Ici, on ne parlera pas de la politique, la gestion de la Cité, la recherche du Bien Commun, la défense de l’intérêt général. Elle n’est plus d’actualité sauf pour les ringards dont je suis. Non, il s’agit de l’agitation sous l’œil des caméras et à portée des micros. Au rythme endiablé des chaînes d’information, ballotté par les rumeurs des réseaux sociaux, le politicien n’a guère le temps de diriger. Il communique et on communique sur lui. Son obsession est d’être le premier sur le coup, de ne pas être surpris, mais de surprendre. La politique est devenue un métier entre journalisme et show-biz, comme en témoignent d’ailleurs les compagnes de quelques membres éminents de cette profession. On communique pour prendre le pouvoir. On communique pour ne pas le perdre. Entre deux, il faut les excuser, le temps manque pour s’intéresser vraiment aux problèmes des Français.
Il reste deux activités principales. La première demande un art consommé du spectacle. C’est l’enfumage qui consiste à faire avaler n’importe quoi aux électeurs afin de les conduire vers le bon vote. Sarkozy a été un maître. Toujours à la pointe de l’actualité, multipliant les annonces, les coups médiatiques, les provocations verbales, les volte-face, il a réussi cet exploit de se faire élire avec un discours de droite en 2007, alors que la règle était que l’on était élu au centre, et a pratiqué, aussitôt élu l’ouverture à gauche. Il n’a pas été loin de récidiver en 2012. Des rodomontades sur la sécurité au Kärcher ou l’immigration choisie, sur l’identité nationale ou la défense de notre industrie, il ne subsiste que des discours, et pas une réforme digne de ce nom. Un grande partie de l’électorat de droite a suivi le joueur de flûte avec entrain. Dans un style plus classique et avec moins de brio, Hollande a adopté la même tactique. Après une élection sur un air de justice sociale, remportée aux cris de « mort aux riches », « à bas les gros, vive les petits », la cour s’est installée, avec ses menus plaisirs, affichant son idéologie branchée et réprimant sans gène la foule des cathos, réacs, et autres manants. Au bout de dix-huit mois, la bise étant venue, la crise subsistant et le peuple grondant, le Président acculé dans les sondages a fait croire à un virage. La claque médiatique n’a pas manqué d’applaudir. L’opposition, décontenancée, n’a pu qu’approuver, à de rares exceptions, le changement de langage. Le patronat n’est pas loin de baiser la main qui a failli l’étrangler. Sarkozy supprimant la double-peine, mais pour les étrangers seulement, avait déjà réussi ce coup qui déstabilise l’adversaire et trouble à peine les fidèles qui croient que la victoire de leur candidat peut valoir la défaite de leurs idées.
Le drame, c’est que ce tête-à-queue entraîne nécessairement la défaite de la France, condamnée au bricolage politique. Entre les réformes qu’on n’ose pas faire pour ne pas effaroucher l’électeur, celles qu’on ne fait qu’à moitié pour ménager la chèvre libérale et le chou socialiste, celles qu’on complique à plaisir pour que les militants eux-mêmes n’y voient que du feu, il y a le bricolage permanent d’un pays voué au sur place politique et au déclin économique, social et culturel. La non-fiscalisation des heures supplémentaires pour ne pas abroger les « 35 heures », le CICE, puis la suppression des cotisations familiales, pour ne pas accepter la TVA sociale, appartiennent à cette continuité qui fait fi des alternances. Mieux vaut une usine à gaz inefficace qui facilite la communication que la vraie réforme. Le Président désormais social-démocrate annonce que les charges vont baisser. Comment va-t-on financer la politique familiale, la seule exception française réussie, si on supprime les cotisations ? Les entreprises vont d’abord rétablir des marges compromises avant de créer des emplois. Elles vont donc payer plus d’impôts dans un pays où l’Impôt sur les Sociétés est particulièrement élevé. Après les cafouillages de l’excédent brut d’exploitation, il pourrait atteindre les 38%, mais il est, de toute manière, l’un de nos records européens face aux 22% britanniques ou aux 30% allemands. Social-démocrate est le nom que l’on donne à l’enfumeur et au bricoleur de « gauche » et « progressiste » ou « réformateur » à celui de « droite ». Les mauvaises langues pourraient voir deux autres mamelles dans notre République mutante : les fromages et le copinage. On préférerait à la fumée, le feu de vraies réformes qui relèvent le pays, au bricolage une véritable reconstruction, et à la République un tout autre visage pour la France.
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