Les poules aux œufs d’or pondent de bons gros œufs dorés dont raffole toute la volière. Les merles, qui ne pondent que des œufs sans saveur, sont jaloux des poules et ne cessent de se plaindre auprès des vautours. Les vautours, qui aiment autant le pouvoir que les œufs d’or, comprennent le parti qu’ils peuvent en tirer : « Portez-nous sur le trône, disent-il aux merles, et nous obligerons les poules à réparer cette injustice. » Les merles, ravis, applaudissent chaudement.
Sitôt couronnés, les vautours établissent un impôt lourd et progressif sur les œufs des poules, se servent les premiers et redistribuent ce qui reste aux merles. Les poules, vite excédées de ne rien recevoir en contrepartie et d’être ainsi dénigrées, décident de pondre moins d’œuf pour échapper à l’impôt. Les œufs se raréfient, les merles s’en émeuvent et retournent se plaindre auprès des vautours.
Ces derniers réclament de nouveaux pouvoir en l’échange de quoi, ils promettent de prendre en main la production des œufs et de restaurer l’abondance. Les merles, méfiants, acceptent sans enthousiasme et exigent des résultats. Mais les vautours, qui n’ont jamais pondu un seul œuf, édictent des lois et des règlements qui ne font que décourager encore un peu plus les poules. La production baisse de plus belle, de telle sorte que, pour compenser, les vautours décrètent de nouvelles hausses d’impôts.
La colère gronde chez les poules mais elles sont bien incapables de faire face aux merles, qui sont plus nombreux, et surtout aux vautours, qui sont bien mieux armés. De guerre lasse, certaines poules décident de fuir pour sauver leur peau tandis que des moineaux, attirés par le festin, affluent dans la volière. La population des poules décline à vue d’œil ; les œufs commencent à manquer. Les vautours, inquiets pour leur trône, tentent d’échapper à leurs responsabilités en fustigeant l’égoïsme des poules, en accusant les moineaux et en multipliant les facéties.
De leur coté, les merles crient famine et s’indignent de ce que les quelques poules qui restent puissent encore avoir des œufs d’or.
> le blog de Georges Kaplan
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