaneste, que faites-vous à l’UNC ? Etes-vous un ancien combattant ? Qu’avez-vous accompli d’héroïque pour mériter cette distinction ?

  • a400m , 17 mars 2015 @ 16 h 54 min

    Souvenons nous de l’infâme georges boudarel du pc français affecté au camp 113; qui a rejoint le maquis viet-minh, cet insoumis devient commissaire politique du camp 113 de sinistre réputation il s’y serait rendu coupable de tortures contre des soldats de l Armée Française ; durant l’année de son activité au camp 113 sur 320 prisonniers ,278 ont péri. ( la suite peut se lire sur google) soutien total à Mer Robert Ménard bordel VIVE LA FRANCE

  • rovigo , 18 mars 2015 @ 10 h 10 min

    Si la France avait gardé l’Algérie, elle aurait pu continuer à faire évoluer ses populations, ce qui était déjà bien engagé, la natalité se serait alignée sur celle de la métropole et nul besoin alors de venir chercher du travail en métropole.
    C’est une tache sur le drapeau français que l’abandon des harkis et l’exode des pieds-noirs, eh bien ils souffriront a dit De Gaulle.
    Quant au 19 mars, l’armée française (?!) m’a tiré dessus le 26 mars rue d’Isly, il y a mieux comme cessez-le-feu.

  • François2 , 18 mars 2015 @ 10 h 44 min

    Grâce à De Gaulle c’était l’horreur et ce sera l’horreur encore. Sa fausse prévision est un mensonge total : non seulement l’Algérie a été perdue (je dis Algérie tout court, sans qualificatif de française ou d’autonome ou d’indépendante), mais on aura (si les politiques ne font rien, comme c’est parti à partir de 2017) aussi Colombey-les-deux-mosquées. Comme tout le monde peut le savoir l’indépendance a accentué l’immigration vers la France
    En abandonnant tout dans les négociations de 1962, on a tout perdu (à commencer par des hommes), alors que l’Algérie aurait du “subir”, au pire des cas, ce qui s’est passé en Afrique du Sud.

    PAPPEL ; FERHAT ABBAS (ex-leader du FLN) : ” La France a commis un crime : elle a livré le peuple algérien aux tueurs et aux assassins ! “.
    – Propos du premier ministre syrien, Salah al-Din al-Bitar, rapporté par Ferhat Abbas :
    « L’oeuvre de la France est admirable ! Si la France était restée vingt ans
    de plus, elle aurait fait de l’Algérie l’équivalent d’un pays européen. »
    – Sans doute le même syrien qui avait dit : comment, ils vous ont laissé tout ça ?
    Tout ça pour dire que l’Algérie n’aurait pas eu besoin de nous envoyer des imigrés.

    Un vrai visionnaire en 1960 aurait du prévoir pour l’Algérie : 1°) dans un premier temps INTEGRATION (comme promis) ; 2°) dans un temps suivant très rapide SEP°ARATION. L’Algérie se serait retrouvée comme le Canada vis-à-vis de l’Angleterre).

  • adamastor , 18 mars 2015 @ 11 h 41 min

    FLANDRE. A propos de votre petite remarque je vous propose cette petite nuance: les Français “collabos” collaboraient avec une armée étrangère. Les Harkis étaient des Français d’origine “musulmane”. L’Algérie était composé de trois départements français. Donc les Harkis n’étaient pas des collabos!
    Maintenant une remarque: être ancien combattant n’implique pas obligatoirement le fait d’être un héros! Il suffit d’avoir participé à des conflits armés, répertoriés comme tels au Journal Officiel. Je ne connais pas le passé militaire de monsieur Vaneste, pas plus que le vôtre, mais il a probablement fait partie des contingents de la guerre d’Algérie.

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